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PROPAGATION DE L’EVANGILE

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rabattirent sur l’Indo Chine. Le pays avait déjà été touché par d’autres apôtres. Maison peut marquer à l’an 16 1 5 le commencement de l’Eglise de Cochinchine, et à 16a4 celui de l’Eglise duTonkin. Le plus célèbre des ouvriers fut le P. Albxandiib de Ruodbs. En 1663, le Tonkin à lui seul comptait déjà 350.ooo fidèles, et d’ores et déjà ces missions étaient terres de persécution et de martyre. — Voir Du Jarric, Histoire des choses plus mémorables advenues… es Indes Orientales, Bordeaux, 1610 ; — Charlbvoix, Histoire du Japon, i ?36 ; — L. Pages, Hist. de la Religion chrétienne au Japon depuis 1598 jusqu’à 1651 ; 1869 ; — L. Dklplacb, Le Catholicisme au Japon, Bruxelles, 1902 ; — Alhx. db Ruodbs, Voyages ; — de Montbzon, Mission de la Cochinchine et du Tonkin, 1858.

5. — En Chine, la grande difficulté fut d’abord d’entrer. Impossible de dépasser le rocher de Macao. Eu 1579 seulement, le jésuite Ruggibri, bientôt suivi de Mathieu Ricci, parvint à prendre pied à l’intérieur. En 1601, Ricci se ûxait à Pékin.

On l’accueillait, lui et ses confrères, comme savants. Désormais, grâce à leur situation privilégiée et aux services rendus, corrigeant le calendrier, dressant les cartes, fondant des canons, etc., etc., ils parvenaient à maintenir entr’ouverts les ports de l’empire. Alors purent entrer Franciscains, Dominicains et autres. On saitles dissentiments qui s’élevèrent, là comme au Maduréet pour les mêmes causes. Les Jésuites tenaient pour purement civils des rites que d’autres jugeaient suspects. Explications données, Rome jugea pouvoir tolérer. Tolérance provisoire, mais qui permit de nombreuses conversions, môme chez les lettrés et les mandarins. — M. Ricci, I co nmentari délia Cina, Edit. Tacchi Venturi, 191 1 ;

— J. Bruckkr, art. Chinois (Rites), dans le Dict. de Tkéol.

6. — Signalons, en courant, les missions d’Afrique, Congo, Angola, Zambèze, essayées, parfois assez florissantes, partout où le Portugal faisait sentir son autorité. Dans l’Ethiopie, les Jésuites d’abord, puis les Franciscains connurent toutes les alternatives de succès et de persécutions, y compris le martyre. — Bbccari, Rerum Aethiopicarum scriptores, 15 vol.,

1905-19 17.

7. *— Dans le même temps se développent les missions d’Amérique. Au Brésil, en Floride, au Mexique, au Pérou, en Californie, etc., etc., les Jésuites ont rejoint et quelquefois précédé les anciens missionnaires. Entre beaucoup de héros, citons trois saints canonisés : le Dominicain Louis Bbrtrand (-f- 1569) qui évangelisa la Nouvelle-Grenade, le Franciscain François Solano (-} 1610), apôtre du Pérou et de l’Argentine, le Jésuite Pibrrb Claver (fi 654), 1* * père des nègres », à Carthagène.

L’œuvre la plus originale fut celle des Jésuites au Paraguay. Officiellement constitués protecteurs des Indiens, ils les défendaient de leur mieux contre la rapacité et l’immoralité des exploiteurs européens. Pour cela, ils les isolaient, les groupaient en petites républiques chrétiennes ou réductions. On y faisait leur éducation d’hommes et de chrétiens, car souvent c’était à la plus absolue barbarie qu’on les arrachait. On leur apprenait les premiers cléments d’une vie vraiment sociale. Il fallait suppléer à leur incapacité de se gouverner, leur apprendre à bâtir des maisons, à travailler pour vivre, à prévoir les années de disette.

