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PENSÉE (LA LIBRE)

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cette hypollièse est hii-raêræ une preuve do la discrétion qui normalement préside au traitement du pécbé par le prêtre.

Apiihaatb demande formellement à ceux qui ont reçu l’aveu du péché, de nepointle révéler(/>ertion. « /r., VI, a. P. S., 1, 1,. 319).

Nous avons entendu (ci-dessus n" 78) saint AstbBius i)'A.M*sKE garantir aux pécheurs la discrétion la plus grande : plus que ses enfants eux-mêmes, un père a à cœur de sauvegarder leur dignité.

SozoMBNB note de son côté, parmi les qualités à exiger du prêtre pénitencier, qu’il doit être prudent et silencieux (//.A., Vil, xvi, P.G., LX , i^Sg).

C’est l'éloge, nous le savons, que fait de saint Amijroise son l)iographe le diacre Paulin : il donnait à tous l’exemple d’une discrétion parfaite à l’endroit des fautes entendues en confession (Vita, TLXXIX, ['. !.., XIV, 40).

Saint Augustin parle de cesseerets de conscience dont l'évêque est le dépositaire et qui le condamnent à des attitudes incomprises du public (Sermn lxxxii, 8, II, Cf. ci-dessus, n" 84-85).

Nous savons à quel point est poussée dans saint Jban Chrysostome et en général dans les exhortations à la confession cette préoccupation d’une discrétion parfaite. L’assurance est constamment réitérée aux pécheurs que Dieu seul connaîtra la faute avouée : on écarte si bien l’hypothèse d’iiue révélation par le confesseur, qu’on paraît parfois exclure le confesseur lui-même (ci-dessus n" 96 sqq).

Le pape saint Léon avait donc bien raison de crier à l’attentat contre la règle apostolique (contra apostolicam rei ; nlam præsiimptio), en apprenant que l’usage s’introduisait en certaines Eglises d’exiger des fidèles la publication de leurs fautes (Jaffb, 535, P. L., LIV, laio C). Les quelques témoignages que nous venons de citer suffisent à expliquer son indignation.

128. — Après lui, la loi du secret s’est précisée ; l’obligation en a été rendue plus manifeste et plus rigoureuse. Le plus ancien décret que l’on connaisse sur cette matière, est le canon ao du concile arménien de Tovin en 627 : il frappe d’anathème le prêtre qui trahirait le secret de la confession (HbfeleLkclbrcq : Hist des conciles, t. IP, p. 1079). Il a fallu les siècles cependant et les décisions de l’Eglise pour en faire apparaître les applications dernières. L’interdiction d’utiliser la connaissance acquise en con fession, alors même qu’il n’y a pas à craindre d’en trahir ainsi le secret, ne date que du xvii « siècle (décret d’iNNOceNT XI, le 18 novembre 1682). Au xn » siècle, on admettait encore dans ce cas la lieéité de cet usage (Cf. S. Thomas, in IV, disl. 31, q. 3, a. I, sol I ad i"" et ad 2™ ; Quodtib., v, q. 7, a. 13) et l’on continua depuis à en discuter (Cf. Ksrtscubid, op. cit.. section 11). On aurait donc tort ici encore de conclure absolument des usages présents à la pratique ancienne : il s’en faut qu’on se soit toujours fait du secret de la confession la même conception. Mais, BOUS sa forme essentielle, la loi en a toujours présidé à l’administration de la pénitence. La législation plus récente et plus rigoureuse de l’Eglise n’est que la codilication de conceptions et d’usages qui remontent très réellement aux premiers siècles. Voir Codex furis Canonici, ean. 889, 890 ; 1757^3, 2° ; aSôg.

P. Galtibr, S.J.


PENSÉE (LA LIBRE). — I. Historiqub : Sectes du libre esprit. — Libertins spirituels. — Libres penseurs. Collins. Voltaire. — Etal actuel.

