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REFORME

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promesse écrite de ne pas révoquer les pouvoirs du légat et de Wolsey. Son espoir était de gagner du temps : Campeggio avait ordre de faire traîner le procès en longueur autant que possible. Arrivé à Londres, le 8 octobre 15a8, il acquit bientôt la certitude que tous les moyens dilatoires seraient inutiles. D’ailleurs, il voyait clairement son devoir : o Gomme il s’agit, écrivait-il le q janvier lôag à Salviati, nonce en France, d’une question concernant le mariage, dont l’inviolabilité à toujours été maintenue d’une manière si ferme selon l’Evangile, même quand il s’est agi de personnes appartenant aux dernières classes de la société, rien ne doit ou ne peut être fait contre la justice ».

Acculé au procès, Campeggio l’ouvrit le 31 mai 152C). Dès la première séance, Catherine qui, par son attitude, gagna tous les cœurs honnêtes, produisit une copie authentique du bref adressé par Jules II à sa mère et demanda que le procès fût jugé à Rome par le pape. Les légats se déclarèrent compétents. Campeggio montra à Henri VIII et à Wolsey la fameuse bulle de Clément VII, mais refusa de s’en dessaisir et d’en communiquer la substance au conseil royal. Un document destiné à rester secret n’avait pas grande valeur. Henri VIII en lit demander la remise par Casale. Le pape refusa : « Je donnerais, disait-il un doigt de ma main pour ne l’avoir pas signé ».

Le roi brusquait l’affaire ; le représentant du Saint Siège ne trouvait plus de prétexte légal pour arrêter la marche du procès. Il saisit l’occasion des vacances et, le 23 juillet 1.529, prorogea le tribunal. Le tribunal ne devait plus se réunir. La cause était perdue pour le roi depuis le jour où Catherine avait produit une copie authentique du bref de Jules II. Henri le sentit si bien qu’il essaya d’en nier l’authenticité, puis de s’en emparer, et eniin d’obtenir du pape une déclaration de non-authenticité. Le 13juillet 1029, Clément VII décida que le procès serait jugé à Rome.

3° La séparation de Home. — L’échec subi par le roi dans l’affaire du divorce entraîna la disgrâce de Wolsey, jalousé par un puissant parti dont Norfolk, oncle d’Anne Boleyn, était le chef. Un modeste répétiteur, Cranmer, et un ancien favori de Wolsey, Cromwbll, tous deux très serviles, devinrent les conseillers du roi, dont la politique se modifia profondément. Henri cherche désormais à retarder par tous les moyens la sentence du pape dans l’affaire du divorce, jusqu’au moment où, après avoir séparé en fait, par une série de mesures législatives, l’Eglise d’Angleterre du Saint Siège, il lui sera possible de renvoyer sa femme et d’épouser publiquement Anne, en se passant du pape et sans s’exposer à une guerre avec Charles Quint, neveu de Catherine.

Sur les conseils de Cranmer, Henriarracha, à prix d’argent, aux universités de Cambridge, d’Oxford, de Padoue et à quelques universités françaises des consultations favorables à son divorce. Il protégeait secrètement les hérétiques, afin de tourner l’opinion publique contre les évêques chargés par les lois de l’Etat de réprimer leurs hardiesses de langage. En même temps, la lutte contre l’Eglise catholique et le pape s’ouvrait au Parlement ; le principal agent était Cronawell. Plusieurs projets de loi pour « la réforme de l’Eglise » furent introduits aux Communes, âprement discutés, repoussés par la Chambre des Lords, mais finalement votés par le Parlement, à la suite de conférences, voulues par le roi, entre un petit nombre de députés et de lords. Dans les derniers jours de l’année 1530, on apprit brusquement que l’avocat général allait ouvrir, par ordre royal, une information contre tout le clergé anglais,

coupable d’avoir, contrairement à une vieille loi tombée en désuétude, accepté comme légitime l’autorité du légatdupape Wolsey. L’accusation entraînait la confiscation de tous les biens de l’Eglise d’Angleterre. Elle était d’un injustice monstrueuse : Henri, le premier, avait accepté l’autorité du légat et lui avait ordonné d’examiner, en cette qualité, la validité de son mariage. Le clergé terrifié, réuni en convocation, consentit une amende de cent mille livres pour un crime qu’il n’avait pas commis. Le

; i février 1531, les deux Chambres ecclésiastiques

votèrent cinq articles, imposés par le roi, en retour du pardon qu’il accordait. Le premier, que l’évêque Fisubr avait réussi à amender, disait : « Nous reconnaissons que Sa Majesté, est le protecteur particulier, le seul et suprême seigneur, et, autant que la loi du Christ le permet, le chef suprême de l’Eglise et du Clergé d’Angleterre. » — « Le soin des âmes sera confié à Sa Majesté », disait l’article 2. La Convocation du clergé de l’archevêché d’York, après une honorable résistance, suivit l’exemple donnépar la Convocation de Cantorbéry. En mars 153a, le roi intervint personnellement auprès des Communes et des Lords, pour assurer le vote d’un bill abolissant les annates. Le 10 mai de la même année, Henri somma les deux Chambres de la Convocation du clergé de Cantorbéry, d’accepter trois articles très précis :

i° A l’avenir, aucune loi ou constitution ne pourra être faite ou exécutée sans l’autorisation du roi ;

2’Toutes les constitutions existantes seront sujettes à révision au gré du roi ;

3° Les constitutions qui auront survécu à cet examen continueront d’être appliquées avec l’approbation du roi. L’assemblée du clergé supérieur, puis celle du clergé inférieur de l’archevêché de Can lorbéry, acceptèrent, après de vains essais de résistance, ces trois articles. L’acte est connu, dans l’histoire, sous le nom de « Soumission du clergé ». Ce même jour, 16 mai, Thomas More résigna ses fonctions de chancelier ; l’énergique Fishbr s’était retiré dans son diocèse ; l’archevêque Wabham, belle figure d’homme d’Eglise, devait mourir trois mois après. Son dernier acte fut une solennelle protestation contre les lois imposées au clergé en l’année 1532.

Il fallait pourtant un chef spirituel à l’Eglise d’Angleterre. Cranmer, malgré les efforts des envoyés de Charles Quint, fut préconisé archevêque de Cantorbéry par le pape Clément VIL Le 21 février [533, le jour de son sacre, fin mars, il prêta serment d’obéissance au pape, mais en déclarant par écrit que c’était làunesimple formalité qui nepouvaitreslreindreenrien sa liberté. Le 23 mai, il déclarait nul le mariage de Henri et de Catherine. Le 38 du même mois, il proclama la validité du mariage du roi et d’Anne Boleyn, célébré clandestinenientdèsle a"> janvier précédent. Henri s’était senti assez fort pour braver l’opinion publique de son peuple, favorable à Catherine, et la sentence du pape. Celui-ci annula, dans le consistoire du 1 1 juillet, la procédure de l’archevêque de Cantorbéry, ordonna à Henri, Anne et Cramner de défaire dans l’espace de trois semaines tout ce qui avait été accompli illégalement. A cause des fourberies de Henri, des hésitations de François I", qui finit par appuyer fortement le Saint Siège, le délai se prolongea pendant plusieurs mois. Enfin, le 23 mars 1 533, le pape déclarait solennellement que la dispense donnée par Jules II était valide, que, par suite, le mariage de Henri et de Catherine l’était aussi. Ilexcommuniait Henri, Anne Boleyn et Cranmer.

Cette sentence, qui soulageait toutes les consciences chrétiennes, n’a pas provoqué le schisme