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MARIE, MERE DE DIEU

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Snra, Rébeccn, Anne, Elisabeth ont obtenu, à force (le larmes, de Tieux et de prières, une postérité ; c’est uprès une loDjiue épreuve et des années d’angoisse, ijue la fécondité combla leurs t.iui : vraiment heureuse Marie, qui n’a pas désiré une postérité, n’a point répandu de prières ni formé de vœux pour l’obtenir, et néanmoins à conçu sans détriment de sa virginité, et a mis au monde le Seigneur, à qui rendent obéissance tous les enfants Je lu femme, saints et justes, rois et prêtres, qui furent dans le passé nu seront à l’avenir ! Quelle mère fut jamais serablabli à Mûrie, à qui il fut donné d’ulTrir à l’enfant cache dans son sein le tendre hommage de sa parole et de ses chants, que dis-je, de dire au Fils du souverain Ouvrier, au Fils du Créateur, au Fils du Très-Haut ; Mon tils !

/irmni et Sermones, éd. Laray, t. ii, 608, sur la conception virginale :

Cette vierge devint mère en conservant intact le sceau de la virginité ; enceinte en demeurant vierge, mère et servante de Dieu, chef-d’œuvre de sn sagesse.

Voici un raisonnement théologique, tendant à établir, par voie d’analogie, la perpétuelle virginité de la Mère de Dieu, Adveraus hæreticos ; Opéra græca, éd. Roraae, i^iS, t. ii, p. aôôE-aô^E :

Pour nous, telle conception, tel enfantement. La mère, en concevant, perd sa virginité ; en enfantant, elle souffre. Gomme elle perd le sceau de la nature en concevant, en enfaiitajit, non seulement elle s’ouvre, mais elle succombe, au détriment de la nature ; elle soufi’re des douleurs qui lui rappellent son intégrité perdue. Car la seiucnce parvenue à maturité prépare des douleurs cuisantes avec les ardeurs de l’enfantement. Pour le Christ, il n’en va pas ainsi : il fut enfanté sans douleur, comme il avait été conçu sans détriment de la viryinité. Il avait été conçu dans une cîiair vierge, non par l’œuvre de la chair, mais par celle du Saint Esprit. Aussi est-il né d’une vierge. Le Saint Esprit ouvrit le sein maternel, pour donner passage à un homine qui est l’Auteur de la nature, comme il avait assisté la vierge pour la croissance de son fruit. C’est l’Esprit qui présida à cet enfantement virginal. Aussi l’enfant laissa-t-il intact le sceau delà virginité ; lu vierge ne souffrit pas en donnantpassage à l’enfant et récupérant le sceau do la nature, -comme les conques ontr’ouvrent leurs plis pour donner passage à la perle et reviennent à leur intégrité initiale.

On a vu souvent un objet devenir meilleui- aux mains de celui qui l’avait emprunté pour son usage : c’est que l’emprunteur, étant bon ouvrier, avait su corrif ; er une matière imparfaite. Combien plus Dieu, emi>runtant une nature saine, ne l’a-t-il pas rendue, non piî’e, mais meilleure ! Il avait emprunté une nature intègre : il l’exempta -de douleurs en naissant d’elle.

… Les princes ont coutume d’accorder des privilèges aux villes témoins de leur couronnement ou de leur naissance : le Fils de Dieu n’aurait pas conservé à la vierge sa mère la virginité, quand il le pouvait. Les maîtres du sol savent y faire jaillir des sources, améliorer le régime des eaux et de l’air, à force d’ingéniosité. Le Christ n’aurait pas, à plus forte raison, corrigé les défauts de la nature.^ Homme, il aurait abandonné sa propre mère à la condition d’une femme quelconque.-’Non ; comme le ^ihrist seul naquit d’une vierge, Marie sa mère devait enfanter sans détriment de sa virginité et devenir mère sans douleur…

L’antiquité syriaque, aujourd’hui encore trop peu connue, a mis bien d’autres fleurons à la couronne de la Vierge.

Ijl G. Eglise latine. — Quelques années après l’écrit

; de saint Epiphane contre les Antidicomarianite.s’, d’Orient, saint Jérôme (-j- 420) entrait à son tour en’lice, pour venger en Occident l’honneur de Marie.