II. Evolution LOGIQUE du système : triple phase. — Phase libérale. — Phase doctrinale. — Phase politique.

III. Discussion. — La liberté réside-t-elle dans l’intelligence ou dans la volonté? Degré de la liberté du croyant dans ses investigations scientifique. Le doute méthodique. Ne pas confondre la liberté de pensée et la liberté d’exprimer sa pensée. — Conclusion.

Libre pensée : « L’un des plus dangereux mots du vocabulaire de l’incrédulité, parce qu’il touche tout à la fois et à la plus essentielle de nos facultés, la pensée, et à la plus chère de nos passions, la liberté. «  Canut, I.a libre pensée contemporaine, p. 2. Le mol est moderne ; au xvi" et au xvii" siècle, et encore au xviii* siècle, on se servait, pour désigner ceux qui ne pratiquaient pas la religion, du mot de libertin.

.)e le soupçonne encor d'6tr « un peu libertin :

Je ne remarque pas qu’il hanle les églises. MoLiêRB.

La Bruyère consacre un chapitre de ses Caractère^ aux Esprits forts.

1. Historique. — Mous rencontrons dès le xiii » siècle des.See/ « s du libre esprit, contre lesquelles l’Eglise dut réagir. Amauhy de Bènb ( -j- 1204) enseigna à Paris des propositions panthéistes qui furent condamnèes(/>. / ;., 433[358]). David db Dînant déyeloppa sa doctrine, qui fut condamnée par des conciles tenus à Paris (1201 et laio) et provoqua les rigueurs de Philippe Auguste. Ohtlieb répandit des erreurs semblables à Strasbourg.

Au xiv » siècle, les Frères et les Sœurs du libre esprit (liberæ intelligentiae) étaient nombreux, surtout en Alsace et sur les bords du Rhin ; ils furent condamnés par l’archevêque de Cologne, Henri de Virnebourg(1306). puis à "Trèveset à Mayenca (1310), enlin par Clément Vau Concile de Vienne (1311). Ce même concile condamna les exagérations des Spirituels dans la personne de Pierre Olivi (-j- i 298). Les Spiritiieh ou Praticelles prirent la défense de Louis de Bavière contre Jean XXII.

Idée centrale : La conscience de l’identité substantielle avec Dieu rend l’homme libre, et cette liberté consiste dans la suppression du remords ; nulle loi n’existe plus pour un tel homme — Us célébraient une sorte de culte secret, qui devenait souvent l’occasion des plus honteux excès, comme il ressort des procès-verbaux de leursinterrogatoires. Après 1430, il n’est plus question d’eux. En France, on les avait parfois nommés « les Turlupins ».

Nous retrouvons plus tard les Libertins spirituels originaires de Flandre, secte panthéiste qui donna naissance à un parti politique de Genève, contre lequel Calvin eut à laiiev (Contre la secte phontasfique et furieuse des Libertins qui se nomment Spirituels, Genève, 1545). — Marguerite de Valois se laissa circonvenir par certains apôtres de ces funestes doctrines et leur accorda un asile à Nérac.

Docthinb. — Il n’y a qu’un seul esprit, il fait tout ; le diable, le monde et le mal ne sont que de vaines imaginations. Conséquence : chacun n’a qu'à suivre son inclination et à prendre son appétit pour règle de vie.

Naturellement ces doctrines étaient d’abord voilées sous un langage chrétien ; peu à peu seulement on initiait les lidèles à la prétendue liberté spirituelle.

L’expression lil>re penseur nous est venue d’Angleterre. Il se forma sous Jacques II etGuillaume II une secte de free thinkers qui s’attacha à tourner en ridicule la constitution ecclésiastique. Ils s’appelaient aussi esprits forts, parce qu’ils accusaient d'être des esprits faibles, timides et bornés, ceux qui ne professaient pas semblable indépendance de penser. Cette secte prit, au commencement du xviii « siècle.