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PENTATËUQUE KT HEXATEUQUE

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aux Sainarilains, ce qui aide à comprendre la parole des Samarilaiiis, Esdr., iv, a : « AediUcemus vobiscum, quia ila ut vos quærimus Deuin vestruiu ; ecco nos imiuolaviuuis victiraas a diebus Asar-Haddon rrgis Assur, qui adduxil nos hue. ») D’où l’on peut conclure indirectement qu’au moins au V siècle av. J..C., les Juifs croyaient fermement à l’origine mosaïque du Pentaleuque.

Ajoutons une confirmation indirecte : parles livres historiques (/iid., Beg.), on peutétablir qu’au moins les principales institutions de la Loi étaient connues des Israélites dès une époque ancienne. Ainsi lad. parle du tabernacle de l’Alliance (xviii, 21), de l’Arche d’Alliance (xx, 27), des sacriQces qu’on y offrait (kxi, 19 sqq.), du vœu de nazaréat (xiii, cC.Niim., vi). Les Livres des Rois fournissent de nouveaux, traits (ainsi les fils d’Uéli punis de mort pour n’avoir pas observé dans les sacrilices les prescriptions de la Loi, l lifg-. II. 12-17… Nabolh refuse de vendre sa vigne, m lieg., xxi, cf. I.ev., xxv, 28, etc.). Les auteurs qui prétendent que toutes les allusions à la Loi ont été insérées postérieurement dans les livres historiques par une pieuse fraude, s’engagent dans un cercle vicieux. Car ils s’efforcent de prouver, par les livres historiques, que la Loi n’existait pas avant l’exil ; et s’ils rencontrent dans ces livres un texte qui suppose l’existence de la Loi, ils le déclarent interpolé. Pourquoi ? parce que, à cette date, la Loi ue devait pas exister. Ils recourent souvent à l’ar-Sumenldu silence : la Loi n’était pas observée, donc elle n’existait pas. Il faut avouer que les livres des Ju^’es et de Samuel présentent des exemples do nonobservation de telle ou telle loi ; mais il ne suit jioint de là qu’elle n’existait pas. Car au cours des premiers siècles après l’occupation de la terre de CUanaan, l’unité politique des douze tribus n’était pas encore réalisée, chacune luttait pour son compte, ladcfaile des Chananéens n’était pas achevée ; l’instabilité de la vie politique ne permettait pas la stricte observation de toutes les lois.

3. Témoignages du Nouveau restameiit. — Le Christ et leî auteurs du N. ï. parlent très souvent des livres doMoïse ou simplement de Moïse, ou citent des textes du Pentateuque sous le nom de Moïse. Moïse a ordonné (Mt., VII, 4) ; permis (ib., xix, 8) ; dit (Me, VII, 10) ; écrit (llom., x, 5) ; ailleurs il est question de la Loi de Moïse (Ahc.xxiv, 44) ; du Livre de Moïse (.Wc, XII, 26) ; on lit Moïse dans les synagogucs(^c(.. XV, 21 ; Il Cor., iii, 15) etc… Voir encore iVl., viii, t, ; Luc, XVI, 29 ; Act., XXI, 21 ; xxvi, 22 ; / «., v. 45 sqi).

