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PSAUMES

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xxvii. xxxv. xxxviii. ci) ; 4) la langue est fortement teintée d’aramaïsmes (n. cxxxix).

Ces objections ne sont nullement insolubles, i] On conçoit très Lien qu’un roi ait voulu faire prier prêtres et peuple pour sa personne et qu'à cette liii, étant doué lui-même de talent poétique, il ait composé des cantiques pour les faire chanter aux services religieux. — >.] La maison de Dieu, dont parlent les Psaumes cités, n’est pas nécessairement le temple en pierres bâti par Salomon ; par ce nom, on pouvait aussi entendre la tente ou tabernacle plusieurs fois mentionné dans la vie de David (l Sam., xxi, 7), ou que David lui-même avait érigé sur la colline de Sion (Il 5/tm., vi, 17 ; vii, 2 ss. ; I Par., xv, 1, etc. comp. Ps., cxxxn). De fait, on rencontre dans le même Psaume côte à côte le nom de maison de Dieu et celui de tabernacle (par ex., xxvii, 5. 6). — 3] Les plaintes élevées contre les détenteurs du pouvoir public (de fait, pas toujours de droit) ne cadreraient pas mal soit avec les dernières années du règne de Saûl, soit avec la courte tyrannie d’Absalom. — 41 Enfin les aramaïsmes dans les Ps. davidiques sont très rares et parfois douteux (11, 11). En général la langue de ces pièces est de la meilleure époque. Il ne faut pas d’ailleurs oublier un fait qui a une portée générale : c’est que nous tenons les Psaumes, non directement de leurs auteurs, mais de la Synagogue, qui les a adaptés à l’usage public ; et l’on a lieu de croire que dans cette adaptation ils ont subi mainte retouche de forme et môme de fond ; voir le décret de la Commission Biblique, i cr mai 1910, Rép. vi.

Ces réponses ne suffiront peut-être pas toujours (nous l’avons admis plus haut avec la même Commission) à résoudre pleinement les difficultés ; mais elles suffiront dans la majorité des cas, et nous pouvons conclure de tout ce qu’on vient de dire : « On ne peut prudemment nier que David est le principal auteur des Psaumes ; on ne pourrait soutenir que peu de Psaumes doivent être attribués au roi poète. » Ce sont les termes mêmes de la Commission Pontificale (Décret cité, Rép. iv).

Pour répondre aux difficultés éventuelles et en.éme temps sauvegarder l’autorité des titres, on pourrait supposer, comme des critiques le pensent, que le titre de Darid était porté d’abord par tout un gros recueil de Psaumes, et qu’ensuite on l'étendit à chacune des pièces qui en ont été entrait » * peur faire partie des collection » partielles actuellement englobées dans notre Psautier. Le nom préposé au recueil n’impliquerait pas que toutes les pièces soient du même auteur. — On peut admettre ceci, a condition cpie :  ! ] le recueil uit porté le nom Je Datid parée 1 1 1 *î I nvnit été réuni pnr lui, et deson autorité approuvé at mis en circulation ; 2*] les Psaumes de ce 1 raueil aient été composés, quoique pas tous absolument, au moins pour la plupart, par David lr.i-me.ma. Ainsi précisée, cette hypothèse o’a rien qui contredise, soit aux faits bien établis de l’histoire, soit an décretde la Commission Biblique.

4- Psaumes machabéens. — Nous avons parlé de la limite supérieure pour la date des Ps. ; disons encore quelques mots sur la limite inférieure, ce qui revient à la question célèbre des Ps. mechahéens. Y a-t-il dans notre Psautier des pièces composées après l’insurrection des Machabée ? (167 a. J.-C.)? Oui et en très grand nombre, répondent des critiques protestants. Oui, mais en très petit nombre, pensent d’autres critiques, et parmi eux des catholiques. Comme ayant plus de change d'être machabéens, sont admis unanimement les Ps. BUT. i.xxiv. lxxix. 1. xxxiii. La Commission Pontificale (décret cite, Rép. vu), en donnant tort aux premiers, permet implicitement la seconde opinion. On peut la tenir pour libre aux catholiques. Cependant la presque totalité des nôtres s’est prononcée contre l’existence

