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1781

PENITENCE

1782

La grave école de Pythagore érigenit dos cénolaphes à ceux qui dt^^serlaient sa philosophie, les considérant comaie morts ; les chrétiens pleurent comme perdus et morts à Dieu ceux qui ont succomhé à la luxuie ou ; 'i ([uelque autre passion déréglée ; s’ils viennent à ressusciter et à donner des gages sérieux de conversion, ils leur imposent un stage plus long qu’avant la première initiation et ne les re< ; oivent que sur le tard, n’appelant à au'-une dignité ni prééminence dans riCglise ceux qui sont tombés après avoir adhéré à la doctrine chrétienne.

Ici les exigences de la pénitence chrétienne sont maintenues, mais les perspectives de la réconciliation ecclésiastique demeurent ouvertes pour toutes les fautes sans exception, semble-t-il. Pour concilier des enseignements si divers, Dœllinger a supposé qu’Origène évolua — en sens contraire de Tertullien — de la rigueur vers l’indulgence, et qu’après avoir protesté contre le laxisme de Callisle, il s’inclina sous l’autorité de ses sitccesseurs.

Le malheur d’une telle hypothèse est de ne point s’adapter à l'œuvre entière d’Origène. Car on n’y constate pas cette évolution. On y fait au contraire diverses constatations que nous devons borner à indiquer ici, renvoyant pour le détail des citations et des preuves à I.'Edit de Callisle, ch. ix, p. 262296.

loOrigèneappelle à la pénitence tous les pécheurs sans exception ; à tous sans exception, il ouvre la l^erspective du pardon divin, //i l.ew, Horn., 11, 4, /. G., XII, 417B-519C ; //om., ix, 8, 520B-521. ; hi l’s., XXXVI, //om., 1, 5, i^. G., Xll, 128B ; Nom., 11, i, 1330 D ; In Cant..l'. G., XIII, 1308 CD ; Select, iii Ps., XXXI, /*. G., XII, 1301C ; lu /eiem., // » m., xxi, 12, P. G., XIII, 541 AB ; fragm. 3^, éd. Klosteriuan, p. 217 ; In Apoc, schol., 17, éd. Diabouniotis et Harnack, p. 28 (Leipzig, 1911) ; Contra Celsum, III, lxxi, P. G., XI, io13 B ; etc.

3° La rémission offerte par Origène au pécheur est la rémission par le ministère de l’Eglise. Cela résulte de la corapénétration inliiue, dans ses développements, des deux idées de pardon divin et de ministère ecclésiastique ; impossible de tes dissocier. Voir notamment In JYum., Hum, , x, i, P. G., XII, 03 ; B-638 A ; fn Ps., xxxvii. Hum., ! , i, P. G., XII, 1869 C-13'j2 G ; //i Le^., Hum., viii, 10, P. G., XII, 502 B ; //( lud.. Hum., 11, 5, P. G., XII, 961 ; In lereni., fragra. 48 KIostermann, p. 222 ; /n Ez., Hom., x, I, P. G., XIII, ^40 D-74' A. Origène revient souvent sur le ministère du prêtre, conlident du pénitent, In /.et'., Ilom., iii, 4, P. G., XH, 429 AC ; In Ps., xxxvii, Hom., II, i, P. G., XII, 1381A-1382 ; In loan, , I. XXVIII, V, P. G., XIV, 693A ; vi, 693c 696 A ; fragm. jg Preuschen.

3° De cette rémission, aucune catégorie de péchés n’est exceptée en droit, pas même les péchés appelés, 7>e Or., XXVIII, inguérissables, ri « vi>/.tk riij xaapTnfiy.Tav Ainsi /h Ex., Ilom., vi, 6, P. G., XII, 3356-336A / (fautes de la chair) ; Ibid., 9, 338 AD (homicide, adultère) ; In Ps., xxxvii, Hom., i, i, P. G., XII, 13^013^1 A (cas de l’incestueux de Corinthe) ; // ; Ez., Hom., m. S, P. G., XIII, 694 C-69.5 A (excommuniés) ; In Ierem., IIom., ju-^, 9, A*. G., XIII, 621 (fornication). — On peut noter qu’Origène ne condamne pas Hermas, encore qu il hésite à recevoir le Pasteur parmi les Ecritures canoniques. In Ps., xxxvii, Hom., i, P. G., XII, 1372 AC. —In loan., 1. XXVIII, vi, P. G., XIV, 696 (apostasie). — Cf. Stuflkr, Die Siindenwergebiing hei Origencs, p. 2Il et passim ; dans iT..s'./' Katli. Théologie, 1907.

