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REFORME

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et la tradition catholique.) — 5. — du ministère ecclésiastique. — Contre les Anabaptistes, qui admettent une illumination directe des fidèles par l’Esprit-Saint, le luthéranisme admet « un ministère de l’enseignement de l’Evangile et de la distribution des sacrements, car par la parole et les sacrements, comme par des instruments, l’Espril-Saint est donné, où et quand il plait à Dieu, à ceux qui entendent l’Evangile, à savoir que Dieu ne justifie pas à cause de nos mérites, mais à cause du Christ ceux qui croient qu’à cause du Christ ils sont reçusen « race ». (L’Evangile est donc tout entier ramené à cette invention de Luther : justification par la certitude du salut personnel, décorée du nom de foi. Nulle part on ne sent mieux l’arbitraire de cette doctrine, toute subjective. ) — 6. — de l’obéissance nouvelle. — « La foi doit engendrer de bons fruits et il est nécessaire d’accomplir de bonnes œuvres, en obéissant aux commandements de Dieu, sans toutefois s’imaginer que l’on mérite ainsi la justification devant Dieu. » (Cet article est un de ceux qu’une bonne logique doit trouver le plus étrange. — La foi doit engendrerde bonnes œuvres. Que veut-on dire parla ? Les bonnes œuvres sont donc obligatoires ? Que deviennent alors les dogmes luthériens du serf-arbitre et de la corruption radicale et incurable de l’homme ? Nous péchons mortellement en tous nos actes, dit Luther, notre volonté est serve soit de Dieu soit du diable ? Comment concilier cela avec l’obligation de faire de bonnes œuvres ? D’autre part, si ces œuvres sont bonnes pourquoi ne mériteraient-elles pas une récompense ? Si nous faisons effort pour les accomplir, pourquoi un Dieu juste ne nous paierait-il pas de cet effort, puisqu’il chàlie en enfer ceux qui ne le font pas ? La vérité, c’est que le fameux mot : Pèche hardiment mais crois plus hardiment encore Pecca fortiter, sed fortius crede, — lettre de Luther à Mélanchthon du i*’août 1921, Enders, III, 208], avait des conséquences sociales si graves qu’il fallait insister sur la nécessité des œuvres, même si la logique et le bon sens devaient trouver cette insistance inexplicable, étant données les autres parties de la doctrine. — Voir, sur ces contradictions ^. Ckistiani, Luther et le Luthéranisme, p. 66 à g4-) — 7. — de l’Eglise. — « Ils enseignent que l’unique sainte Eglise durera toujours. Mais l’Eglise est la congrégation des saints, dans laquelle le saint Evangile est enseignécorrectement et les sacrements correctement administrés. » (Si cette Eglise doit toujours durer, elle existait donc avant Luther. Pourquoi prétendait-il alors découvrir l’Evangile ? Et si son Evangile, c’est-à-dire sa doctrine, était connue avant lui, qu’on nous nomme ceux qui la professaient. — D’autre part, qui sera juge de la correction de cette prédication de l’Evangile et de cette administration des sacrements ?) — 8. — qu’est-ce que l’Eglise ? — Contre les donalistes, les luthériens admettent que « les sacrements et la parole sont efficaces en raison de l’institution du Christ, même s’ils sont administrés par des ministres mauvais ». (Article éminemment « diplomatique » de la part des luthériens, après tout ce qu’ils avaient dit des catholiques.) — 9. — du baptême. — Sur ce point : nécessité du baptême, même pour les enfants, Luther n’a rien changé à la doctrine traditionnelle. — 10. — de la Cène du Seigneur. — « Ils enseignent que le corps et le sang du Christ sont vraiment présents… et condamnent ceux qui le nient » (zwingliens, et karlstadiens, sacramentaires en général). — 11. — de la confession. — « L’absolution privée doit être retenue dans les Eglises, bien que dans la confession l’énumération de tous les péchés ne soit pas nécessaire. Elleestimpossible en effet, suivantle motdupsaume :

