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1909

PENTATEUQUE ET HEXATEUQUE

1910

sacré dans son travail ; risn n’empêche que i’Lagiographe use de documeiits préexistants et les insère, en tout ou en partie, dans son livre. Donc le Penlateu « jue a pu être composé de divers documents écrits qu’un auteur inspiré postérieur à Moïse aurait réunis. Et si l’on maintient que la très ijrande partie de ces documents a été écrite par Moïse lui-même, l’origine mosaïque du Pentaleuque, au sens large, est sauve.

J. BnucKBi<, S. J., L’Eglise et la critique biblique, 14> sqq., Paris, 1907, admet que plusieurs documents d’origine mosaïque, qui peut-être existaient séparés avant l’exil de Bab.vïone, ou avant le temps d’Eadras, auraient été alors réunis en un seul (>ivrage, non sans diverses retouches et additions. H. M. WiKNKR, Contributions lo a nen tlieory of tite compositiun of the l’entaleuch, liibliotheca sacra, LXXV, 80-10.? ; 287-266 (19 18), pense que le Pentateuque fut à l’origine une bibliothèque « de divers livres écrits sur des peaux, des feidlles, des tablettes », lesquels auraient soufrert, au cours de leurs tiinsmission, dommage et désordre. L’archétype représentait une édition de ces restes. IN0- : exemplaires représentent des recensiojis de cet archétype.

L’erreur des auteurs modernes non catholiques coQsiste surtout en ce qu’ils abaissent outre mesure l'âge des sources, nient en tout ou en partie la vérité dirs faits racontés dans le Pentateuque, admettent une lente évolution de la religion d’Israël, depuis le pi lythcisme ou même l’animisme et le tote’misme jusqu’au monothéisme pur (Wkllhausen, Stade, DiiQM, Maiiti, Buude…). Comme ces erreurs ne tien1Il nt par aucun lien nécessaire à la théorie de la distinction des sources, même des auteurs catholiques y ont souscrit. Ainsi J.M. Lagkangk, O.P., /.es sources du Pentaleuque, Itev. Bibl., Vil, io 32 (1898) ; F. db IliiGEL, I, a méthode historique, etc. (Cf. Biiiggs et V. HÙGBL, Tha Papal Coinntission and the Pentateuch ; London, 1906) ; H. Lucas, S. J. (Cf. I. Desphès, Opinions catholiques sur l’origine du Pentateuque ; lîe>. ou Clergé français, XVII, 526-627 et surtout 550-556 (li^g) ; Gigot, Spécial Introduction lo the study 0/ the O. T., I, 85 sq., New-York, 1901 ; V. Zaplbtal.O.P., JJer Schùpfungsbericlit der Genesis, 1 sqq., Freiburg (Suisse), 1902 ; A. ScuULZ, iJoppelherichte im Pentateuch ; Bibl. Studien, XUI, 1, Freiburg, 1908 ; dansun seus très modéré, P. Vbtteb, Theol. Q. S. LXXXV, 620 sqq. (igoS), cf. Gùttsbiîrgkh, P.Vetter’s Stellung zur Pentaleuchhrit’i !  ; , Bibl. Z.S., V, 1 13-ia5 (1907).

Néanmoins cette théorie de la distinction des sources paraît jusqu’ici dépourvue de preuve solide ; aussi réprouvons-nous énergiquement l’assurance et la facilité avec laquelle ses défenseurs dissèquent le livre de la Loi et en assignent à telle ou telle source les membres épars. Les arguments tirés soit do Vusage différent des noms divins, soit de la diversité de langue et de style, ne produisent pas une raie certitude.

I. On ne peut nier que l’usage des noms de Dieu varie notablement dans le Pentateuque, surtout dans la Genèse, où d’ailleurs on admet la pluralité des documents ; parfois durant une série de chapitres, le nom d' Elohtm repai&il seul ; durant une autre série, lo nom de lahc. De là, les critiques anciens ont conclu à la diversité des sources, les critiques récents urgent moins la diversité des noms divins, mais pourtantlui demandent une conCrmation. Or, l’usage divers des noms divins peut souvent s’expliquer par d’autres raisons, sans qu’il soit besoin de recourir à la pluralité des sources : la signilication des divers noms divins sullit à cela. Toutes les fois qu’il s’agit de la création et du gouvernement du monde, l’auleur sacré emploie presque exclusivement Elohim,

