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PIERRE (SAINT) A ROME

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dam aequalitatem inler S. Petrum et S. Paulum sine subordinatione et subjectivités. Pauli ad S. Petrum in potestate suprema et regimine universalis Ecclesiae, hæreiicam censuit ne declaravit. Ou bien on peut parler d’un épiscopat romain de saint Paul, sans méconnaître sa subordination à l'égard de saint Pierre, seul véritable primat de l’Eglise universelle. C’est ainsi que l’a entendu, entre autres, le bollandiste Papbbhocii, Paralipornena ad Conat. Chron. /lis t., p. 3a. Cette conception n’a pas l’inconvénient de la précédente, mais ne paraît pas fondée, car assez d’indices montrent l’apôtre saint Pierre seul attaché à l’Eglise romaine par un lien durable.

Seul l’apôtre saint Pierre figure sur la liste des évèqucs île Rome (catalogue libérien), conservée par le chronographe de l’an 354 Bien qu’ilait pu entreprendre divers voyages après sa première visite à Rome, Pierre n'était pasapôlre essentiellement itinérant, comme saint Paul, tel qu’il nous apparait dans ses épitrcs, tel aussi que le présentent le canon de Muratori, par une allusion à son voyage en Espagne, et saint Clément de Rome, par une allusion, au moins vraisemblable, au même voyage.

Ênlin, dans l’Epitre aux Romains, dès l’an 56, saint Paul s’adresse à une Eglise qu’il n’a pasencore visitée, qui pourtant est déjà sortie de l’enfance, à une Eglise très développée, comme en témoignentles nombreuses salutations de la fin. Dira-t-on que cette Eglise est née, qu’elle s’est développée en dehors de toute influence immédiate d’un apôtre ? Ce serait une allirmation bien hasardée. Et quel apôtre nommer avant Pierre ? L’historien ne peut écarter sans plus de façons la possibilité d’une première évangélisation de Rome par Pierre en personne. D’autant que la tradition des vingt-cinq années d’cpiscopal de Pierre se présente avec une concordance quant au fond et des discordances quant aux détails, qui semblent bien l’indice d’une donnée réellement historique, diversement dénaturée.

C’est le chronographe libérien de l’an 354, représentant la tradition du second siècle, qui écrit :

Petrtts ann, XXV mens, uno d. VIIU fuit temporibus Tiberii Cæsaris et Gai et Tiberi Claudi et Xeronis a consul. Minuci et Longini tisque Nerine et Vero. Passas aillent cum Paulo die IJI Kal. iulias consul, ss. imperante Xerone.

A travers les multiples incorrections du texte, on aperçoit ceci : Pierre fut évêque de Rome, du consulat de M. Vicinius et de L.CassiusLonginus(30ap. J.-C.) au consulat de Néron et deL. Antistius Vêtus (55 ap. J.-C). Cet épiscopat couvre une période de vingt-cinq ans.

C’est Eusèbe, dans la Chronique conservée par la traduction latine de saint Jérôme, représentant la tradition de Jules Africain, contemporain d’Hippolyte et d’Hégésippe. Il écrit, Olymp. ccv, ann. 2 (42 p. C), éd. Ilelm, Lipsiae, 1913, 179 :

l’etrus Apostolus cum primant Antiocltenam Ecclesiam fundasset, Romain mittitur, ubi Evangelium prædicuns XXV annis eiusdem urbis episcopus persévérai.

Olymp. ccxi, ann. 4(68 p. C), ib., 1 85 : Primas Xero super oninia scelera sua etiant persecutionem in Christianos facit, in qua Pelrus et Patilus gloriose Romæ occubuerunt.

Les ternies sont déplacés, mais l’espace de vingtcinq ans est conservé entre bi et 68.

Dans son Histoire Ecclésiastique, II, xiv, P.C. XX, 169.172, Eusèbe déplace de nouveau les termes, mais en conservant le même intervalle entre 4> et 66.

