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REFORME

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présente au Conseil. Et s’il est trouvé digne, que le Conseil le reçoive et accepte, luy donnant tesmonage pour le produyre (maniement au peuble en la prédication, affin qu’il soit receu par consentement commun de la compagnye des fldelles. >.

Pour éviter les superstitions catholiques (sacrement de l’Ordre), on supprime l’imposition des mains, qui servait aux Apôlres à introduire les ministres dans leur office. On se contentera d’une déclaration faite par un ministre déjà en exercice et de prières pour le futur pasteur, qui prêtera serment « entre les mains de la Seigneurie ». Pour conserver l’unité de doctrine, les ministres se réunissent une fois par semaine pour conférer des Ecritures. — C’est ce qu’on appellera la Congrégation, qui se tiendra chaque vendredi à L’Auditoire (ancienne église de Notre-Dame-la-Neuve).

En cas de conflit doctrinal, la Congrégation fait appel aux « Anciens et comys par la Seigneurie » [Consistoire]. Si l’accord ne peut être rétabli, « que la cause soit déférée au magistrat pour y mettre ordre ». Si quelque pasteur se rend coupable d’une faute grave ou d’un crime, « la première inquisition » en appartiendra au Consistoire. Mais celui-ci en fera « le raport au Conseil », aûnque « le dernier jugement de la correction soit tousjours réservé à la Seigneurerie ».

Les Ordonnances réglaient ensuite le nombre, le lieu et le temps des prédications. Les sept paroisses de Genève étaient réduites à trois : Saint-Pierre, Saint-Gervais, la Madeleine. Il y avait deux sermons le dimanche, catéchisme pour les enfants, un sermon les lundis, mardis et vendredis. On comptait pour ce service « cinq ministres et troys co-adjuteurs, qui seront aussi ministres ». — a Après les pasteurs, viennent les docteurs. Les Ordonnances prescrivaient en cetendroitl’organisation desécoles. Elles devaient être soumises en tout aux ministres :

« Que tous ceulx qui seront là soient subjectz à la

discipline ecclésiastique, comme, les ministres… que nul ne soit receu s’il n’est apprové par les ministres. .. Toutesfois l’examen debvra estre faict présent deux des seigneurs du Petit Conseil. »

3° L’office des Anciens « est de prendre garde sur la vie d’un chascun, d’admonester amyablement ceulx qu’ilz verront faillir et mener vie désordonnée, et là ou il en seroit mestier faire rapport à la Compaignye qui sera députée pour faire les corrections fraternelles et les faire avec les aultres.

« Comme ceste esglise est disposée, il seroit bon

d’en eslire deux du Conseil Estroict, quatre du Conseil des soixante, et six du Conseil des Deux-cens, gens de bonne vie et honeste, sans reproche et hors de toute suspection, sur tout craignansDieu et ayant bonne prudence spirituelle. Et les fauldra tellement eslire qu’il y en ait en chascun quartier de la ville, affin d’avoir l’œil partout. »

C’est ce Conseil des Anciens qui prendra le nom de Consistoire, redoutable institution de surveillance dont les Ordonnances précisent le fonctionnement :

Le Consistoire doit se réunir chaque semaine

« assavoir le Jeudy matin pour veoir s’il n’y a nul

désordre en PEsglise et traicter ensemble des remèdes quand il en sera besoing. Pour ce qu’ilz [les Anciens] n’auront nulle auctorité ne jurisdiction pour contraindre, qu’il plaise à Messieurs leur donner ung de leurs officiers, pour appeller ceulx nusquelz ilzvouldront faire quelque admonition. Si quelqu’un par mespris refuse de comparoistre, leur office sera en advertir le Conseil, affin de y donner remède ».

Mais sur quelles matières devait se porter la surveillance des Anciens ? Les Ordonnances nous

l’apprennent : « S’il y a quelqu’un qui dogmatise contre la doctrine receue… Si quelqu’un est négligent de convenir à l’esglise, tellement qu’on aperçoive ung mespris notable de la communion des Qdelles, ou si quelqu’un se monstre estre contempteur de l’ordre ecclésiastique… Les vices secretz, qu’on les repregne secrètement… Quant est des vices notoires et publiques, l’office des Anciens sera appeller ceulx qui en seront entachez, leur faire remonstrances amyables affin qu’ilz ayent à s’en corriger… Et si à la longue, on ne proufytoit rien, leur dénoncer comme à contempteurs de Dieu, qu’ilz ayent à s’abstenir de la Cène, jusques à ce qu’on voye en eulx changement de vie… Quant est des crimes qui ne méritent pas seulement remonstrance de paroles mais correction avec chastiement, si quelqu’un y est tombé, selon l’exigence du cas il luy fauldra dénoncer qu’il s’abstienne quelque temps de la Cène… Si quelqu’un par contumace ou rébellion se volloit ingérer contre la deffence, l’office du ministre sera de le renvoyer, veu qu’il ne luy est licite de le recevoir à la Communion. »

4° Les Diacres étaient chargés des aumônes et du service hospitalier. Notons à ce propos que le personnel calviniste ne montra qu’un faible courage, au cours des épidémies qui signalèrent les années 15^2 et 1 543. Le Conseil défendit à Calvin d’exposer sa vie si précieuse, en visitant les hôpitaux. Quant auxautres ministres, ils déclarèrentqne Dieu ne leur avait pas donné la grâce de force indispensable pour accomplir leur devoir, en cette circonstance.

Les Ordonnances réglaient encore la discipline des sacrements, au nombre de deux seulement : le Baptême et la Cène. Elles parlaient du mariage, des enterrements, de la visite des malades et des prisonniers.

Calvin obtint en outre que tous les habitants de Genève, sans excep’ion, fussent obligés d’assister au prêche, le jeudi, en plus du dimanche.

La liturgie genevoise fut réglée au cours de 15/|2.

Le Catéchisme avait précédé le nouveau Rituel, de quelques mois. Calvin était surtout lier de l’établissement du Consistoire, par lequel il imposait à toute la ville une discipline impitoyable.

X. Le Consistoire â l’œuvre. — La domination de Calvin à Genève ne s’établit pas sans lutte. On distingue trois périodes dans le développement de la discipline consistoriale. De 154a à 1548, Calvin consolide son œuvre. De 1548 à1554, il voit se dresser contre lui une violente opposition. Il est honni, injurié, détesté, menacé. Il triomphe cependant de ses adversaires, à force de ténacité et de vigueur. Le supplice de Michel Servet rétablit son prestige et de 1554 à 1564, il règne sur la cité sans rencontrer aucun obstacle sérieux.

a) Première période (1542-i.V, 8). — Nous possédons les comptes rendus desséances du Consistoire, à partir de la io* séance, 16 février 154a- Pendant les deux premières années, Calvin fut extrêmement assidu à ces réunions. On ne constate que cinq absences de sa part. Le Consistoire exerce une inquisition de tous les instants sur tous les citoyens. Il questionne, il admoneste, il réprimande, il dénonce. Il veut savoir si Antoine Simon va au sermon et s’il peut réciterle « 7e crois en Dieu ». Hélas ! il ne sait que le Notre Père, mais il va au sermon, quand il peut (séance du 16 mars 15’|2). — Le Consistoire fait de graves remontrances à « doua Jane Petreman » parce qu’  « elle n’a receupl la saincte Cène et vat aux Messes ». La dame « respond qu’elle vaz ou il luy semble bon » (30 mars i. r >4a). — Le