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PSAUMES


pour le sanetiner (it, ">. v, 10. xvii, 3. xxvi, 2. ii, Il etc.). La religion est bien à la base de toute morale (cxi, 10) ; maise’est, on l’a vii, la religion de l’esprit.

B) Vertus individuelles. — Il tient à la nature religieuse >lu livre lui-même, que dans les Ps., parmi les vertus individuelles, tiennent une placeéminente un courage héroïque, fondé sur une inébranlable confiance en Dieu (111, G s. iv. 6-9. xviii, 29-37, xxui. XX vu. xxxiii, 16-30. xlvi. xci. cxlvi) et une profonde /uim/71fé vis-à-vis du Très- Haut (vm. xi ; xxxvi, 12. xi. îx, 7 s. ; i.n ; i.xxv, 5-6 ; ci,."1-7 ; cxxxi. cxliv, 3). Nous avons déjà prévenu une objection tirée de quelque apparence de vauterie (ci-dessus II, aJ3).

G) Vei tus sociales. — On pourrait résumer les devoirs sociaux, tels que nous les présente le Psautier, en deux mots : franchise et générosité ? ce sont les deux traits qui distinguent le caractère chevaleresque. Que de t’ois et avec quelle force les Ps. flétrissent le mensonge, la duplicité, la fraude (v, 7 ; xii, 3 s. ; xv.xxiv, 4 ; xxviii, 3 ; xxxiv, ’ ; xxxvi, 2-5 ; xxxviu, 13 ; l, 19 ss. ; LU. lv, io-15 ; lvii, 5-7 : lviii. lix. un, <j m ; lxiv. ci, 5 ; cxx. cxl) et l’oppression des faillies, des petits (ix.x. xii, 6 ; xxxvii, 14 s. ; xli. lmv. lxxxii. xciv. cxlvii, 3). Là encore, c’est l’écho de la prédication des prophètes (voir, par ex., /.>-., 1, 17-24 ; Jer., vii, 6 ; xxii, 3 ; Ez., xxii, 7 ; Zach., vu, 10 ; Mal., lii, 5)le >>t l’avaul-goùt de la prédication de Jé-uis. A tous égards, on peut dire que le Psautier é ait vraiment une digne préparation à cette < adoration en esprit et vérité » qui est caractéristique de lEvangile (Jean, iv, 20), à cette loi d’ainoui’qui en est comme l’essence.

II. Objection : Psaumes imprécatoires. — Mais on l’ait une grave objection à ce que nous venons de dire : l’esprit de vengeance que respirent plusieurs Psaumes, les terribles imprécations lancées contre les ennemis. On connaît les longues litanies de maux souhaités dansPs. lxix. cix. xxxv, 3-8 ; lviii, 7-10 ; lxxxiii, 10-18. Et ces courtes phrases

Le juste aéra dans la joie à la vus de In vengeance ; il baignera ses pieds dans le sang des méchants

[(lviii, 11)

Fille do Babylone, vouée a la ruine,

heureux celui qui te rendra

le ma] que tu nous as fait.

Heureux, celui qui saisira tes petits enfants

et les brisera contre la pierre ! (cixxvi, 8 ss.)

ne trahissent-elles pas une cruauté détestable ? Pourrait-ce être là des sentiments inspirés par Dieu ? Ou plutôt ne devrait-on pasdire à ces auteurs ce que Jésus répondit aux « tils du tonnerre » qui voulaient invoquer le feu du ciel sur les Samaritains : « Vous ne savez pas de quel esprit vous êtes » (l.uc, x, 55) ? Sans doute, ces expressions peuvent choquer des âmes chrétiennes, imprégnées de la douceur de l’Evangile. Il ne faut pas oublier que le doux Jésus, au moment même de promulguer la loi d’amour et du pardon, a souligné la distance qui sépare la nouvelle Loi de l’ancienne : « Vous avez appris qu’il a été dit aux anciens : Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi’. Et moi je vous dis : Aimez vos ennemis, etc. » (Mat., v, 43). Pourtant, il serait injuste d’exagérer cette distance, et avant de taxer

t. Sur ce » paroles « Tu haïras ton ennemi », remarquons : 1’qu’elles ne sont pas dan » la lettre, mais plutôt dans l’esprit de la Loi mosaïque ; 2° que le mot haïr , en hébreu est beaucoup moins hostile qu’en français : souvent il est simplement l’opposé de préférer^ favoriser ; on peut le traduire par négliger, laitier de CÔU.

