Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 3.djvu/964

Cette page n’a pas encore été corrigée

1J19

PENTATEUQUE ET HEXATEUQUE

1920

l’historicité du livre de Josué, Vigoubodx, La Bible et les découvertes modernes^, III, 3-16, Paris, 1896. KiTTEL, Geschkhte der Ilebrner, I, 2^7 sqq., Gotha, 1888.

Contre la vérité historique, on ne doit pas ol)jecler les miracles étonnants rapportés dans le livre de Josué. La nécessité ou du moins la souveraine convenance de ces prodiges apparaît pour peu que l’on considère combien un peuple de pasteurs incultes, tel que les Israélites, était incapable de vaincre, par ses propres forces, les Ghananéens, instruits et cultivés. Plusieurs auteurs expliquent le miracle du soleil par une prolongation miraculeuse de la réfraclion des rayons solaires.

Cf. ScHBNz, Einleitiing, )& ; Pklt, Histoire de l’A. T., I, 379 n. 2 ; Hbtzenaueh, Theologia Biblica, I, 143 sq. L’hagiographe expose certainement un miracle..Mais comme les auteurs sacrés, dans la description des phénomènes physiques, se conforment non à la nature intime des choses visibles, mais aux apparences extérieures(LKON XIII, Encycl. Protidentissinius Z)eus), cemiracle ne doit pas s’entendre d’un arrêt réel du soleil (ou plutôt de la terre) au milieu de sa course. Longues considérations chez lIuMMBLAUBit, Comm. in los, , 23^-248 : il croit à une grêle violente accompagnée d épaisses ténèbres qui cachaient tout : en apparence, le soleil s'était couché. Devant la chute des ténèbres, Josué s'écrie :

« Soleil, arrête-toi sur Gabaon ! » La grêle prodigieuse passe et le soleil reparaît. Donc, ce jour-là, 

le soleil s'étaitlevé deux fois, et d’un jour avait fait comme deux jours (Eccli., xlvi, 5). Cf. Bruckku, Eludes, 5 févr. 1904. Cette explication n’agréera pas à tout le monde ; Cf. Lamy, L’arrêt du soleil par Josué ; Le Prêtre, 7 juin 1906 ; Lesêtub, Les récits de l histoire sainte ; Josué et le soleil, Bei-. prat. (/'.-(/joL, II, 351-6 (1907), dit que Dieu, ménager des moyens, satisUt par une giôle au désir de Josué. Cf. I.e surnaturel dans la Bible, ib., (1910), 892 sq. 1. BounuBR, L’arrêt du soleil par Josué, liev. du Clergé fr., XII, 44 sqq. (1897) : Dieu, par une grêle violente, détruit autant d’ennemis que les Israélites ennuraienl pudélruireendeux jours ; cf.ib., XXXlX, 575-594 (1904)et XLII, 95-97 (1906). Selon A. VéronNET, ib., XLI, 583-603 (igoS), ce texte poétique, relatif au miracle du soleil, emprunté au a livre des Justes », aurait été inséré postérieurement au livre de Josué. F.X. ICuQLER, S. I., /4s(ro ; (o » ( ! sc/ie u.meteorologische Finsternisse, Z. S. d. Deutsch. Moigen. Gesellschaft, LVI, 60 sqq. (1902), attribue les ténèbres à l’elfet de la grêle. Voir aussi Van Mirhlo, S.I., Das Wunder Josues, Z.S.f. Katti. Theol., XXXVII, 895-911 (191 3).

On estime tout à fait contraire à la bonté divine l’ordre donné d’exterminer les Chananéens, xi, 20 :

« Domiui enim sententia fuerat, ut indurarentur

corda corum et pugnarent contra Israël et caderent el non mererentur uUam clementiam ac périrent sicut præceperat Dominus Moysi. » Mais d’une

part, les Chananéens, adonnés à des vices infâmes et à une honteuse idolâtrie, avaient mérité ce châtiment d’une destruction rigoureuse ; d’autre part, le salut des Israélites, trop enclins à l’idolâtrie, exigeait l’extermination de ce peuple, dont l’exemple eût été pour eux une tentation continuelle ; cf. S. Augustin, C. Faust. Manicli., XXI1, lxxii-lxxix. — LKsiiTRE, L’extermination des CItananéens, li. P. A., IV, 472-476 (1907). Enfln, il faut avoir devant les yeux les mœurs barbares de ce temps. Dès lors, l’objection soulevée contre l’inspiration de ce livre, à cause des pages indignes de Dieu, tombe.

Au temps de Jésus ûls de Sirach, le livre de Josué était compté parmi les Ecritures canoniques ; cf. Eccli., XLVI, I S(jq. Il est encore cité Ileb., xi, 30 :

« Fide mûri lericho corruerunt circuitu dierum septein » ; xiii, 5 : « Ipse enim dixit : Non te deserara

neque derelinquam » (i, 5). — Donc ' autorité divine du livre de Josué est incontestable.

Théorie de l’Hexateuque. — Des critiques récents (EwALD, Knobbl, Schrader Blbek, Rkuss, KuBNEN, Wblliiausen, Holzingkr, Driver, Cornill, Steuiîrnagbl, etc.) assurent que le livre de Josué fut lirimiLivement conjoint aux cinq livres de la Loi, de manière à constituer un ouvrage en six livres (//(?ar « teur/ue) ; cette unité ressortirait du fait que le livre de Josué est tiré des mêmes documents i|ue le Pentaleuque : pour la partie historique, la source élohiste et iahviste ; pour la partie géographique, le code sacerdotal (surtout) ; le deutéronomistej' aurait mis la dernière main. Cette opinion paraît entièrement arbitraire ; car a) Elle ne s’appuie sur aucun argument historique : le Penlateuque a toujour.-, été divisé en cinq livres, le livre de Josué était rangé dans une autre classe de livres sacrés, parmi les premiers prophètes ; — b) Quant à la disposition, le livre de Josué ne dépend pas du Pentateuque ; ainsi fos., XIII, 8 et « X, 8 raconte la distribution de la terre au delà du Jourdain et la désignation des villes de refuge, dont il a déjà été question dans le Pentateuque, Mj m., XXXII, 33 ; Deut., , li. Si le Pentateuque et le livre de Josué constituaient un même ouvrage, cette répétition serait superflue ; — c) Ajouter le caractère différent de la langue, surtout la ililférence dans l’orthographe des noms propres, l’absence des formes archaïques qu’on relève dans le Pentateuque ; ^ d) On a montré plus haut que la distinction des sources dans le Penlateuque ne peul être prouvée solidement ; la même obseration vaut pour le livre de Josué.

On trouvera dans notre Introductio specialis in libroi V. T., pp. 66-68 et 76-77, l’indication des principaux commentaires modernes, catholiques et non catholiques, sur le Pentateuque et le Livre de Josué.

Hildebrand Hoepix, O.S.B.