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PÉNITENCK

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sponlanés au prêtre existait aussi parmi les liilèlos, nous l’avons vu ; mais Origèkb constatait déjà qu’il n’y avait d’empressés à s’en assurer l’avantage que ceux qu’animait le vrai zèle de la sainteté (In Aiim., Hnm., X, I, P. 0., XII, 628) : il n’est donc pas étonnant que nous le trouvions en honneur parmi les moines du iV siècle.

88. — Au reste, la confession sans pénitence publique d’aucune sorte se constate aussi hors des monastères. Pour les morib nds en particulier, elle est d’usage quotidien. Il n’est pas rare en effet que, comme les catéchumènes attendent la dernière heure pour se faire baptiser, des pécheurs endurcis attendent également pour demander la itcnitence (saint Ambroise, In /.KC, I. VIT, 221, P. f.., XV, 1758D : saint Augustin, De conjug. ndiilt., I, xxviii, 35, ('. /.., XL, 430), et la règle générale est de la leur accorder (conc. Nie, can. 13 : Innocent 1, Jd Exiiperinm, II, bdyP. l.., XX, 498 ; GéLBSTiN l. Ad episc. Vienn. et Narbnn., 11, P. /… L, 43a ; saint Amhroisk et saint Augustin, loc. cit.). — Nous n’avons pas à distinguer ici les cas ou les époques où la pénitence seule, sans la communion, était accordée. — Or « demander la pénitence », c’est se confesser : cet examen du pécheur par celui qui « donne la pénitence » est de rigueur, nous le savons et le canon 13 de Nicée le rappelle : < l'évêque doit donner l’Eucharistie à quiconque la demande au moment de la mort, mais seulement après examen de l’intéressé » (i èrrfVx ottî ; /j.îtv. ^c/.ijKjtïiKç è-15 « Tw). Et, d’après les lettres de saint LfioN, c’est bien ainsi queles choses se passent : on appelle le prêtre au dernier moment ; il y a à peine If temps d’entendre la confession et de donner l’alisoliition :

« vix invenit spatitim rel cnnfessio pænitentis 'el reconciliatio sacerdotis » (Ep., cviii, 5, /'. /.., LIV, 

io13 B ; cf. /j, loii B ; ci.xvii, 7-8, 1206 sq.). C’est bien déjà, on le voit, la déplorable pratique actuelle : mais la confession privée y apparaît du moins en pleine vigueur.

Un ancien décret, recueilli après le milieu du v « siècle dans la collection connue sous le nom de Statuta Ecclesiæ antiqua, nous fait assister en quelque sorte à cette administration de la pénitence in extremis. « Il peut arriver, dit-il, que le malade qui demande la pénitence ait perdu l’usage de la parole ou ait le délire quand le prêtre arrive. Ceux alors qui l’ont entendu [demander la pénitence] doivent en rendre témoignage, et il recara la pénitence. S’il paraît sur le point de mourir, on doit le réconcilier [c’est-à-dire, l’absoudre] par l’imposition des mains et lui mettre l’Eucharistie dans la bouche » (P. /.., LVI, 882 C).

89. — La préoccupation était grande en elTet, chez les pasteurs et chez les fldèles, d’assurer aux mourants ce remède suprême de la pénitence. La correspondance de saint Augustin en oITre quelques exemples fort significatifs. Un de ses amis, le notaire Marcellin, a été condamné à mort. L'évêque va luimême le trouver en prison et là, seul à seul, il l’interroge sur l'état de son àme : l’humaine nature est faible ; n’aurait-il point commis quelque péclié secret d’impureté entraînant de sa nature la pénitence rigoureuse ( « ne qitid esset unde majore et insi^niore pænitentia Deuni sibiplacare deberet »)(£/)., on, 9, P. L., XXXIII, 650). La réponse fut négative et l'évêque en disait plus tard sa consolation. Mais sa démarche est des plus significatives.

