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REDEMPTION

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dans la créature. Mais il n’est pas douteux, et le dernier texte que nous venons de citer en fournit la preuve péreuiploire, qu’il [tasse volontiers d’un sens à l’autre-. On peut étudier encore Hom., ni, a8-30 ; iv, 3-i : > ; II Cor., v, ji ; Gal., ii, lô ; iii, S-aiJ ; Eph., iv, 20-24. — Sur la justice au sens paulinien. voir F. Prat, La théologie de saint Paul, t. 1", p. îyg-aoi (n)io) et t. Il G, note V, j> 54&-556 (i<iu3).

//) La loi de la Rédemption. — La loi qui préside à la Rédemption, selon saint Paul, c’est l’antithèse entre Adam et le Christ. Un homme a déchaîné sur le monde le péché et la mort ; un autre homme doit restaurer la justice et la vie. Le péché d’Adam a entra iné toute sa race dans la mort ; la grâce de Jésus Christ la relèvera pour la vie éternelle ; plus inte pour sauver que le péché pour détruire, elle fera surabonder, sur les ruines dues au premier homme, la justice qui donne la vie. Nom., v, 15-ai :

Il n’en est pas [simplement] du don gratuit comme de la faute ; car, si parla faute d’un seul un grand nombre d’hommes sont morts, à bien plus forte raison la grâce de Dieu et le don se sont, par la grâce d’un » seul homme, Jésus-Ghriat, répandus sur un grand nombre. Il y a encore cette différence entra la faute d un seul et le don, que le jugement provoqué par un seul amena une condamnation, au lieu que le don prévaut contra de nombreuses fautes pour l’acquittement. En effet, si par la faute d’un seul la mort régna à cause de ce seul homme, à bien plus forte raison ceux qui auront part a la surabondance de la grâce et du don de la justice, régneront-ils dans la vie à cause du seul Jésus-Christ Donc, omme par la faute d un seul la condamnation ost venue sur tous les hommes, ainsi, par la justice d’un seul, viendra sur tous les hommes la justification qui donne la vie. En effet, de même que par la désobéissance d’un seul homme un grand nombre ont été constitués pécheurs, ainsi par l’obéissance d’un seul un grand nombre seront constitués justes. Cependant la Loi intervint pour faire abonder la faute ; mais ou abonda la faute, la grâce surabond-i : afin que, comme la péché a régné par la mort, ainsi la grâce régnât par la justice pour la vie éternelle par Jésus-Christ Notre-Seigueur.

C’est à cette page de saint Paul qu’il faut demander la clef de certaines métonymies étonnantes et presque scandaleuses en leur énergie : II Cor., v, 21 :

« Celui qui ne connaissait pas le péché, Dieu l’a fait

péché pour nous » ; Gal., ni, 13 : « Le Christ nous a rachetés de la malédiction de la Loi, ayant été fait pour nous malédiction. » Les Pères latins ont souvent cru rendre compte de ces paroles en disant que le Christ a été fait victime pour notre péché : aux termes de la Loi, la victime pour le péché s’appelait elle-même péché. Voir saint Augustin, Quæstion. in Ileptateuch., IV, xii, P. L., XXXIV, 721 ; Ep., cxl, 30, 73, P. L., XXXIII, b-o. Mais cette explication n’est pas suffisante. Il faut reeourir à la solidarité du Christ avec le genre humain, solidarité librement acceptée, par laquelle il s’est fait répondant pour notre péché, a pris sur lui notre malédiction. Cf. Prat. Théol. de S. Paul, t. U », p. i<U-q.

Chef d’une humanité nouvelle, Jésus Christ ressuscite, le premier d’entre le » morts, et ranime ceux que la faute du premier homme a couchés au tombeau, I Cor., xv, 20-57 :

Maintenant le Christ est ressuscité d’entre las morts, prémices de eeux soi dorment. Comme la mort est venue par un homme, par un homme aussi doit venir le résurrection des morts. Comme tous meurent en Alarn, tous revivront dans le Christ, mais chacun a sou rang : d’abord le Christ. puis ceux qui appartiennent au Christ, lors de son avènement. Et puis ce sera la fin, quand il remettra son royaume à Dieu et au Père, après avoir défait toute domination, tonte autorité, toute puissance. < ar il faut qu’il r^gne, jusqu’à ce qu’il ait mis tous ses ennemis sous ses pieds. Le dernier ennemi défait sera la mort : car [Dieu] a tout mis sous ses pieds. Quand l’Ecriture dit que tout lui a été soumis,

évidemment elle excepte Celui qui lui a tout soumis. Lors doue que tout lui aura été soumis, alors le Fils lui-même sera soumis à Celui qui lui aura tout soumis, afin que Dieu soit tout en tous.

