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REFORME

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(l’uniformité, Philippe II continua de plaider, à Rome, Ki cause d’Elisabeth. Le terriblepAULlVmourutavant oir pris contre elle des mesures de rigueur. I’ie IV envoya successivement deux légats, Parpaglia et .NLirtinengo, inviter Elisabeth à envoyer des représentants au concile de Trente ; l’entrée de l’Angleterre fut interdite à l’un et à l’autre. Le concile fut vivement pressé de lancer l’excommunication contre la reine ; l’empereur Ferdinand empêcha la proposition d’aboutir.

>.° l.os.1.1.17.1" articles et l’excommunication d’Elisabeth. — La convocation du clergé de Cantorbéry, tint ses assise- ; du i 3 janvier au io avril 1 563. Composée en majorité de dignitaires ecclésiastiques qui avaient pris la place des prêtres révoqués, elle s’occupa de la révision des 4^ articles adoptés la dernière année d’Edouard VI. Elle les réduisit à 3ç). Ces articles fameux, sous la forme d’une exposition simple et lumineuse, restent encore le Credo officiel de l’Eglise anglicane. Ils sont un compromis entre les tendances calvinistes et luthériennes qui se faisaient jour parmi les réformés anglais. La transsubstantation est clairement rejetée, ainsi que la primauté du pape, le sacrifice de la inesse, la purgatoire, le culte des images et des saints, les indulgences. Elle ne conserve que deux sacrements : le Baptême et la Cène.

Les Calvinistes.qu’on prit l’habitude d’appeler Puritains, s’insurgèrent contre les XXXIX articles. Leurs chefs étaient, à ce moment, les évêques Grindal, Pilkington et Parkhurst. Ils menaient une guerre acharnée contre les vêtements sacerdotauxqui subsistaient encore, et voulaient introduire les offices tristes et mis qu’ils avaient admirés à Genève. Parker, appuyé par le gouvernement, menaça de révoquer les ministres qui ne consentiraient pas à porter la soutane et le bonnet carréhorsde l’église, le surplis et le camail à l’intérieur, et à communier à genoux. Au fond, la question était très grave : les Puritains attachaient peu d’importance au culte et beaucoup à la prédication ; ils concevaient d’une îuanière très différente de l’Eglise officielle les fonctions de ministres. Le germe des Eglises séparéesélait là. Pour le moment, le gouvernement les traquait ; parmi eux se trouvait un homme de talent, Thomas Cautwright.

A la date de 1562, la masse des catholiques anglais admettaient qu’il leur étaitimpossible de prendre part au service qui avait remplacé la messe latine, mais ils pensaient qu’une assistance matérielle à la lecture des leçons, au chant des psaumes, aux prédications pouvait être tolérée. Une élite énergique, conduite par Allen, ancien principal du collège de Sainte Marie d’Oxford, proclamait que toute participation au nouveau culte était interdite. Le pape consulté prononça l’interdiction, et délégua à l’ambassadeur espagnol, l’évêque Quadra, le pouvoir d’absoudre ceux qui, de ce chef, avaientencouru les censuresecclésiastiques. Le gouvernement lit alors établir une liste générale des catholiques, ou papiste, dont la situation devint très précaire. Dire ou entendre la messe était un crime puni de l’amende, de la prison ou de la mort. Sous cette dure oppression, la masse glissa peu à peu à l’hérésie ; seule une minorité ardente se lit à l’idée derésisterjusqu’au bout ; enlin un certain nombre de catholiques, riches ou aisés, se réfugièrent sur le continent. Louvain, Douai, Reims devinrentleurs principaux centres. Le collège de Douai, fondé par Allen, en i.JGS, devait être une pépinière de missionnaires et de martyrs. A la lin de l’année 1067, 1e comte de Xorthumberland appela aux armes, au nom delà foi catholique, les provinces du Nord ; le pape et Philippe II l’encourageaient. Les catholiques anglais ne se levèrent pas à la voix

de leur chef, le mouvement échoua et fut cruellement réprimé. Avant même d’avoir appris l’échec de la révolte du Nord, saint Pin V avait ouvert une information contre Elisabeth. Le la février 1070, il excommunia la reine, délia ses sujets du serment de lidelité, condamna le lïook of common prayer et le serment de suprématie.

Ainsi, l’Eglise anglicaneétait définitivement séparée des dissidents de droite, de ces catholiques qu’elle persécutera, pendant deux siècles et demi, avec une cruauté inouïe. D’autre part, armée de ses XXXIX articles, elle vase retourner, non sans peine, contre les dissidents de gauche, dont le centre est à Genève, et qui, avant de se séparer d’elle, réussiront parfois à la dominer momentanément.

La lutte contre les catholiques fut surtout menée par le Parlement. Quelques mois après la bulle d’excommunication, une loi déclara coupable de haute trahison quiconque nierait ou mettrait en doute les droits d’Elisabeth à la couronne d’Angleterre. Une deuxième loi condamnait à la peine des traîtres toute personne qui introduirait sur le sol anglais un acte du pape ; enfin, une troisième loi donnait à la couronne tous les biens des sujets de la reine qui quitteraient le pays sans sa permission. Etaient déclarés coupables de haute trahison les prêtres qui réconciliaient les fidèles avec Rome et ces fidèles eux-mêmes, les personnes qui portaient des objets bénits, croix, scapulaires, gravures, venus de Rome, ou qui les répandaient.

La lutte contre les puritains fut surtout poursuivie par les évoques, sous l’impulsion du Conseil de la reine. Pendant que le clergé revisait, dans ses assemblées, les XXXIX articles et préparait le Livre de la discipline ou les canons de 1071, qui conservaient toute l’ancienne organisation de l’autorité ecclésiastique, les évêques tâchaient de calmer l’ardeur réformatrice des Puritains par des concessions. Cependant, les ministres devaient accepter le Livre de la prière commune, les vêtements sacerdotaux prescrits et les articles de religion.

Il fallut sévir contre quelques-uns, tels que Robert Johnson, le doyen Whittingham, et les auteurs de

« L’avis au Parlement ». John Wbitgift, qui sera

archevêque deCantorbéry, se fit connaître en répondant à cette attaque. L’usage s’était répandu, parmi les Puritains, de tenir des réunions de prédications improvisées, entremêlées de prières ; quelques évêques les avaient encouragées. La reine ordonna à Parker de les supprimer. Ce fut un de ses derniers actes, il mourut en mai 1.575.

3° L’archevêque Grindal (1570-1583) ; martyrs catholiques. — Le puritain Edmond Grindal succéda à Parker ; il n’avait ni son intelligence ni sa souplesse. La reine lui avait demandé de supprimer les prédications improvisées ; Grindal répondit qu’il voulaitbien les régler, mais non les supprimer ; sa conscience s’y refusait. Elisabeth le mit aux arrêts pendant six mois et se passa désormais de lui, faisant tenir directement ses ordres aux évoques. Sous un archevêque sans autorité et de tendances calvinistes, les Puritains devinrent plus puissants, malgré les efforts du Conseil et de la reine. Robert Browne et son ami Harrison se mirent à prêcher la séparation de L’Eglise officielle et l’organisation d’une communauté chrétienne sans évêques ni prêtres, tandis que les puritains de Cartwright restaient dans l’Eglise pour la réformer. Deux de leurs disciples, Coppin et Thacker furent pendus.

Contre les dissidents catholiques, c’était une guerre atroce ; les prisons en étaient remplies ; il fallut leur affecter, en 1572, le château deWisbeach ; le conseil exerçait par lui-même ou par les évêques