I L’étendue de sa science, dans les trois domaines

i latin, grec, hébraique, jointe à l’autorité qu’il allait

j acquérir comme traducteur des Ecritures, devait

I assurer à son intervention une ellicacité durable,

] pour toute l’Eglise.

Un écrivain obscur, nommé Helvidi us, prétendait prouver par l’Evangile qu’après la naissance de Jésus Marie avait eu commerce avec son époux. Il tirait argument : 1" du nom de « ûancce de Joseph », ([ue lui donne le texte sacré (Malt., i, 18 sqq.) ; 2° de cette assertion, que Joseph ne connut pas son épouse « jusqu’à » la naissance de Jésus (Malt., I, 25) ; 3" du nom de « fils premier-né de Marie », appliqué à Jésus (Luc, ii, 7) ; 4" enfin des nombreuses allusions aux « frères du Seigneur ». A ces difTicultés veriiales, Jérôme oppose une discussion très solide. Le livre De perpétua vir^inilaté B. Mariæ adversus Hehidium (383), P. L, XXIII, 183ao 6, est le premier écrit distinct consacré à Marie par un Occidental. Et c’est le plaidoyer décisif pour la virginité de Marie post partum.

1° Avant d’avoir eu commerce avec son épouse, Joseph la trouve enceinte (Matt., 1, 18) : pour que cette phrase ait un sens, il n’est pas nécessaire de supposer que Joseph eut ensuite commerce avec son épouse ; tout de même que, si l’on dit : avant d’aller en Espagne, Paul fut emprisonné à Rome, on ne donne pas nécessairement à entendre que Paul, délivré de prison, s’empressa de mettre à exécution son projet de voyage en Espagne. Il n’y a pas non plus à tirer argument du mot « épouse >>, qui, dans la langue de l’Ecriture, s’applique aussi bien aux fiancées. Si l’on demande pourquoi la mère de Jésus fut fiancée à un homme, voici trois réponses plausibles : I) pour donner à l’Evangile lieu de nous faire connaître, à l’occasion de la généalogie de Joseph, celle de Marie ; 2) pour ne pas exposer Marie à être lapidée comme adultère, selon la Loi ; 3) pour lui procurer un appui et un guide en vue de la fuite en Egypte. En présence de l’accomplissement manifeste de l’oracle d’Isaïe touchant la mère de l’Emmanuel (/s., VII, 14), l’incrédulité juive ne désarme pas : combien plus redoutable n’eùt-elle pas été si un soupçon injurieux eût plané sur le berceau de Jésus ? Aussi Jésus passa-t-il pour le tils de Joseph, et Marie elle-même lui donna ce nom (iii-iv).

a° Joseph n’eut pas commerce avec son épouse, jusqu’à la naissance de Jésus (Matt., i, 26). Ce a jusqu’à » ne préjuge nullement l’avenir : l’Ecriture présente un grand nombrede cas semblables, où « jusqu’à » marque un certain terme, sans pronostiquer un changement au delà de ce terme. Par exemple, Dieu dit par la bouche du prophète : « Je suis, jusqu’aux jours de votre vieillesse » (/s., xliv, 6) : par là il ne donne pas à entendre qu’une fois passés pour ses serviteurs les jours de la vieillesse, et le temps du repos venu, il ne sera plus. Le Sauveur dit à ses Apôtres : « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la consommation du siècle » (Malt., xxviii, 19) : on aurait tort d’en conclure qu’après la consommation des siècles, il abandonnera les siens. De même, l’Evangile a pu marquer la nativité du Seigneur comme un terme avant lequel Marie n’a pas connu d’époux, |)arce que cela seul importait ; il ne suggère pas par là qu’après ce terme Marie connut un époux. Au contraire, on doit supposer que, si Joseph respecta jusque-là son épouse, il la respecta beaucoup plus après avoir appris, par révélation divine, un si grand mystère. L’avertissement divin l’avait trouvé prêt à se séparer d’elle par délicatesse de conscience ; cette même délicatesse devait, à plus forte raison, lui imposer une entière réserve à l’égard de la vierge conûée par Dieu à sa garde, au lendemain de son ineffable maternité (v-viii).

3" Un premier-né, selon le langage de l’Ecriture, n’est pas nécessairement le premier d’une série de frères, mais bien celui que nul autre n’a précédé (Ex., xxxiv, 19-20 ;..Yiini., XVIII, lô-i^). Cela estsi vrai