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1897

PENTATKUQUE ET IIEXATEUQUE

1898

v-xxvm. Voir IIum.melauek, Comm. in Deut., 59, Paris, 1901). Celle loi, composée sous le règne de Josias ou peu avant, aurait été présentée au roi comme découverte dans le temple, et ainsi introduite par une pieuse fraude (ou par une liction juridique, selon quelques auteurs catholiques).

Certainement ce livre de la Loi ne comprenait pas tout le Pentateuque, il n’était même pas très étendu, car aussitôt après la découverte, le scribe Saplian le lit (IV iieg., xxii, 8) et, le même jour, en donne lecture au roi (il)., 10). On pourrait répondre qu’il ne ressort pas du texte que le livre entier fut lu ; pourtant c’est ce qui ressort sûrement de XXIII, 2 : « Legit cunctis audientibus omnia erba libri foederis, qui inventus est in domo Domini. >> Il est vrai aussi que des Pères ont vu dans ce livre le Deutéronome (Ainsi S. Jicromk, Adf. lovin., i, y : (I losias vir iustissimus, sub quo in templo Deuteronomii liber rcperlus est. » De même. In Ez., I. 1. S. JeanChrysostomf, In Malt., /fom., ix, 4 : « Après longtemps, le livre du Deutéronome, qui était perdu, fut enfin exliumé. » De même, Puocoi’e de Gaza, Comm. in Dent., xvii, 18). Admettons qu’il en soit ainsi ; que conclure ? Cette Loi est rapportée à Moïse, ou du moins appelée livre de la Loi de Moïse. En effet, Josias, pour avoir mis en vigueur le texte de îa Loi contenu dans le livre découvert par Helcias (IV Heg., XXIII, 29), sera loué d’être reenu au Seigneur selon toute la Loi de Moïse (ib., iS) ; d’où il résulte que le livre découvert dans le temple était la Loi de Moïse.

Cependant il ne paraît pas entièrement certain que la Loi découverte fût le seul Deutéronome, ou sa partie principale, à l’exclusion des lois lévitiques. S. A. Pries, Die Gesetzesclirift des Kunigs Josias, i-40, Leipzig, igoS, s’est efforcé de prouver que la réforme religieuse accomplie par le roi Josias s’appuyait sur les lois promulguées dans Ex., xxxir. Cependant il n’est pas douteux que ce livre de la Loi comprenait au moins une partie de notre Deutéronome, car certaines mesures prises par Josias ne peuvent se ramener qu’à Deut. Ainsi la prohibition du culte de la milice céleste (tV Reg., xxiii, 5 ; cf. Deut., IV, 19 et xvii, 3). Mais c’est une autre question de savoir si la Loi découverte était Deut., seul. Le principal argument en faveur dé cette opinion se tire du fait que Josias, pour accomplir la Loi découverte, abolit tous les sacrifices hors du temple de Jérusalem et limita le culte divin à un sanctuaire unique. Or celle limitation locale n’est prescrite que dans Deut., xii. On pourrait répondre : la réforme religieuse du roi Josias ne semble pas avoir consisté exclusivement dans la limitation du culte, mais surtout dans l’extirpation de l’idolâtrie, qui avait infecté toute la terre. Cela ressort surtout de IV fieg., XXIII, /|, où il est dit que Josias supprima le culte de Baal, de Moloch et des autres dieux. L’idolâtrie était, sans doute, le grand péché du peuple : voir les paroles de la prophétesse Hulda, ib., xxii, sq..- « Ecce ego adducam mala super locum islum.., quia dereliquerunt me et servieruni dits alienis. » Mais l’idolâtrie n’est pas condamnée moins sévèrement dans les autres livres que dans Deut. La limitation du culte à un sanctuaire était un moyen nécessaire pour atteindre cette lin principale. Gomme le culte idolfttrique affectionnait les montagnes et les collines répandues sur la terre, Josias, pour restaurer et maintenir le culte du vrai Dieu, détruisit tous les hauts lieux et ordonna que tous les sacrifices seraient offerts dans le temple de Jérusalem. Plusieurs fois, dans le récit de cette restauration religieuse, il est question de la destruction des hauts lieux ; ainsi, xxiii, 8. 15.

