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PÉNlTliNCE

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il dit aux iiéclieurs, faites pénitence, et [nillle foisj vouH aurez accès aux saints mystères " (Sockate, H. E., VI. XXI. P. «., LXVII, -jtb C, 7j8 A).

Et ce reproche de laxisme, ainsi adressé à saint Jean Cbrysostome, n’a pas seulement pour nous le grand avantajfe de nous le montrer assidu à ses fonctions de iiénitencier ; il est aussi de première importance pour !e jug : ement à porter sur la suppression, [lar son prédécesseur Nectaire, du prêtre pénitencier. C’est là un incident historique qui ne peut ùtre omis ici.

63. — C) Le fait de A’ectaiie. — Les deux récita qui nous en restent (Socrate, /f. E., V, xix ; SozoMiîNE, //. E., Vil, xvi) rendent extrêmement ditlieile, sinon impossible, la détermination exacte des circonstances dans lesquelles il se produisit, et des conséquences qu’il entraîna. Il en résuite seulement que, pour pacilicr les esprits à la suite d’un | scandale auquel avait donné lieu l’administration de la i)énitence, on crut bon de supprimer les fonctions du prêtre qui y présidait. Quel fut le sens cl quelle estla portée de cellemesureépiscopale ? Lapcniience publique disparut-elle en même temps que le prêtre chargé d’y présider ? Le changement ne portait-il que sur la forme solennelle de l’expiation, ou bien la suppression s’clendit-elle à la manifestation même de la fauta, et le régime pénitentiel fut-il modifié à ce point que l’autorité ecclésiastique s’interdit d’intervenir dans la rémission du péché et doncdispensa les pécheurs d’en faire l’aveu ? Toutes ces hypothèses ont été faites, même par des catholiques. Mais sur l’altitude du successeur de Nectaire et sur l’impression qu’elle produisit, il n’y a |)as de controverse possible : dés les premiers jours de son épiscopat, il administre lui-même la pénitence, il appelle à lui le » pécheurs et, pour guérir leurs âmes, il reçoit d’abord leurs confidences. Ce qu’avait fait saint Ambroise à Milan, Jean, en un mot, le fait à Gonstantinople Mieux encore : il remplit les fonctions du pénitencier telles que les décrivent Socrate et Sozomène : u recevoir la confession des coupables, puis, afin qu'à la confession se joignent des actes de pénitence, leur prescrire des bonnes œuvres à faire, telles i|ue des jeûnes ou des prières prolongées » (Socrate. P. G., LXVn, 616 AB).

C’est donc là, disons-nous, un point fixe, d’où, à défaut de tout antre, il faut partir pour apprécier le décret de Nectaire. La suppression du prêtre pénitencier a eu pour effet de faire retomber sur les épaules de l’cvcque de Gonstanlinople ce fardeau de l’administration pénilenlielle dont ses prédécesseurs s'étaient déchargés sur lui. Ceci est évident. Sozoniène le dit : ec que fait le prêtre pénitencier, les évcques le faisaient précédemment et le font même encore là où cette fonction n’existe pas, et nous constatons qu’en effet, lui disparu, l’cvêque de Constantinople s’occupe personnellement de remettre les péchés. Y a-t il eu plus que cela ? C’est possible ; mais à coup sur il n’y a pas eu suppression totale de la pénitence. Le reproche de laxisme et d’innovation, porté contre le successeur de Nectaire, exclut absolument cette hypothèse. Le dilemme s’imi)Oseen efTet : ou Nectaire ne l’a pas abolie, ou Jean l’a rétablie. Et si Jean l’a rétablie, que signifient les attaques contre lui de l’cvêque novatien ? Au lieu d’ajouter au relâchement, l'évèqne catholique y aurait remédié ; et son initiative, au lieu de paraître coupable et funeste, aurait, au contraire, été estimée salutaire et bienfaisante. Que si, comme il faut le reconnaître, Sisinnius et les autres ennemis de Chrysoslome l’ont jugée autrement, c’est donc qu’au lieu de resserrer il a élargi, en d’autres termes, qu’au lieu de rétablir la pénitence abolie, il s’est appliqué, ainsi que tous

s’accordent à le lui repro(^lier, à eu rendre la pratique plus fréquente.

Et telle est, croyons-nous, la seule conclusion certaine à laquelle puisse aboutir l'élude comparée des données de ce problème historique.

