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PENITENCE

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restée associée à celle de sa rémission par l’Eglise Les faits signalés aident tout au moins à comprendre la place faite à la confession dans la pénitence postbaptismale.

S4. — 2° Distinction capitale entre la confession etla pénitence publique. — Iln’japas de doute que la confession ait fait partie tout au moins de cette forme solennelle de pénitence, par ofi personne ne conteste que l’Eglise ait remis les péchés après le liaptcme. Il n’y a jamais eu de pénitence publique sans une confession préalable. Nous ne disons pas sans nue confession publique. Il s’en faut du tout que l’une entraînât l’autre. Les exemples de cette aggravation de peine sont même excessivement rares et incertains ; encore ne la voit-on jamais envisager que couime consécutive à une confession secrète, où le confesseur s entend avec le pénitent pour la lui permettre ou la lui imposer. On ne saurait donc trop soigneusement éliminer des esprits la confusion trop longtemps entretenue entre la pénitence publique etla confession publique.

Mais, ceci bien établi, il reste que l’Eglise n’a jamais prélendu remettre que les péchés à elle manifestés. La pénitence publique exclut si peu la confession proprement dite, qu’elle la suppose et l’inclut, et ceci est un fait tellement avéré que catholiques et non catholiques en conviennent également.

SS. — 3" Jugement des historiens modernes.

— H Il est clair, écrit Mgr Uatiffol, que le pécheur fait toujours de quelque façon l’aveu de sa faute ou de ses fautes plus ou moins explicitement. Car, des là qu’il sollicite d Vtre admis à la satisfaction publique, ou dès qu’on la lui impose, il faut bien qu’il y ait matière a satisfaction Et si cette satisfaction est soit temporaire, soit perpétuelle, raison de plus pour que l’évêque qui en décide ou son délégué qui en décide en son nom, connaissent le délit à la gravité du juel doit être proportionnée la satisfaction. L’existence de la satisfaction proportionnelle a ainsi pour postulat une décision préalable et individuelle qui la détern^ine en connaissance de cause)) (Eludes d’/iist. et de i^’col, po$itife : les origines de la pénitejice^p. 199 et cf. 208-209).

« Such remission was manifestly impossible-nithout a

preliminary déclaration of the nffences t" be forgiven » (Lr :. », Aurlcular confesiion and indulgences, t. 1. p. 182).

(( Das ist nicht richtig, dass i^’a^ Beichte urspriinglich nur lîekenntnis an (iott gewesen sei. Es bat tliatsaclilich nie eine kirchliche Busse ohne Beichte gegeben » (K. Muli.eh, rendant comote de l’ouvrage de Lea, dans T.L.Z., 1897, p. 465).

« Niemand wird in Abrede stellen, dass in dor alten Zeit

auf Busse gedrungen, das Siindenbekenntnis vor dem Priesten empfohlen, unter Umstandon im Interesse des Zuchlverfahrens geradezu verlangt wurde u Casp.ïri, art. Betchie^ dans B.E.P.T.^, p. 534). Cf., dans le même sens. Hou., Enihusiasmus und Bussgewalt, pp. a44-24^ ; 249-250 ; Looï-S, Leiifaden zum Stiidium der Dogniengeschichie^, ^ 09, a a, p. 479 note I.

86. — 4° Témoignages anciens. — C’est que, en effet, la pénitence, dans l’Eglise, se demandait », était i< imposée », « accordée i’, « donnée », et cela déjà suppose à son point dedépart un aveu de culpabilité, une confession. Pour 1 imposer, l’accorder, la donner, pour en déterminer la nature et la durée, celui qui en avait l’administration devait préalablement avoir aci(uis la connaissance de la nature du péché et des dispositions du pécheur. Aussi la manifestation du péché apparaît-elle partout comme inséparable de la pénitence publique.