4° La rémission, sans exception de par la qualité des péchés, peut subir des restrictions de par iaqualilé des personnes : « ) du fait du pécheur, qui repousse les avances de la grâce, In Malt., ser., 114,

P. G., XIII, 1763 ; In luan., 1. XXVIII, xiii, P. G., XIV, 713A ; I. H, v, , P. G., XIV, 129 ; 1, iv, a5 C ; VI, i, aooB ; fragment ap. Athanase, Ep. ad Serap., IV, 10, P. G., XXVI, 6496-65aA. Voir, à ce propos, l’oscH.MANN, /J(e Siindein’ergebitng bel Origenes, p. 7. Braunsberg. 1912 ; et surtout Stuflbr, Z.S.K.T., '9C7, p. 226 ;

/') du l’ail du ministre de la pénitence, qui n’est lias à la hauteur de son miuislcre. In los., Hom., vii, 0, P. G., XII, 861 AB ; lu Ps., xxxvii, Hom., 11, 0, P. G., XII, 1386. Le ministère de la pénitence (qui n’est plus réservé exclusivement à l'évéque, voir // ! lue, Horn., xvii, P. G., XIII, 1846.V) exige un discernement délicat, qui adapte le trailemenl aux maladies de l'âme. In AJaU., t. XIII, xxx, /^ G., XIII, 1173-1177 ; cf. In Ez., Ilom., iii, 8, P. G., XllI, 694C695A ; In Malt., t. XIII, xxxi, ib., 1180-1181 ; t. XII, XIV, 1012A-1016A ; t. XVI, 8, 1396. — Origène parait se pénétrer de plus en plus de cette idée, que le prêtre produira du fruit selon la mesure de son union à Dieu.

5° Relu à la lumière des observations précédentes, le texte du iJe Oratione, xxviii, n’apparail pas comme une sorte de bloc erratique dans l'œuvre d'Ôrigènc, mais comme l’expression d’une doctrine constante. De tout temps, Origène réjirouva la présomption des prêtres qui traitent légèrement le ministère de la pénitence ; il les rend responsables de la perte des âmes, qu’ils négligent d'éprouver avec une ferme tendresse, et de disposer au pardon divin. Cette doctrine se retrouve à toutes les étapes de sa vie.

Avant 280, dans Péri Aiclion, III, i, 12, P. G., XI, 273, Koetschau, 13, p. 217, 4-218, 11 ; ib., 16, P. G., XI, 284, Koetschau, 17, p. 225, 14-226, 4.

Entre 282 et 235, dans De Oratione, loc. cit. Cf. xiv, P. G., XI. 460B ; 464C.

En 235, dans Ad martyrium exhorlatio, xxx, P. G., XI, 601, Origène montre les martyrs investis d’une sorte de sacerdoce, qui les rend 5eu/ « capables d’obtenir le pardon des fautes commises après le baptême. L"ne telle assertion serait inintelligible si l’on n’avait égard à l’ensemble de la doctrine.

Après 244> In Let, Hum., xv, 2.3, P. G., XII, 560A561A ; 562A ; In lerem., Hom., xii, 5, P. G., XIII, 385BC.

Entre 246 et 248, Co71^ ; a Celsum, III, Li, P. G., XI, gS8 ; LXXI, io13B.

En résumé, ce n’est pas un texte unique, détaché de toute ambiance, qui peut livrer la pensée profonde d’Origène touchant la rémission des péchés les plus graves. Mais deux conclusions se dégagent, que nous avons établies ailleurs avec plus de détails :

1) L’hypothèse d’un conllil personnel entre Origène et le pape Calliste(21 8-228), sur la question de la pénitence, est de tous points imaginaire ; car : a) I.e seul écrit où l’on a cru trouver la trace de ce prétendu conflit, n’est pas contemporain du pape Calliste, mais de son deuxième successeur, à moins que ce ne soit du quatrième ; t) Ce même écrit, lu à la lumière de l'œuvre entière d’Origène, prend un sens tout différent, qui supprime l’hypothèse du conflit.

2) L’idée d’une évolution accomplie par Origène, de la rigueur vers l’indulgence, quant à la doctrine de la rémission des péchés, ne repose sur aucun fondement réel. C’est du commencement à la lin de sa carrière, qu’on peut suivre dans ses écrits l’affirmation parallèle de deux principes en apparence contradictoires : la réuiission ollerte à tous les péchés, et le caractère irrémissible de toute faute grave commise après le baptême. La contradiction dirparait, si l’on réfléchit qu’il s’agit non pas de fautes irrémissibles par leur nature, mais de fautes rendues telles soit par l’endurcissement du pécheur, soit par