Les rationalistes, qui voient dans le Christ un i)ur homme sujet à l’erreur comme tous les mortels, négligent entièrement ou rejettent ce témoignage du N. T. D’autres, au contraire, affirment que le Christ et les apùtres ont enseigné formellement l’origine mosaïque du Pentaleuque, et donc qu’il faut la tenir de foi..Ainsi Gobnbly, Introdacliu specialis, I, 3538(1887) ; Cornkly-Hagb.n, Compendium^, 200, Paris, 1914, 19(’) ; Cerkseto, Tie classi di Dotlori, 156 sq., Genova, igoS ; L. Mkcuineau, S. J., L’origine mosaïque du Pentuteuque, 34 ; Mao.nier, Eclaircissements exégètiques, 7-10 ; semblablerænt L. Murillo, El Genesis, 15 sqq. D’autres enfin pensent que la révélation divine n’avait pas pour but de résoudre des questions relevant des sciences profanes, par exemple de l’histoire ; que dans ces questions les auteurs sacrés suivent les opinions régnantes de leur temps, que conséquemment le Christ lui-même n’a ]>as voulu nous enseigner l’origine du Pentateuque, mais s’est accommodé à l’opinion des Juifs contemporains, qui s’accordaient à attribuer à Moïse les cinq livres de la Loi. Ainsi B. Stedgrnagel, Ein-Icitung in den Ilcxateuck, 25 1 ; L. Gautier, fnlro duction., 199 sq ; Loisy, Etudes bibliques, 109 sqq., Paris, 1901 ; J. M. Laorangb, Les sources du Pentateuque, Rev. Bibl., VU, a3 (1898) ; Hummelaubii, Exegetisches zur Inspirations/rage, (j5 sq. (fltbl. Studien, IX, 4), Freiburg, 1904 ; Th. Calmes, L’Evangile selon S. Jean, 233, Paris, 1904 : « Nous nous bornerons à faire observer que la personne de Moïse n’y est mentionnée qu’indirectement. Les termes de l’opposition sont le Livre de la Loi qui porte le nom de Moïse, et les paroles de Jésus. » N. Peters, Die grundsàtzliclte Stellnng der Katliol Kirche zur Bibelforschung, 69 sq. Paderborn, igo5, Voir, sur cette question. St. Dillmann, loh., v, 4547’" der Pentateuchfrage, Bibl. Zeitschrift, XV, 139-148 ; 219-228 [1918-9]. Mais cette explication est délicicnte. Accordons que le Christel les Apôtres ont pu ciler le Penlateuque sous le nom de Moïse, parce que tel était le seiitimml des Juifs de leur temps sur le Penlateuque ; mais il eu va autrement quand le Seigneur dit en termes exprès que Moïse a écrit de lui, lo., v, 45 sq. : a Est qui accusai vos Moyses, in quo vos speralis. Si enim crederetis Moysi.crederetis forsilan (entendre : H/ ; V/ue)et niihi. de me enim itle scripsit. » Le Seigneur ne pouvait guère s’exprimer ainsi si Moïse n’avait rien écrit de lui ; car il tire argument de la personne de Moïse, non du Livre de la Loi, à lui attribué. D’après ce texte, on doit tenir non seulement que Moïse a écrit, mais qu’il a écrit du Christ. D’ailleurs ces paroles ne suIBsenl pas pour démontrer que Moïse est l’auteur de tout le Penlateuque.

[CoRNBLY, hilroductio, II, 36, dit : « Integrum Pentaleuchum, quatenus sive verbis sive rébus adveii tum Christi prædixil, hoc lextu designari nemo prudens negaverit. » I. Kwarenbaubu, Comm. in lo., aii, Paris, 1898, s’exprime avec beaucoup plus de précaution : « Notandum hac Chrisli loculiout" et argumentalione clarissime aflirraari scripsisse Moysen eiusque scripta extare apud ludæos. » Cf. F. Prat, S. I., Le code du Sinai, 62, Paris, 1904 ; 1. Corluy, Comment, in lo.^, 128 sq., Gandavi, 1880, pense que les paroles du Christ visent seulement les oracles messianiques du Pentateuque ; lel est aussi le senti ment de Cl. Fillion, Evangile selon S. Jeun, I15, Paris, 1887. Sur toute la question, cf. E. Manqenot, L’authenticité mosaïque du Pentateuque, 279 sqq.]

Pour résumer en peu de mots les considérations précédentes, nous pouvons conclure : de témoignages clairs de l’Ecriture sainte, il résulte que Moïse a sûrement écrit une très grande partie du Penlateuque, ce que d’ailleurs permeltent d’élablir des raisons internes. Mais on sortirait des justes bornes en affirmant que ces témoignages élnblissenl pcremploiremenl que le Pentaleuque, du commencement à la liii, est dii à la plume de Moïse.

m. Principales niFi-icuLTiis contre l’orioink M08AÏ1.JUE DU Pbntatkuqub. — i./.a découverte du Deutéronome. — Selon IV Beg., xxii, 3 sqq. (cf. Il Par., XXXIV, 3 sqq.), en l’an 18 du règne de Josias (vers 612 av. J.-C), lors de la restauration du Temple, le prêtre Helcias découvrit le livre de la Loi, II, Pur., XXXIV, 14 : liber Legis Domini per mnnum Muysi. Le pieux roi le fit lire et invita tout le peuple à s’obliger par serment à observer celle Loi ; lui-même y obéit religieusement en extirpant l’idolâlrip, détruisant les hauts lieux, restaurant le pur culte divin. Des auteurs récents assurent que celle Loi découverte par Helcias n’était que le Deutéronome ou une partie de ce livre (l. Cullen, The Ttook oi’the Covenant in Moab, 1908, s’efforce de proiner que le livre découvert, dû à la plume de quelque prophète, ne contenait que Deut., vi-xi ; selon d’autres, c’étail la majeure partie de Deut., peut-être v, i-xxvi, 19, om