[Le corps] est semé dans la corruption, il ressuscite dans l’incorruptibilité ; il est seine dans l’ignominie, il ressuscite dans la gloire ; il est semé dans l’infirmité, il ressuscito dans laforce ; il est semé corps animal, il ressuscite corps spi rituel. S’il y a un corps animal, il y a ici un corps spirituel, selon qu’il est écrit : Le premier homme Adam fut fait âme vivante ; le dernier Adam sera fait esprit vivifiant. Non pas le spirituel d’abord, mais l’animal, ensuite le spirituel. Le

ftremier homme, tiré de la terre, est matériel ; le second îomme vient du ciel. Tel fut l’homme matériel, tels seront les matériels ; et tel fut le céleste, tels seront les célestes. Comme nous avons porté l’image de l’homme matériel, portons aussi l’image de l’homme céleste. Je l’affirme, mes frères : le chair et le sang ne peuvent hériter du royaume de Dieu, et la corruption n’hérite point de l’incorruptibilité… Quand ce [corps] corruptible aura revêtu l’incorruptibilité, quand ce [corps] mortel aura revêtu l’immortalité, alors s accomplira ce qui est écrit : « La mort a été engloutie dans la victoire ». Où est la victoire, ô mort ? où est, ô mort, ton aiguillon ? L’aiguillon de la mort, c’est le péché ; la puissance du péché, c’est la Loi. Grâces à Dieu, qui nous a donné la victoire par Notre Seigneur Jésus Christ !

La justice — autrementdit la grâce sanctifiante, — restaurée dans l’âme par le Christ, et atteignant son effet suprême par la résurrection corporelle : telle est l’économie de la Rédemption. Affranchis des servitudes de la chair et de la Loi, élevés à la dignité d’enfants de Dieu, les chrétiens sont mus par son Esprit ; ils attendent la résurrection bienheureuse qui doit parachever en eux l’œuvre du Rédempteur. I Cor., v, i-5 ; — Rom., iii, 14-30, :

Ceux que l’Esprit de Dieu conduit, sont fils de Dieu. Car vous n’avez pas reçu un espritde servitude pour être encore dans la crainte, mais vous avez reçu un Esprit d’adoption, on qui nous crions : Abba I Père ! Cet Esprit lui-même rend témoignage à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. Enfants, et donc héritiers : héritiers de Dieu et cohéritiers du Christ, à condition de souffrir avec lui pour être glorifiés avec lui. Car j’estime que les souffrances du temps présent sont hors de proportion avec la gloire à venir, qui doit être manifestée an nous. Pleine d’espérance anxieuse, la oréation attend la manifestation des fils de Dieu. La création a été assujettie à la vanité, non par son choix, mais par la volonté puissante qui, en l’y assujettissant, se promettait de lavoir elle-même affranchie de la servitude de la corruption et associée à la liberté de la gloire des enfants de Dieu. Or, nous savons que toute la création gémit et est en travail jusqu’à ce jour. Et pas elle seulement, mais nous-mêmes, qui avons les prémices de 1 Esprit, nous aussi gémissons en nous-mêmes, attendant [l’effet de] 1 adoption [divine], la rédemption de notre corps. Car nous [ne] sommes sauvés [qu’] en espérance : quand on voit ce qu’on espère, ce n’est plus espérance ; ce qu’on voit, l’espère-t-on ? Mais si nous espérons ce que nous no voyons pas, nous l’attendons avec patience. De même aussi, I Esprit vient en aide â notre faiblesse : nous ne savons pas prier selon nos besoins ; mais l’Esprit lui-même intercède pour nous par des gémissements ineffables, et Celui qui sonde les cœurs connaît le désir de l’Esprit ; car l’Esprit intercède selon Dieu pour les saints. Et nous savons que, pour ceux qui aiment Dieu, tout concourt à bien, appelés qu’ils sont par un dessein éternel. Car roux qu’il a connus d’avance, il les a aussi prédestinés 1 être conformes à 1 image de son Fils, afin qu’il fut l’aîné de beaucoup de frères ; les aant prédestinés, il les a appelés ; les ayant appelés, il les a justifiés ; les ayant justifiés, il lésa glorifiés. Que dire a cela ? Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? Dieu, qui n’a pas épargné son Fils unique, mais l’a livré pour nous tous, comment ne nous donnera-t-il pas, avec lui, tous les biens ? Qui accusera les élus do Dieu ? Dieu les justifie ! Qui les condamneraPJésus-Christ est mort [pour eux], que dis-je ? il est ressuscité, il est à la droite de Dieu, il intercède pour nous ! Qui nous séparora delà charité du Christ ? ja tribulation ? l’angoisse ? la persécution’.' la faim ? la nudité ? le danger ? le glaive ?