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PENITENCE

1850

94. — 11. La solution. — i" Une.solution paiiielle. — Certains ontéraisriiypolhèse qu’en eUet saint Jean < hrysoslonie ne croyait pas à la nécessité pour le pécheur qui veut communier de recuurir en fait et immédiatement à la pénitence ecclésiastique : provisoirement la contrition pourrait lui sutlire, qui, supposée connue la nécessité de recourir uu jour au pouvoir des clefs, incluait la volonté de s’y soumettre ultérieurement. Collbt, De pænitentia, p. 11, cp. v, de confessione, n' 169, dans Migne : Cursus theolo^., t. XXII, p. (532-433.

Celte liypolhcsc, si elle écarte du grand docteur toute apparence d’erreur dogmatique, laisse subsister entier l'étonnement causé par son langage au lecteur d’aujourd’hui : il n’y a pas île doute en effet que, sur les lèvres d’un prédicateur de nos jours, des paroles comme les siennes dénoteraient ajuste titre l’ignorance ou la négation de la nécessité de la confession.

93. — 2° l.a question préalable sur le sens des paroles de saint Jean Chrysostome. — A) D’après ses devanciers et ses contemporains. — Mais peut-être est-ce là même que se doit poser au sujet de saint Jean C^hrysostome la question préalable : faut-il interpréter ce langage de jadis d’après nos usages d’aujourd’hui ? Rapproché de celui de ses devanciers ou de sescontemporains, ila|)paraitcertainement beaucoup moins exclusif. Car ceux-là même dont il est le plus avéré qu’ils prêchent la nécessité et atlesleut l’usage de la confession au prêtre, parlent néanmoins à ce proposou ne parlent même alors quede la confession à Dieu.

Ici, il faut faire la preuve.

96. — Voici d’abord Origènb : on observe chez lui une facilité remarquable à passer, à propos de confession, du prêtre à Dieu lui-même. A peine, par exemple, a-t-il nommé la rémission du péché parla pénitence ecclésiastique, n la pénitence dure et laborieuse » où, entre autres choses, le pécheur « ne rougit pas d’indiquer son péché au prêtre du Seigneur pour lui en demander le remède », qu’il lui applique une parole de l’Kcrilure sur la confession à Dieu luimême « … cum non erubescit SACEnooTi Domini indicare peccatuni sumnet quærere medicinain. secunduni eum lyHi ai< [/*, xxxi, 5J : « Dixi : pronunliaho adt’ers’tni me injustitiam meant Domino, et ta n-ntisisti iinpietnteni cordis me ; » (/ « Lev., IIom., 11, 4, P.( !., ^i, 418-419). La pénitence à base de confession ainsi présentée, Origène y revient un peu plus loin pour en faire la description (// ; i</., 41g C). C’est le sncritice pour le péché <Ie la Loi nouvelle ; elle comporte les gémissements de l'àme et les macérations du corps (, <i in amnriludine flelas lui f’ueris, luclii, tacriiiiis et lamenlationi' confectus ; si carnem titam maceravris^et jejuniis ac multa ahstinentia aritlam feceris et dixeris quia sicut frixoriuni confrixa sunt ossti mea). Mais c’est tout : 1e prêtre n’est plus mentionné.

L’homélie suivante rappelle encore ce « sacrilicede la pénitence » et les offrandes qu’il comporte (hi I.ew, //" » !., iii, 4). Une fois de plus elle est rattachée à la parole de David sur la manifestation de son péché au Seigneur. L’argument y est lai’gement développé, qui se tire du texte classique d’Isaïe : Dis toi-même tes iniquités le premier pour être justipé (f. (1., XII, '(29). Mais pas une allusion n’y est faite au prêtre, pas un mot n’y fait deviner qu’il soit admis à entendre lui aussi cette « prononciation du péché ». Et cependant, un renvoi formel (n Si sacri/icium pænileutiæ obluteris.^ sccundum ea qiine in siiperiorilnis diximus offerenda 1, P. G., XII, 429 15 et cf. 4>y C. 'iiSC) à la forme de pénitence déjà rattachée à cette même parole de David ne permet pas d’en douter, il s’agit bien toujours de cette pénitence « dure et

laborieuse » où c le pécheur ne rougit pas de manifester son péché au prêtre du Seigneur et de lui en demander le remède ».