d’immoraux les passages ci-dessus cités, il faut les placer dans leur milieu et accorder les circonstances atténuantes. D’abord, dans l’exclamation du Ps., o.xxxvi, quia le plus scandalisé, il ne faudrait voir autre chose qu’une façon poétique d’exprimer ce qui se passait ordinairement à la prise d’une ville ennemie. Les cruautés barbares, les scènes féroces qui s’étalent sur les monuments assyriens à pareille occasion, sont trop connues pour que nous insistions. Dans la poésie brûlante et imagée des Orientaux, mainte expression qui nous choque (telle que Ps., lviii, i i) n’a rien que d’innocent.

Autre caractère de ces imprécations, qu’il faut toujours avoir présent. Presque toutes sont d< s prières adressées à Dieu. Or n’est-ce pas déjà un mérite que de laisser à Dieu la vengeance, sans l’exer cer soi-même ? Lisons le chapitre I Sam., xxiv. Cesl très émouvant. David aurait pu, d’un coup, tuer Saiil, qui en voulait à sa vie, et se délivrer ainsi de toute persécution et de tout danger. Il se contenta de lui couper le bord du manteau, et encore s’en repent il tout de suite. Et pourtant, cet homme ^i clément, si respectueux du roi, aussitôt après, crie à son persécuteur : « Que lahvé soit juge entre moi et toi, et que lahvé nie venge de toi ; mais je ne porterai point la main sur toi » (n. 13). Et une autre fc is, après un fait tout pareil : « Si c’est lahvé qui t’excite contre moi (dit David), qu’il agrée le parfum d’une offrande ; mais si ce sont des hommes, qu’ils soient maudits devant lahvé » (xxvi, kj). C’est bien le même homme et le même esprit qui débute ainsi dans le Ps. xxxv :

« lahvé, combats ceux qui me combattent : 

fais la guérie a ceux qui me font la guerre ! Tire la lance et barre le passage à mes persécuteurs » etc.

Et peu après :

Ils me rendent le mal pour le bien…

et moi lorsqu’ils étaient malades, je revêtais un abc,

J’affligeai mon a me par le jeûne… (12 s).

Et ailleurs :

En retour de mon affliction ils me combattent, et moi, je ne fais que prier (cix, ï).

Voilà bien un cœur accessible aux plus doux sentiments ! En s’interdisant à lui-même de se venger, il pourra d’autant mieux recommander à Dieu d’exercer la justice contre ses injustes agresseurs.

C’est donc bien dans des sentiments de justice, plutôt que de vengeance, que ces imprécations ont été proférées ; justice d’autant plus nécessaire que le crime était plus grave, et que les mœurs dans une société mal organisée réclamaient un châtiment exemplaire. De semblables imprécations se lisent dans Jérémie, dont le noble caractère ne saurait faire le moindre doute (Jer., xi. 20 ; XVU, iH ; xx, iiss.).

Un autre sentiment encore plus noble se fait jour çà et là dans le contexte même de ces anathèmes.

Châtie-les, Dieu ! Qu’ils échouent dans 1cm s desseins ; k cause de leurs crimes sans nombre, précipite-les ; Car ils sont en révolte coistke toi (v, H). Ne Hois-je pa.-, lahvé, haïr ceux qui te haïssent, avoir en horreur ceux qui s’élèvent contre I

[(CXXXIX.

Couvre leurs faces d’ignominie,

afin qu’ils cherchent ton nom, lahvé (lxxxiii, 17-19. [Voir aussi lu ; lxiv, 8 Ainsi, à la justice, se mêle souvent le zèle religieux, soit pour l’honneur de Dieu, soit pour I. version des méchants. On se persuadera facilement de la réalité de ces deux louables sentiments dans