Certains croient la reconnaître dans cet aveu du péché dont Tfrtullien fait comme le prélude ou le point de départ de la pénitence. < La confession des fautes, dit-il en effet à propos de l’aveu du prodigue à son père, la confession des fautes [les] atténue tout comme leur dissimulation |les] aggrave. En effet, poursuit-il, la confession est [manifeste, sans doute] la résolution prise de donner satisfaction (con fessio enim salisfaclionis consilium e.< : t), tandis que la dissimulation est l’indice de l’obstination. » Et c’est ici, mais ici seulement que commence sa description de la pénitence. Malheureusement l’explication du mot grec iiO/jcXv/nati, qu’on lui donne, dit-il, plus habituellement, l’amène alors à parler d’une confession faite à Dieu même : c’est l’ensemble même des pratiques de cette exomologèse qui lui est un aveu de culpabilité. Non pas qu’on ait rien à lui apprendre ; mais n par la pénitence nous confessons notre faute à Dieu, en ce sens que la satisfaction [à lui offrir] résulte, est déterminée par ou d’après la confession (Domino cuii/ilemur… quutenus satisfactio confessione disponiliii), que la pénitence résulte ( ; inscilur ) de la confession, et que par la pénitence Dieu estapaisé «.Aussi la mention expresse par TertuUien de la confession proprement dite est-elle généralement contestée.

CepBudant, il est incontestable que la pénitence dont parle TertuUien se fait sous le contrôle de l’Eglise. Elle comporte, lui-même y fait très nettement allusion dans le de Pudicilia (xill, 7), l’intervention de l’évêque qui présente le coupable à rassemblée des fidèles pour solliciter leurs prières en sa faveur. Ceux-là même d’ailleurs, qui ne croient pas la confession à l’évêque distinctement exprimée ici par TertuUien, affirment néanmoins qu’ellc avait lieu au début de la pénitence par lui décrite (cf.v.g. li’Alés : La théologie de TertuUien, p. 342-343).

27. — Saint CvPHiKN, plus manifestement, ne connaît pasde réconciliation par l’Eglisequi ne comporte la confession préalable. Il la met au premier plan de la pénitence qu’il prêche aux apostats.

Combien plus de foi et quelle crainte plus salutaire manifestent ceux qui, sans avoir commis le crime de sacrifier aux idoles ou de s’en faire décorner 1 attestation, parce qu’ils en avaient néanmoÏL s accepté la pensée, viennenL tout contrits ai’ouer cela même aux prêtres de Dieu, et faire auprès d’eux l’exomologe^e de leur conscience : ce poids de leur âme. ils le font connaître iexponitni) et, toutes petites et légères que soient leursblessures, ils demandent le rciïtède qui les guérit…

Vous donc, mes frères, poursuit-il, confessez chacun votre faute, tandis que vous êtes encore de ce monde, que votre confession peut être acceptée, que la satisfaction et la rémission par la voie des prêtres est agréée do Dieu [De lapsis, xxviii, XXIX, Ilartel, p, 35^ ot 258).

Cet exi)Osé individuel de l’état des coupables est considéré en Afrique comme si indispensable que le concile de Carthage de 25 1 en fait réserve expresse, là même où il autorise l’admission à la pénitence de toute une catégorie de coupables : soit, on recevra de nouveau à la communion même ceux qui ont sacrifié aux idoles, mais pas en bloc ; il faudra pour chacun examiner son cas particulier, la bonne volonté dont il fait preuve et la nécessité où il se trouve (examinarentur causæ et voluntales et nécessitâtes singulordm : S. Cyprien, Ep., Lv, 6, p. 629628). Il y a en effet bien des diversités de cas dans un même groupe de coupables : « Inler ipsos etiam qui saciificaverint et conditio fréquenter et causa diyersa sit ; … multa sit diversitas » (Ibid., 13 et 14, p. 633). Aussi lui même, l’année d’après, lorsque, à la menace d’une persécution nouvelle, il accorde « la paix », la réconciliation, à ceux qui ont déjà commencé leur pénitence, ne le fait-il néanmoins qu’après avoir examiné leur cas à chacun en particulier ( « examinatis singulorum causis ». Ep., lvii, 5, p. 655).

S8. — Origène n’est pas moins clair. La rémission des péchés « dure et laborieuse », qu’il décrit et qui s’obtient par la « pénitence » proprement dite, comporte l’aveu au prêtre : c’est à lui que se demande cette médecine — « cum non erubescit sacerdoti Do-