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PROPAGATION DE L’EVANGILE

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D’abord la ruine de la Compagnie de Jésus. Pombal, l dos 1/54, s’était comme fait la main, en supprimant toutes les maisons de Jésuites au Brésil. En 1769, ce fut le tour du Portugal et des Colonies. Sans s’occuper du tort immense qu’il faisait, non seulement aux âmes, mais à son pays, il expulsa tous les Jésuites des terres portugaises. La France fut un peu moins rigoureuse. Les Jésuites restèrent à titre individuel au Canada, aux Indes, en Chine, et l’on s’occupa de leur trouver des remplaçants chez les Lazaristes et les prêtres des Missions étrangères. L’Espagne de Charles 1Il fut presque aussi brutale que Pombal. L’Amérique fut vidée de Jésuites. On jugera du désastre par quelques chiffres ; il y avait, réunis en villages chrétiens, lia. 000 Indiens au Mexique, 55. 000 au Pérou, 7.718 au Chili, 7.586 à Quito, 6.50, 4 en Nouvelle Grenade, 134.g34 au Paraguay (avant le démembrement de 1754). Les Jésuites partis, remplacés vaille que vaille, parfois pas remplacés du tout, bientôt de tout cela il ne resta presque rien. Mêmes ruines en Afrique ; et la destruction fut consommée quand, en 1845, furent arrachés à leurs Eglises les Dominicains duZambèzeet les Capucins du Congo.

— Le dernier coup fut portée laCompagnieen 177$ : du jour au lendemain, près de 3. 000 missionnaires étaient mis hors de service. Et qui les remplacerait ? L’heure était au philosophisme ; les couvents et les séminaires se vidaient. Puis venait la Révolution suivie des guerres de l’Empire. — J. Bruckbr, La Compagnie de Jésus, p. 79, 4-832.

7. — Q »’y avait-il comme population chrétienne dans les pays de mission aux environs de 1700, et qu’en restait-il, vers 1800, après les grandes épreuves ? Impossible de répondre. On n’avait point assez autrefois le goût des statistiques précises, et un peu trop celui des grossissements oratoires. Quand on veut vérifier les chiffres qu’on se passe d’auteur à auteur, et recourir aux sources abordables et sérieuses, on voit qu’il faut beaucoup se délier. Il est fort douteux, par exemple que le Japon ait jamais eu les 1.800.000 fidèles que lui attribue Charlevoix. A consulter les Liiteræ annuæ des Jésuites, qui donnent année par année le chiffre des conversions, c’est 500.ooo, 800.000 au plus qu’il faudrait dire. — Est-il vrai qu’en Chine, ce nombre des Chrétiens soit descendu en cent ans de 800.000 à 187.000 ? Le P. Louis lb Comtk, en 1697, ayant parcouru à peu près toutes les provinces, estimait qu’alors le nombre total des chrétiens ne dépassait pas 300.ooo (Mémoires sur l’Etat présent de la Chine, t. 0, 291). L’Inde aurait, au commencement du xvih* siècle, compté de 1.200 à i.500 mille baptisés, avant la querelle de rites malabars ; — et en 1841, il en restait 837.000. Ce dernier chiffre paraît sérieux : les autres sont de fantaisie. La preuve en est qu’en 169g la mission du Maduré, une des plus florissantes de l’Inde, ne comptait pas plus de 150.ooo fidèles.

Unchiffre, même approximatif, desgains del’Eglise en terres d’infidèles, entre 1500 et 1800, est donc impossible à fixer. Du moins a-t-on essayé de discerner dans la population actuelle des pays qui furent alors pays de mission et ne le sont plus, comme les Philippines ou l’Amérique latine, le nombre de baptises, attestant l’activité des anciens missionnaires.

On arrive au chiffre de 22 millions : entendez que, par les naissances, en 150 ans, la population baptisée depuis 1500 a fourni 22 raillions de catholiques actuels. Chiffre trop fort, car il en faudrait déduire les éléments d’émigration. Chiffre trop faible, car il y faudrait ajouter tous les vieux chrétiens des missions actuelles, reprises par l’apostolat. — Voir KnosB, Kuthulische Missionslatistik, 1908 ; — Cas tbts, Ancient missions statistiks (Examiner de Bombay, 20 août 1921, Il févr. 1922 et The Portuguese missions of Goa Cochin and Ceylan, 18 mai, a4 juin. 1922).