Voir nolr « article : Saint Jean C/trysoatui/ie et la cun/essiuii, dans H. S. H., I (191 1), p. 314-^3a. Voir auasi les noies do Valois à son édition dos Jlistoires de Socrata vt do Sozomènc, /oc. cit. Mais voir surlout Piîtau. ht fctere in Ecclesia poentieiitlæ raiifuir diutriba, ^ iv (éd. Vives, t. VIll, p 18^-190) et.4 (Vc. Mat. Sinioniwn^ p, IV dans P. G.^ XLlll, 636-62^. Ses conclusions — et nous avons dit pourquoi dans l’article ci-mentionné — noui » paraissent beaucoup plus fondées que celles do M. Vacamijard dans : Etudes de critique et U'/iiêi. ii’tit ;. a" scrii' : Li-s ari^t/iaa de lu conl. sacrant., p. 88 el 108 ou de Mgr Baiihol ; Eludes d’hist. el de tkéol. positive : Les oriiiinrii de ta pénitence, pénitenciers et péiiitenls"^ p. 14f) sq(|. Voir aussîK. Hoil : Enthusiasniiis und Bnssî ; ei’alt, p. a^4-^S8, où il montre l’invraisemblance de l’opinion couranle, que le l’nit de Nectaire.lit amené la suppression de la pénitence publique dans tout l’Orient.

66. — On objecte laconséquence’que Socrate et Sozoraine déclarent avoir résulté de la suppression du prêtre pénitoacier : liberté aurait été laissée désormais à chacun de s’en remeure au jugemenl de sa conscience pour s’approcher dea saints mystères {<^vyx^P^'^^^ ixu^TOv zCt lOtw c’jjîtSori t61v

jJ.'j’StripiùrJ [J.iT£>£(y..SoclîATK. av/ ; jOJ^Î(V i ; <a7T^V, 'j* ; av iaUTÔJ (Jl ; v£(5ct/ ; /.rut bv-ppùv Oj'^c/.iTO^ /'.ocojvsîv 7'Sjv frjVTr, piiijv. SozOAl^.Nlî). Il n y aurait donc plus eu d’obligation de se confesser. Mais c’est là, croyons-nous, se méprendre sur le sens et la portée do la remarque des deux historiens. Pour Us fautes secrètes, en l’absence d’un précepte de l’Eglise déterminant la façon d’observer le précepte du *lhrist, el au sens que nous avons dit au n" 9. la libellé en question existait l.jul aussi bien sous le régime du prêtre pénitencier. Sndiiparilion pouvait tout au plus en favoriser l’abus ; l'évoque était bien moins accessible qu un prêtre spécialement préposé à ce ministère, et sa vigilance au^^si ou son zèle durent plus d’une fois se trouver en défaut : il n’y eut pas que des Chrj’sostome sur le siège de Constantinoplo. Et c’est bien par là surtout que Sozomène senible expliquer la relâchement qu’il déplorait, o Je suis porté à croire, écrit-il, qu’auparavant il se commettait moins du fautes, soit par crainte de la bonté qu’il y aurait à les confesser, soit à cause de la vigilance (vj-.ptCîix) des juges établis pour cela » (P. G.,

LXVII, 1461 c ;.

Car le prêtre pénitencier ne faisait pas qu’entendre la confession spontanée des fautes secrètes. H recevait également les accusations portées par les fidèles contre le «  pécheurs publics. A ce point de vue, l'économe do la pénitence exerçait une véritable police des mœurs et remplissait le rôle d’un conseur el d’un juge : l'évéque se déchargeait 5.ur lui de cette fonction Il devait, à ce litre, écarter les coupables des saints mystères el contrôler ensuite leur pénitence. C'était même là la partie la plus importante et la plus ingrate do sa charge. On comprend parfaitement que, la charge supprimée, les pécheurs se soient mis plus h l’aise : avec des évoques de cour ou dos ëvéques surmenés comme l'élflient trop souvent les évi^ques de CunHlantinoplf-, le danger de la dénonciation se trouvait bien moins à craindre ol e’esl précisément ce i|ue regrette Socate la suppression du prêtre pénitencier a fait disparaître l’usage delà « correction fraternelle ». '<.le constate, écrit il, qu’on on a pris occasion de ne plus se reprocher ses péchés l’un à l’autre el de ne plus observer le précepte de l’apôtre [A'/ïA., V. Il] qui disait de ne pas communier aux œuvres des ténèbres mais plutôt de les reprendre » ^Sockatk, /'. G., LXVII, 620 A).

Dans toute cette affaire, la nécessité de la confession personnelle demeure donc décidément hors de cause

L’explication proposée est celle de Valais, dans son édition de Socrate (P. G., LXVII. fiiS, note 60 01619, "*'* ^O ol de BiNTEKiM (Die t’orzit^lich^t'-n Merf>irûrdi^keitrn der clirist-kathntischen Kirche, t. V, p 443), Il est curieux et fâcheux qu’il propos do ce fait on perde si complètement de vue le rôle public el judiciaire du prêtre pénitencier, pour ne considérer que la disparition du confesseur officiellement substitué à l'évéque.