UncoUègueet un correspondant de saint Augustin, l'évêque d’Uzala, Evodius, fait preuve d’une sollicitude analogue. Il vient de perdre son secrétaire, un jeune hommfî de vingt-deux ans, dont il raconte à saint Augustin le talent, le dévouement et la bonne grâce (Ep., ci-viti, 2, /'. f.., XXXIII, 694). Lui-même

l’a assisté à ses derniers moments ; malgré tout co qu’il savait de sa piété, sa jeunesse lui inspirait des craintes. Il l’a donc interrogé (Curavi e.c eo ijuærere, ne forte feminæ conta j^ione fuitset poil //us). La réponse a été négative. Et Evodius n’en dit pas plus long sur ce sujet. Mais nous voyons qu’il s’est préoccupé de confesser ce jeune homme.

90. — Ailleurs, saint.ugustin, comme il atteste l’empressement des pécheurs, en cas d’attaque ou d’invasion de leur cité, à solliciter la pénitence, alTirme le devoir des pasteurs de rester alors à leur poste. Or, ù côté des catéchumènes et des pénitents qui courent alors recevoir les uns le baptême, les autres la réconciliation ou l’absolution, l'évêque d’Hippone nous montre, sollicitant eux aussi cette réconciliation, les pécheurs que l'état de leur conscience avait fait jusque-là s exclure eux-mêmes de la communion. « /npericiilis ad bantismnm currere, ne sine illo flnialur hæc vita, [et] ad reconcilialionem, si forte per pæniientiam.malamvb consCIENTIAM quisque ah endern corpore CItristi separatus est » (De civit. Dei, XX, ix, 2, P.L., XLI, 674). Aussi est-ce à proprement parler ce qu’on appelle Vactio pænitentiæ que demandent alors ces derniers, ils n’avaient pas encore fait acte de pénitents ; ils le font à cette heure suprême, et, vu les circonstances, on leur accorde à la fois la pénitence et la réeoneiliation : t An non cogitainiis, cum ad istorutn periculorum perfenitur ertrenia, nec est potestas ulla fugiendi, quantus in Ecclesia fieri soleat ah utroque sexu atque ah omni aetate concursiis. aliis haptismum flagitanlihus, aliis reconciliationcm, nliis etiam pænitentiæ ipsius actionem n (Ep., ocxxvni, 8, P. L., XXXIII, 1016 ; cf. de Ciftt. Dei, XX, rx, 2).

Au témoignage de saint Augustin se joint d’ailleurs celui de Victor dr Vitr. Dans son histoire dtla persécution des Vandales, lui aussi nous montre les populations qui réaJament leurs prêtres, non seulement pour baptiser, pour enterrer et pour faire l’Eucharistie, mais aussi pour « donner la pénitence n et réconcilier les pécheurs.

.Malhaureu." : , s'écrieat les chréliens, eo voyant les barbares enlover ie clergé, rnalheureiif, qu’allons-naua devenir tout seuls ? Qui baptisera nos enfants ? Qui nous procurera le bienfait de la pénitence et qui ahsoulrn par I ia’lulgenca de la réconciliation les captifs de leurs péchés (Qui nobis pænitentiæ /nunus coilaturi su/tt et reconeiliaiionis indulcentra obitrictos peccatorum t’i/tcuUt aoluluri ? Uist. perai-c. II, xxxiv, [alias 11], éd. de Vienne, p. 3^ ;  ; P. L.,

LV1II, 3I2)

Ce cri, qui se mêle aux lamentations des martyrs, est singulièrement éloquent. Il nous fait entendre que a donner la pénitence », et donc >< confesser », au sens actuel de ce mot, rentre dans les fonctions ordinaires du ministère pastoral.

Aussi bien est-ce la constatation qui se fait en Gaule à la même époque. Là, ce n’est pas seulement au moment du danger qu’on s’empresse de « demander la pénitence ». Saint Uilairb, un évêqiie d’Arles de la première moitié du v' siècle, voyait les populations accourir en foule pour la recevoir. Son biographe nous fait de ces scènes un tableau plein de vie. Sous les traits anciens, il est facile d’y reconnaître les éléments ordinaires de nos confessions actuelles : l’aveu du péché, à peine indiqué mais conditionnant tout le reste ; la monition individuelle et l’absglulion, individuelle aussi, mais donnée sous la forme d’une prière, d’une bénédiction accompagnant l’imposition des maias.

C’est le dimanche surtout que le saint a donnait la pénitence » — formule technique pour l’admission .1 la pénitence par laci)nfe.ision.— O.i accourait alors de toutes parts. On voulait être repris par lui, s’en-