de même toutes les fois qu’il fait parler un personnage étranger au peuple choisi. Le nom El.Schaddai (Dieu tout-puissant), G « n., xvii, l-15 ; xxxv, g-12 ; xLix, 26, se rencontre dan » la vie des patriarches quand Dieu fait des miracles. Le nom saint lalné — nom de Dieu qui, ayant conclu avec le peuple choisi une alliance solennelle, a rempli (idèlcment ses promesses faites aux patriarches — cf. J. P. van KastbitBis, S. J., Jahié et El."^chaddai ; I.a science catholique, VIII, 296-815 (1908-4), — est employé presque toujours quand les iils d’Israël parlent de Dieu, quand il est question de VAlliance ou des Lois. Le nom Elohim se rencontre principalement dans la Genèse et dans la première partie de l’Exode qusqu'à xxiv, II), remplies presque entièrement par le récit de faits historiques ; le nom liihvc se rencontre dans la seconde partie de l’Exode (à partir de xxiv, 12), dans le Lévitique (exclusivement), dans les Nombres (378Iahvé, 10 Elohim), parties consacrées à provoquer ou à expliquer des lois. Il faut considérer en outre l’usage du [>arler commun : il y a des phrases stéréotypées oii revient toujours le même nom de Dieu ; ainsi un prophète, est appelé homme d’Elohîm {Deut., XXXI, 1) ; on dit : la verge d'Ëlohim (Ejc., IV, 20 ; vil, 9) ; le doigt d’Elohim (£'a., xxxi, 18) ; voir Elohim (Gen., xxxii, 30) ; le mont Siiiai, où Dieu s’est manifesté, est toujours (sauf jVhw., x, 33) appelé mont d’Elohlra.£j., iii, i ; iv, 27 ; xviii, 5 ; xxvii, 13. Cf. P. Vktter, Die lilterarliritische Bedeutung der A. 7'. lichen Gollesnamen ; 'Iheol. Q. S, LXXX’V, 12 47 ; 202-235 ; 520-547 (1908) ; cf. i'/î/. i ?..S'., IV, 63sqq. (1906) ; G.HoBBRG, Jifose.-i « n</ der Pentatiuch, i<^ sqq.

D’autre part, il semble qu’au coui-s des temps l’incurie des scribes ou d’autres raisons aient accompli un changement ; aussi arrive-t-il que nous trouvions lahvc là où l’on attendrait Elohim, et vice versa.

I. Dause. Te.vtkritiscke Bedenken gegen den Ausgangspunlit der heutigen l’entateuchiritik. A ; chif. f. lieligionswi.-isenschuft, VI, 305-31 9(1904), révoque en doute l’authenticité des noms divins dons le texte massorétique ; cf., du même auteur, Textkritische Malerialien zur Hexateuchfrage. I. Die Goltesnamen der Genesis, Giessen, 1912 ; avec les jugements de E. Selun, A’eue Kirchl. Z. S., XXIV, 119-198 (1918) et surtout del. SEiNNnn, The divine names in Genesis, Expositor, 8 S. V, 284-313 ; 404-420 ; 494-514 (1918) ; VI, 18-45 ; 97-116 ; 266-288 (1918), qui défend la tradition massorétique relative aux noms divins. Eh outre, cf. I. Skinnkr, The name of God in Genesis ; Expositor) Times, XX, 288 sqq. (1908-g) et H. M. "VV^iENEK, ib., 473-5. I. HoNTUEiM, S. I., Die Gottesnamen in der Genesis, Z. S. f Kalh. Theol., XXXIV, 626-640, (1910). s’efforce de prouver que les noms de Dieu sont employés dans Gen. selon une certaine loi numérique : laluc et Elohtm paraissent chacun 160 fois, l’histoire d’Abraham et de Jacob présente 108 fois les noms de Dieu ; cette idée n’a pas rencontré d’approbation. N.I. Sculoeul, Expositorr Times, X, 563 (1908-9) prétend que lahvé ne ligurait pas dans le texte original de Gen., i, i-Ex., iii, 12. HoBERG, Genesis'-, xxvi sqq., pense que le nom de lalivé a été postérieurement substitué à ElohiiB dans les passages où il est question de Dieu comme auteur de l’ordre surnaturel. D’autres auteurs, comme V. P. Barns, Larévélation du nom divin létragrammaton, Bev. Bibl., U, 32g-350 (1898), i>eusentque ce nom était inconnu des Israélites avant le temps de Moïse, ce que nient avec raison Cii. Robkht, I.a révélation du nom divin Jéliovah, ib. III, 151-161, (1894) ; Corluv, S/)icilegiam, dugm.biLl., I, io4. sqq. Gandavi, 1884 ; Hetzenaubr, 'Theolugia Biblica, l, 378 ; VAN Kastehen, 1. c. et d’autres. Voir encore E. Navillk, Les deux noms de Dieu dans la Genèse.