97. — Il se dégage donc de là pour nous une règle d’exégèse cjui est en même temps une leçon de prudence : ne parler que de confession à Dieu, n’est pas exclure par là même la confession au prêtre. Et la pensée se présente d’elle-même à l’esprit, d’en faire l’application âsaint Jean Chrysostome. Lui aussi rattache la confession à la parole classique d’Isaïe. N’y aurait-il pas lieu d’interpréter le développement qu’il en fait par celui que nous venons de trouver dans Origène ? Le rapprochement ci-dessous en fait, croyons-nous, ressortir sulUsarament le parallélisme I)our que la question au moins se pose, si l’un est plus exclusif que l’autre de la présence du prêtre dans la confession à Dieu.

Si qui « lin ooculla gerimus, … cuncta oecesse e^i proferri ; [iroferi-i autem ab illo qui est accusator [>pccuti ac incentor. Ipee enini nunc nos ut peccemus instigat, ipse etiam, cum peccaveriiuus, accusât. Si ergo in vita præveniamus eiira, et ipsi nostri accusatorea simus, nequitiam diaboli iainiici nnslri etacciisaloris elïugimus. Siccnim… propbela (licit : Die tu, inquit, tniquilales tuas prior ut jusli/îceri.i^… ut ostendat tibi quia prævenîre illuiii (lebeas rpii paratus est ad accu3andura. Tu ergo, inquit, die prior ne te ille prævenial… Praftventns enîrndiabolus inacousatione ultra nos accusare non poterit (OntGÈME, / ». G., XII, 429 A-C).

Peccasti ? Die Deo : Peccavi… Num enim tu, niai te ipsum dixeris peccatorem, a diabolo non accusaberis ?

Præoccupa et eripe illi sunm dignitatem : ejus enini dignités est accusare. Cur igilur illum non prævenis et peccatum dicis et criinen purgas, cum pi-'-be .scias talem accuaatorem tibi, ipii tacere nequeat, imiuinere ?

Peccasti ? In ecclesiam iiigredere. L)ic Deo ; Peccavi. Nihit aliud abs te niai su]um istud esigo. Ait enim Scrî[>tura sacra : Die tu primita iaiquitatcs tuas ut justiflceris (Cnr.rsosTOMF. De pa€nil., Ho/n, 11, , P.G., XLIX, 285 ; cf. in Gcæs., lIom.xK, 3, P. G., un, 111).

98. — La même règle d’ailleurs, ou la même leçon, se déduit de saint Cyprien. Son insistance à revendiquer pour Dieu seul la rémission du péché semble au premier abord aussi exclusive que possible de toute intervention du prêtre :

Que personne ne s’y trompe, écrit-il aux apostats, et que personne ne voua trompe : il n’y a que le Seignuer qui puisse faire miaér’icorde. Le pardon des péchés commis conli-e lui, re ! ui-h seul peut l’accorder qui a porté nos péchés, qui a aoulTeitpour noii-^… L’homme ne peut pus être au-dessus de Dieu, et le serviteur ne peut remetire ou faire ^râce pour un péché commis contre le Seigneur… C’est le.Seigneur qu’il faut prier, le Seigneur qu’d faut apaiser (/>e /.t/ï.^r « , xvii, p.2'j'.').

Dans l’exhortation à la pénitence, à l’exomologèse, à la confession (///l’rf., xxix-xxxvi), il ne parle encore que de satisfactions et de supplications à adresser à Dieu lui même ; l’exemple qu’il propose est celui des trois enfants qui, dans la fournaise de Babylone, faisaient leur exomologèse à Dieu (xxxi). Et cependant, nous le savons, l’exomologèse ainsi recommandée est bien celle qui se fait aux pieds et sous le contrôledes prêtres : « apud sacerdoles Dei con/itente>, exomologesint ronscientiæ facivnt », vient de dire saint Cyprien ('xxviii) en parlantdes « libellatiques ». Ici même (xxix) il montre les prêtres instruments de la réiiission du péché ainsi obtenue (satisfactio et remissio /acta />er sacerdotes apud Dominum grata est). Cette allirmation dernière, pour se concilier avec les précédentes, ne suppose-t-elle pas une certaine iilentilicalion établie [>ar l'évêque de Cartilage entre le prêtre et le Seigneur dont il est le ministre ?

99. — De même pour saint Amdiioisk. iVous