Delicta quis intelligill » (On voit avecquelle légèreté les textes bibliques étaient invoqués chez les Luthériens. La vraie raison qui fait qu’on ne peut, suivant eux, exiger l’intégrité de la confession, c’est que, d’après Luther, nous péchons mortellement en tous nos actes, il faudrait donc tout dire, même ce qui serait à notre éloge. Pour éviter cet inconvénient, Luther voulait qu’on n’avouât que ce qui gênait. La confession, d’après lui, est un soulagement du cœur, elle ne doit jamais être pénible. Mais pourquoi se confesser quand on a déjà la certitude du salut ? Et si cette certitude peut se perdre, quel fondement a-t-elle donc ? Partout l’illogisme et l’incohérence.) — 12. — de la pénitence. — « Elle comprend deux parties : la contrition ou terreur de la conscience en reconnaissant son péché et la foi qui est conçue par l’évangile ou l’absolution et qui croit que les péchés sont remis à cause du Christ et console la conscience et la libère des terreurs. Ensuite doivent suivre les bonnes tcuvres, qui sont les fruits de la pénitence. Les luthériens condamnent les anabaptistes qui nient que les justes puissent perdre l’Esprit-Saint. » (Sur ce point, les anabaptistes étaient dans l’erreur, mais ils étaient logiques avec eux-mêmes.) — 13. — de l’usage des sacrements. — « Les sacrements sont institués, non seulement pour être des marques de la religion parmi les hommes (ce que disait Zwingle), mais surtout pour être les signes et les témoigu, de la volonté de Dieu envers nous, pour exciter et confirmer la foi dans ceux qui les reçoivent… Il faut donc condamner ceux qui enseignent que les sacrements justilient ex opère operato. » (On sait que ce dernier point fait partie de l’enseignement catholique. La théorie luthérienne n’explique d’aucune façon l’action du Baptême chez les enfants nouveaunés. ) — 14- — de l’ordre ecclésiastique. — « Personne ne doit publiquement enseigner dans l’Eglise ni administrer les sacrements, s’il n’est appelé officiellement (rite vocatus). » — 15. — des rites ecclésiastiques, — on ne doit pas les regarder comme « nécessaires au salut », mais « on conservera ceux qui servent à la tranquillité et au bon ordre dans l’Eglise, comme certaines fériés et fêtes ». — A mots couverts, la Confession rejetait cependant comme contraires à l’Evangile* les vœux et les traditions au sujet des aliments (maigres ou gras) et des jours (Quatre-temps, Vigiles, Carême, etc.). C’étaient surtout ces bonnes œuvres-là que le luthéranisme proscrivait. — 16. — des choses civiles, — les Luthériens condamnent les opinions antisociales des anabaptistes, ils ne veulent détruire « ni l’organisation politique ni l’ordre économique », ils regardent les institutions sociales comme voulues de Dieu : le mariage, le serment en justice, les magistratures, les tribunaux, les lois, les supplices pour les coupables, le service militaire, la guerre légitime, la propriété, les contrats légaux… (C’était une des grandes préoccupations de Luther de maintenir l’ordre social, quitte à se contredire et à condamner ceux de ses partisans qu’une logique trop hardie entraînait, en suivant ses principes, à des opinions anarchiques ou subversives.) — 19. — du retour du Christ pour le jugement. — Les luthériens admettent le jugement dernier, la résurrection des morts, le ciel et l’enfer éternels el condamnent sur ce point les anabaptistes (enfer non éternel) et les millénaristes. — 18. — du libre arbitre. — « Ils enseignent que la volonté humaine possède quelque liberté pour réaliser la justice civile et choisir les choses sujettes à la raison. Mais elle n’a pas la force, sans l’Esprit-Saint, de réaliser la justice de Dieu ou justice spirituelle, … mais celle-ci s’effectue dans les cœurs lorsque la parole de l’Esprit-Saint y est conçue. » El ils condamnent les pélagiens. (On