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péché. Alvarez ajoute, pour couvrir sa conception nouvelle de la volonté conséquente, que la volonté conséquente peut tort bien coïncider avec la volonté antécédente, comme on le voit dans le cas des prédestinés. Cette assertion soulève une question de mots et une question de doctrine. On pourrait laisser passer la queslion de mois ; car, en soi, il ne répugne pas que la volonté divine, une et identique à elle-même, soit considérée antécédemment et conséquemment à un même terme qui ne l’affecte pas ; notons cependant que cette généralisation est contraire à l’usage constant de. saint Thomas, qui ne parle de volonté conséquente que) onr l’opposer à la volonté antécédente. Alvarez n’a pu citer qu’un exemple contraire, emprunté au Commentaire Jn Sententiaa, ad Annibaldum, I, d. Ui, q. un. art. 2 ad. i m ; mais cet écrit est aujourd’hui reconnu apocryphe (Voir Majtoonnrt, Des écrits authentiques de S. Thomas d’Aquin-, Fribourg (Suisse), 1910). La question de doctrine est plus sérieuse, car elle tit à une conception de la réprobation antécédente à la prévision de toute infidélité. Nous croyons que rien ne saurait être plus contraire à la pensée de saint Thomas, qui enseigne, I a, q. r ïi, art. 3 a Aliter se habet reprobatio in cautando quant prædestinatio.

La conception de Jkan de Saint Thomas, O. P. (~ 1 64 4). ressemble beaucoup à celle de Bafiez. Lui aussi croit trouver chez saint Thomas l’idée d’une réprobation négative antécédente, c’est-à-dire dune volonté divine qui, en permettant la faute et l’i m pénitence, prépare le châtiment éternel. In la’» q. a3, Disp. x, art. i 13, Cursus Theologici, t. II, p. 3go B, Lugduni. 1663 : Eligimus, iuxta D. 7 homæ mentent, reprobationem formaliter et essentialiter et adæquate dicere providentiam divinam circa ereaturas déficientes al> aeterna vita cum voluntate permittendi cul pam non remittendam et præparandi poenam non terminandam, ita quod reprobatio isla supponit permissionem illam culpae, sed præcedit et ordinat.

Billuart, O. P. (-j- 1757), atténue grandement les rigueurs de plusieurs de ses devanciers au sujet de la réprobation. Après avoir écarté, avec tous les catholiques, la réprobation positive au sens de Calvin, il écarte la réprobation négative au sens moliniste et au sens augustinien ; il écarte même la réprobation négative au sens des anciens thomistes, en déclarant qu’il l’estinn trop dure et n’en a pas trouvé trace chez S. Thomas. Cursus Theologiae, De /’eo, Dis]), ix, art. 9, § a éd. Paris, 1 83g, t. I, p. 4 r >4 A : Concertaiin nobis est cum quibusdam Thomistis 1 ui reponunt reprobationem negaticam tam angeh rum quam hominum in exclusione positiva a gloria tanquant a bénéficia indebito, sicque esse gratuitam et antr prævisa demnita. Ex hoc autan intentione excludendi positive a gloria volunt Deum progredi ad præparaiidum médium quo hær exelusio habeatur, se. permissionem peccati, quo prærisa, sir exclusis decernit aettrnam damnaiionis poenam, nempe. poenam sensus 1 1 poenam damni… Ita Alvarez, Salmanticenses, Joannes a S. Thoma, Gonet, Coutenson et alii. Nos vero huiusmodi reprobationem negativam non agnoscimus, cuius ne vestigium rep rimus in S. Thoma, conique duriorem arbitramur. Là-dessus, il expose sa propre conception de l probation négative, consistant dans une volonté simplement permissive du péché et de l’impéniti conception qui ne laisse pas d’être dure, puisqu’elle devance la prévision du démérite. Il appuie sur lea exigences de l’ordre universel l’intention que eut, de toute éternité, de laisser certains indh déchoir pour ne plus se relever. Comment se fei 1 le

discernement de ces individus, à qui Dieu ne donnera point une grâce eflicace de relèvement ?Billuart omet de nous le dire. Il ajoute seulement que Dieu ordonne ultérieurement leur faute, qu’il a prévue, à la manifestation de sa justice, par une sentence de damnation. Ibid., p. 457 A.