§ 6. — Dix-neuvième et, vingtième siècles

1. — Les mauvais jours passés, l’Eglise se remit au travail. Mais les conditions sont changées. Les voyages deviennent rapides et sûrs. L’Océanie et l’Afrique noire sont explorées, colonisées, partagées. Le Japon s’européanise. La Chine s’ouvre et est contrainte à la tolérance. Partout les persécutions cessent au bruit des canons européens. L’Inde est mise au régime de la pax Britannica. Par ailleurs les races sauvages reculent et disparaissent devant l’envahissement des blancs. Tout cela, et bien d’autres causes encore, font à l’apostolat et des facilités et des difûcultésnouvelles. Notons seulement les grands faits généraux.

2. — D’abord l’augmentation du personnel. Les ordres anciens sont tous ou restés ou revenus à leur poste, Franciscains, Dominicains, Jésuites, Lazaristes, Carmes, Augustins, etc., etc. Une vingtaine de congrégations nouvelles ont été fondées, consacrées exclusivement ou en partie aux missions : Pères de Picpus, Maristes, Salésiens, Pères du Verbe Divin, duSacré-Cœur de Marie (Scheut). Les besoins de l’Afrique noire ont provoqué la création des Palottins, des Pères Blancs, des PèresduSaint-Esprit, des Missions Africaines de Lyon. Il n’y avait qu’un séminaire des missions au début du xixe siècle ; il y en a maintenant une douzaine, et un peu dans tous les pays. A ce contingent européen, il faut ajouter les prêtres, religieux, catéchistes indigènes. En 191 8, le Handbuch du P. Arens donnait le tableau suivant :

4.541 indigènes

477 »

9.198 »

35.263 »

a.335 »

12.377 prêtres, dont

3. 200 « frères »

19.373 religieuses

— catéchistes

— grands séminaristes

Les missionnaires sont certainement plus nombreux qu’ils n’ont jamais été. On en peut juger par ce détail : de la mort de saint François-Xavier à la suppression de la Compagnie de Jésus — deux siècles, — 456 Jésuites travaillèrent en Chine ; et 401, de 1842 à 1892, — 50 ans. De même au Madure. De 1600 à 1800, la mission vit passer 122 Jésuites, tous prêtres, et de 1840 à ig13, 486, dont 3 19 prêtres.

3. — Le nombre des Eglises de mission (préfectures, vicariats, etc.) a singulièrement grandi au xixe siècle. En 1800, il y avait 3 de ces Eglises dans l’Inde, 6 dans la Birmanie, le Siam et l’Indo-Chine, 5 en Chine, 4 aux Philippines, rien au Japon, en Corée, en Océanie, en Afrique. Vers 1840, le progrès s’accuse : Inde, 10 ; Chine, 1 1 ; Afrique, 5 ; Amérique, 8 ; Océanie, 3. En 1922, les Mistiones Catholicæ énumèrent pour l’Inde 30 missions, auxquelles il faut ajouter quatre vicariats syro-malabars et 4 diocèses goanais ; 18 pour l’Indo-Chine, 62 pour la Chine ; 9 pour le Japon ; 3 pour la Corée ; 76 pour l’Afrique, y compris les lies, 10 pour l’Amérique du Nord, 10 pour l’Amérique centrale, 28 pour l’Amérique du Sud, 27 pour l’Océanie, etc.

Entre ces diverses Eglises, existe une hiérarchie spéciale. Elles sont d’abord missions, plus ou moins autonomes. Quand elles ont grandi, elles deviennent préfectures apostoliques, ayant ordinairement à leur tête un prélat, régulier ou séculier, sans caractère épiscopnl ; — puis vicariats apostoliques, dont le chef est évêque, mais sans jouir de tous les droits des cvêques proprement dits. Enfin, quand le Saint-Siège le juge utile, les vicariats deviennent