de Psaumes machabéens. Et c’est (croyons-nous, sans vouloir pourtant être trop tranchant) la meilleure attitude. Car, d’une part, aucun des arguments produits pour l’affirmative, même pour les quatre Ps. tout à l’heure indiqués, n’est décisif, aucune des prétendues allusions aux faits de l'époque mæhahéenne n’est évidente. D’autre part, les présomptions sont contraires à une si basse époque. A celles que nous avons déjà présentées, tirées de l'évolution du Psautier, ajoutons : 1) La langue et le style des Psaumes dits mæhabéens sont bien supérieurs à ce qu’on attendrait à pareille époque. 2) Les lxx, qui pourtant ont ajouté tant de noms aux titres, n’ont songé à aucun auteurde l'âge machabéen ; fait invraisemblable, si les Ps. étaient de composition si récente.

II. — Doctrinb

Le Psautier, nous l’avons vu, est le fleuve où se déversèrent les flots de foi et de piété qui jaillirent du coeur ému des poètes hébreux au cours de plusieurs siècles. On devine combien le contenu des Psaumes doit être riche et varié. Mais on ne doit pas s’attendre à y trouver, soit des expositions systématiques, soit des vues uniformes. Dans ces conditions, il ne reste qu'à relever les traits les plus saillants et plus dignes d’attirer l’attention de l’apologiste.

1 T)iwTi. — Puisque le Psautier est un recueil de poésies religieuses, rien d'étonnant qu’il soit plein de Dieu : pas un Psaume, même purement moral (tel lviii) ou simplement national (par ex. cxxix), qui ne le mentionne ou ne l’invoque. Nulle part, dans l’Ancien Testament, la théologie proprement dite (traité dt Dieu) n’est plus développée, nen par des considérations abstraites, du moins d’ordinaire, mais pratiquement, par l'épanchement de la foi dans la prière. Chaque poète, chaque Psaume, chaque moment psychologique neus présente un de ces aspeets infinis par lesquels Dieu s’est révélé à nous sans jamais s'épuiser. Voici les principaux :

A) Personnalité et transcendance. Anthrof omorphismes. — D’abord Dieu est pour le Psalmiste une réalité vivante, qu’il sent, qu’il touche pour ainsi dire, partout. Les endroits ne manquent pas où il s’adresse à la raison pour en démontrer l’existence ou les attributs par le monde brsé ; ainsi Ps., vin ; xix, 2-5 ; xciv, 8-10 ; civ ; xom ; lxxxix, 6-15 ; cxxxix. Mais d’ordinaire il la suppose dans l'épanchement irrésistible de sa conviction. Renier Dieu, pour lui, est une folie (xiv ; lui, 1 ; xch. 7).

Dieu, pour le Psalmiste, n’est pasune abstraction. Il Le voit agir dans la nature physique (xvin, 8-1 G ; xxix ; xcii, 5 ss ; lxv, 6-1 4 ; r.iv, etc.), il Le perçoit tlans la société humaine (ix ; vii, 7-12 ; xiv ; xxv, 8-9 ; lxxxii), il le sent toujours près de lui (xvi, cxxi). Dieu revêt, au youx du Psalmiste, une personnalité si conerète, il est peint de traits si matériels qu’ils peuvent choquer nos idées et nos goûts plus raffinés. Non seulement les membres du corps humain et les actions de la vie matériellesont attribués à Dieu ; non seulement II est un « vaillant guerrier » (xxiv, 8), il se réveille « comme un homme endormi, comme un guerrier subjugué par le vin » (lxxviii, 65). Il est encore un rocher(xvin. 3, 47 ; lxxiii, a6 ; i.xxxix, 27 ; xxviii, etc.), « un bouclier pour tous ceux qui se confient en Lui » (xvm, 31 ; comparer xxviii, 7 ; xxxiii, 20 ; lxxxiv, to, etc.) et, pour tout dire en un mot, David l’invoque :

Mon bouclier, la eone de mon salut, ma citadelle ! (xvm, 3).

Pour expliquer ces rudes expressions, surtout celle de rocher, qui est bien synonyme de Dieu, pas