Dans son traité De Gratia et libéra arbitrio (Friburgi Helvetiorum, 1907, 3 in-8), le B. P. i>fl Phado, O. P., rencontre ! a question de la prédestination, t. III, c. vi et vii, p. 187-300. Il la traite, comme plusieurs autres, d’un point de vue polémique, ce tome 111 (600 pages) étant exclusivement consacré à la critique du molinisme. qui revient d’ailleurs perpétuellement au cours des tomes I et II. Lui demander une lumière quelconque sur la pensée de Molina, serait illusion pure. Nous préférons interroger Molina et les auteurs qui ont essayé de le comprendre. Mais on trouvera chez le P. del Prado une pensée authentiquement banne-sienne.

2° Théologiens de la Compagnie de Jésus

Dans sa Concordia liberi arbitra cum gratiæ donis, divina præscientia, providentia, prædestinatinne el reprobatione, parue pour la première fois à Lisbonne en 1588, Louis Molina. S..1., demande à la considération de la prescience divine la solution des dillicultés inhérentes au mystère de la destinée humaine. Définissant la prédestination, il maintient le point de vue delà prédestination totale, qui fut celui de saint Thomas ; son originalité consiste à introduire, dans l’organisation du concept traditionnel, la notion de cette science ouvrière qu’il appelle la science moyenne. Quacst. xxiii, art. 4 et 5, Disp. 1 m. f>, éd. Paris, 1876, p. r>o5 : Hutio or, Unis ac mediormn quibns Drus pev scientiam naturalem et médium interliberam et mère naturalem prævidii creaturam aliquam mente præditam perrenturam in vitam aetemam, cum proj osito détermination eve divinae voluntatis ex parte sua ici executioni mandandi, est prædestinatio la Us creaturae. Il maintient que la prédestination totale ne sauraii avoir aucune cause en dehors de Dieu, mais procède uniquement de sa volonté miséricordieuse, ibid., p. 508 : Prædestinatio adklti, quoad suum integrum effectum, nullam habet causam exporte ipsius prædestinati, sed tota eu m Dei voluntatem misericorditer prædestinantis tanquam in causam reihicendu est. Il maintient encore que l’objet de ha prédestination totale présente une organisation interne et une adaptation de moyens à la Qn, dans laquelle figure la coopération de l’homme au dessein de Dieu. Ibid., p. 5a6 : Quod voluntasilla Dei aeterna, qua adultis ea média ex sua porte conferre staluit quibus in heatitudinem perveniunt, rationem prædestinationis habuerit, tanquam a condition » sine qua eum ratinnem non habuisset, ex eo fuit dépendons quod adulti ipst eo modo pro sua innata libertate mûri iront suo arbitrio u> o I eum pervertirent, idque Deusaltitudine sui intellectuspræviderit. I ! définit la réprobation, Q.xxiii.a.3, Disp.ui, p. 433 : Tudicium aeternumquo creatura raiionatia a Deo indigna iudicatur vita aeterna, dignaque quæ aeterna poena puniatur, eu to cum perpetuo exclu ci, n ii u regno cælesti, a ut simul etiam puniendierwciatibus aeternis poenave sensus, /iront fuerint illius peccata. Avec saint Jean Damaseèneet saintThomas, il se refuse à voir, dans la volonté antécédente en Dieu de manifester sa justice, la raison principaleou suffisante de la permission du péché et de la réprobation des pécheurs. A ses yeux, la raison principale est l’ordre même des choses lequel demanda que la créature libre agisse librement, et entraîne comme conséquence certains écarts dans des cas pai ticulier », Ibid, p. 437 : Multi igiiur alii finit fines, iique præ m