C’est enfin Lactanoh, De morlibus perseculorum, ii, /*./.., Vil, 1 ^5-1 9- : s’exprimant ainsi : Discipuli…

Tome IV.

dispersi surit per omncm terrant ad Evangelium prædicandum, sicut illis ma gis ter Dominuê irnperavcrat et per annos quirtque et vigiati usque ad principium neroniani imperii per omnes provincias et civitates Ecclesiæ fundamenta miserunt. Clinique iam Nero imperaret, Petrtts liomarn advenif… (Xero) primus omnium persécutas Dei servos, Petrum cruci affixit et Paulum interfecil. — Lactance écrivait vers 314 à Nicomédie ; lui aussi mentionne une période de vingtcinq ans d’activité apostolique ; il est vrai qu’il la fait commencer à l’ascension du Sauveur et donc finir -vers l’année 55. Mais il est difficile dene pas voir dans ce chiffre précis un écho de la même tradition que le chronographe libérien d’une part, Eusèbe d’autre paît, ont recueillie.

Il y a là de quoi inviter à la prudence les auteurs trop enclins à traiter comme une fable l’apostolat romain de saint Pierre. D’autant que la liste des évéques de Romeavait été conservée avec un soin minutieux. Hi’iGÉsirPK, si curieux de tout ce qui concernait l’origine des Eglises, avait visité celle de Rome au temps d’Anicel (156-166) et enquêté sur ce point. Eusèbe, H.E., IV, xxii, P. G., XX, 377 D : rW/tswos U h 'Pojyuyj, Siv.Soy/, j inoir^Ojjrfj yé'/p’i ' Xjis.r.T’yj. La liste épiscopale de Rome avait été dressée, cent ans après la mort de saint Pierre, par un homme spécialisé dans ce genre de recherches. Elle s’est imposée à Eusèbe, pour qui Lin est le premier évêque de Rome après Pierre, // E., III, iv, P. G., XX, 221 A : vpônciç, ij.tzà. Wérpn rr.i 'Pujicu’uv 'E/*/ïiti' : /. ; ty, v è7r « ffX97tr]V… x).Y]p<afeiç.

C’est donc au prix d’une inconséquence manifeste que des protestants, généralement favorables à la tradition touchant le martyre de saint Pierre à Rome, rejettent la tradition touchant son épiscopat. Cf. Jean Guiraud, La venue de saint Pierre à Rome, Paris, 1906.

Dès le iv » siècle, le Pseudo-Tertullien, dans son poème contre Marcion, parle de la chaire matérielle de saint Pierre. P.L., II, 1077 :

Hac cathedra Petrus qua sederat ipse, locatum Maxima lloma Liiium prirnum considère iussit.

Sur l'épiscopat de saint Pierre à Rome, la tradition locale a conservé des souvenirs qui font défaut pour saint Paul. Fouaud, L’apôtre saint Pierre ' i, ch.xvin, p. /| 1 3 sqq., Paris, 1889, recueille ces souvenirs.

Aux premiers jours, Pierre prit gîte dans l’une des ruelles où s’entassaient les Juifs du Transtévère et de la Purte Gapène. Il put y être accueilli par quelques frères de sa foi, car le nom de Jésus avait devancé lEvangile dans la capitale du inonde. Entre les étrangers présents à Jérusalem lors de la descente du Saint-Esprit et qui reçurent le baptême, les Actes nomment (11, 10) en effet des habitants de Rome. Ces convertis n’avaient pu, à leur retour, oublier ni taire ce qu’ils venaient d’entendre, et chaque année ce témoignage fut renouvelé par les pèlerins qui se rendaient à la Pàque. S. Paul, dans l’Epître aux Humains (svi, 17), salue deux fidèles, Andronicus et Junie, « qui sont considérables entre les apôtres et qui ont embrassé la foi du Christ avant lui » (avant l’an 37). Sans djute les chefs et les docteurs de la communauté prêtaient peu d’attention à une doctrine qui n'émanait pas d’un scribe illustre ; mais dans le bas peuple on parlait du Christ et de son royaume. Ce fut là que l’apôtre exerça son ministère, jusqu’au jour où la Synagogue en prit ombrage' et le contraignit do porter ailleurs son zèle (Rom., xi, 1-18)…

Le premier endroit où il fit séjour est marqué surl’Avcntin par l’Eglise de Saintc-Prisque. Au v* siècle, on lisait encore à la porte de ce sanctuaire 1 inscription suivante :

/lace drnua est Aquilae, seu Priscae, virginis almae

Qiios… t’aule, tuo ore eehis Domino. Hic, l'être, dii’ini tribuebas fercula verbi,

Sæpius hocce Ijco sacri/icans Domino.