Or le terme technique hamah (haut lieu) ou iamot (hauts lieux) ne se rencontre pas une seule fois dans Deut. ; deux fois seulement on lit hamah, mais au sens poétique el métaphorique, dans le cantique de Moïse, Deut., xxxii, 13 : < Constituit eum (populum) super excelsam terrain ( » / bumiile (irez), ut comederet fructus agrorum » ; et dans la bénédiction de Moïse, Deut., xxxiii, 29 : « Tu eorum colla calcabis {’il bamàlêmô) « ; donc dans ces parties qui, selon les critiques récents, n’étaient pas contenues dans la Loi découverte sous le roi Josias. Mais le terme bamah revient souvent dans la Loi lévitique ; ainsi /.ei., xxvi, 30 : « Destruam excelsa veslra » ; Num., xxxM), 52 : « Omnia excelsa vastate ». Le roi Josias détruisit des statues du soleil, IV /i’e^., xxiii, )i, cf. /, er., xxvi, 30 : «.Simulacra confringam » ; il détruisit les stèles, cf. Aei’., xxvi i : « Neque titulos (m « r : ei « /i)erigelis » ; il interdit la nécromancie ella magie, IV lieg., xxiii, 5, cf. Lev., xix. 31 : « Non declinetls ad magos et nec ab ariolis aliquid sciscitemini » ; cf. XX, 6. D’où l’on pourrait conclure que, dans ce livre découvert sous Josias, Uguraientaussiquelques lois lévitiques Et même, si l’on excepte l’abolition dn culte rendu à la milice du ciel (IV Heg., xxiii, 4 sq., cf. Deut., IV, 19 et xvii, 3), toute la restauration religieuse accomplie par losias peut se ramener à d’autres livres du Pentateuque.

Des auteurs récents affirment que le prêtre Helcias, dans son zèle pour la restauration religieuse, offrit au roi, comme découverte dans le temple, cette loi composée peu auparavant par lui ou par d’autres, et ainsi, par une fiction juridique, l’introduisit sous le nom de Moïse (Ainsi’Th. Chbyne, Founders of O. T. Criticism, 267, London, iSgS). Que vaut cette aflirmalion ?


Est-il croyable que le roi el le peuple spontanément, sans aucune hésitation, se soient soumis au joug d’une loi qui imposait de graves obligations, sans s’informer aucunement de son origine ? Et qu’on ne dise pas que les Israélites s’inquiétaient peu de l’auteur du livre, ou que plusieurs furent publiés sous un nom d’emprunt : la parité n’existe pas, car il en va autrement d’un livre quelconque propre à nourrir la piété, autrement d’une loi grave qui restreint la liberté : nul ne recevra cette loi, sans être fixé sur son origine.

On peut accorder que Josias n’availjaiuaisenlendu précédemment les paroles contenues dans ce livre ; car son aïeul Manassès était adonné à l’idolâtrie, son père Araon honorait les dieux étrangers avec la même impiété ; Josias, parvenu au trône à huit ans el entouré d’idolâtres des l’enfance, ne savait rien du livre de la Loi. Mais il ne suit pas de là que la Loi n’existait pas encore. Le récit même parait contredire cette interprétation, car xxii, 13, leroi s’écrie : « Non audierunt patres nostri verba libri huius, ut facerentorane quod scriptum est nobis » : il suppose donc que la Loi n’était pas inconnue de ses pères.

Il ne manque pas de témoignages montrant que les lois deutéronomiques furent connues dès avant le temps de Josias. Selon IV Heg., xviii, 4 sqq., le foi Ezéchias (vers 714-696) s’appliqua à détruire les hauts lieux et à limiter le culte au Temple de Jérusalem ; donc il connaissait la loi de l’unité de culte, consignée Deut., xii. Le roi Amasias (vers 796-778) punit de mort les meurtriers de son père, mais épargna leurs fils, selon ce qui est écrit dans le livre de la Loi de Moïse : « Non morientur fllii pro parenlibus, sed unusquisque in peccato suo morielur. » Ib., XIV, 5 sq. Cette loi se trouve Deut., xxiv, 16.

En outre, beaucoup de choses, qui se lisent dans Deut., se comprendraient difficilement si elles eussent