Hier coureurs des bois, toujours grands enfants, ils entraient peu à peu dans la civilisation, et les résultats obtenus faisaient l’admiration des voyageurs. Les premiers villages furent créés en 1609. Les Jésuites avaient, dans cette tâche, de nombreux ému les, surtout chez les Franciscains, lesquels, par des méthodes un peu différentes, visaient au même résultat. — Voir Patrino Fbrnandbz, Rehiciôn historial de Indios del Paraguay (1736), Madrid, 18g5 ;

— F. Sagot, Le Communisme au Nouveau Monde, Dijon-Paris, 1900 ; — Charlbvoix, Hist. du Paraguay, 1757 ; — M. Muratori, Relation des Missions du Paraguay, trad. de l’italien, 1826.

§ 5. — Dix-septième et dix-huitième siècles

1. — Dans l’histoire que nous esquissons, l’année 1622 marque une date. Grkgoirb XV fondait la congrégation De Propaganda Fide, Jusque-là, l’apostolat semblait exiger la coopération des grandes puissances colonisatrices, l’Espagne et le Portugal . Le travail des missions n’était matériellement possible que parallèle au progrès des colonies. De là le patronat Le pape envoyait les missionnaires, érigeait les évêchés, conférait les pouvoirs, et se réservait le contrôle suprême. La couronne assurait les voyages, l’entretien des ouvriers, désignait les sujets pour les bénéfices ; rien, en somme, ne se faisait que par son intermédiaire. Aucun missionnaire ne s’embarquait s’il ne figurait sur la liste approuvée par le Conseil des Indes. Le système avait de gros avantages : il avait ses inconvénients aussi, la liberté de l’apostolat n’était pas entière, et qu’arriverait-il le jour où la couronne cesserait d’avoir la pleine intelligence de ses devoirs ? Mais quand tout se passait normalement, une mission était tout d’abord ouverte en pleine infidélité. Les conversions se multipliant, la mission devenait diocèse ; le titulaire de l’évêché était un Européen, parfois un métis, rarement et seulement sur le tard, un indigène. La mission proprement dite n’était pas supprimée, elle restait une extension du diocèse, et ne disparaissait qu’avec le dernier des infidèles. Normalement, un pas restait à faire : développer le clergé indigène et aboutir à une Eglise se suffisant et pour les ressources matérielles et pour le personnel. Ce programme idéal se réalisa en partie, mais en partie seulement, dans l’empire colonial espagnol, cela grâce à une abondante population métisse. Ce fut en particulier le cas pour les Philippines.

Moins compact, l’empire portugais resta plus loin du but. Si l’Eglise goanaise eut un clergé inférieur indien suffisant, l’épiscopat fut toujours fourni par la métropole. Puis, pour des raisons diverses, les évêchés restèrent clairsemés. En 1622, iln’yenavait encore que six pour tout l’Extrême-Orient ; encore celui du Japon (Funaï) était-il purement nominal. Et les sièges restaient parfois des décades entières, sans titulaires. De très belles missions demeuraient sans pasteurs. Plus on avançait, plus on sentait les inconvénients du patronat.

C’est pour y remédier en partie que fut organisée la Propagande. Il s’agissait de dégager, sans manquer aux contrats passés entre les couronnes et le Saint-Siège, la juste liberté de ce dernier en matière démissions, derelâcher la sujétion exagérée des apôtres à l’égard du pouvoir laïque, d’assurer au pape d’une façon plus efficace la haute direction des Eglises d’outre-mer, de suppléera ceque l’Etat ne faisait pas et d’organiser une hiérarchie plus complète. En somme, on voulait concentrer et centraliser un travail jusque-là trop dispersé. Peu à peu seulement, le programme sera exécuté, à mesure que s’affaiblira la puissance du Portugal en Asie. Car, en Amérique, les missions, étant presque partout appendices de diocèses réguliers, ne dépendaient pas ordinairement de la Propagande. — A. Huondbr, 300 Jahre Propaganda (161Q-192Q). Die Katholischen Missionen 1 931-1921. N. 4> P- 65.