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PENITENCE

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Saint Augustin, qui a consacréàce texte une élude distincte, n’en connaissait pas de plus dillicile dans toute l’Ecriture,.Serni., LXXi, 5, 8, P. L., XWVlimg. Avant lui, bien d’autres Pères s’y étaient attai|ués.

La Didaclié, xi, 7.8. 1 1, défend de tenter le prophète quiparle en esprit : ce seraitcomræltre lepéché irrémissible. De même, saint lRÉNÉK,.'l(ii'. //aei es., Ill, xi, 9 P. G., VII, 891 A, déclare coupables du pccUé conlre le Saint-Esprit les hérétiques opposés systématiquement au charisme des prophètes.

Tektullien, déjà montaniste, trouve la délinition du blasphème contre le Saint-Esprit réalisée dans l’apostasie, qui constitue un alTront à la loi scellée par le baptême. De pudic., xiii, P. /,., 11, ioo5. On retrouvela même interprétation, non seulement dans lasecte novatienne, maischezsaint Cyprien, quisans doute n’en lirait pas les mêmes conséquences, Testimon., 111, 28, éd. Hartel, p. 142, 8-16 ; £pf>., XVI, 2, p. 518 ; Lv, 27, p. 6^5 ; lxii, 3, p. 699, et chez PSEUD0-G3PRIEN, De alealoribus, x, p. 102.

Les Alexandrins ont pareillement insisté sur l’injure spéciale faite au Saint-Esprit par le péché commis après le baptême ; voir Origkne et Thkognoste, cités parsaint Atiiana.se, Zi'^. ad Serapioii., iv, 10 et 7 ; /'. G., XXVL 6^9 C., 652C. Voir encore Ohigkxb, /n /oan., l. ii, VI, P. G., XI, 128. Mais ils ne concluent pas à la damnation universelle de tous ceux qui pèchent ainsi.

Nombre de Pères illustres ont repris la solution déjà indiquée dans la Didaché, et mis en lumière la malice très spéciale du péché qui impute au démon les œuvres de l’Esprit divin. Voir saint Atiianasr, Ep. ad Serap., iv, ao, P. G., XXVI, 608 B-669A ; saint HiLAiRE, InMt., 1. XII, XVII, P. L., 989 B ; saint.mBRoisE, De pænii, , II, iv, 24, P. /-, XVI, 503 B ; saint Pac.ien, Ep. ad Sympronianiim, III, xv, P. /,., XIII, 10^4 A ; Pseudo-Augustin, quæstiones Y. N. T., cii, P. L., XXXV, 2307 ; saint Jean Chrysostome, In. Mt.. Nom., xii, 7, />.G., LVII, 419.

Les Constitutions apostoliques ne connaissent qu’un péché irrémissible : c’est la présomption criminelle qui spécule sur la patience divine pour pécher à l’aise, II, xxiii, 1-2, éd. Funk, p. 89, 24-28.

I.a solution de saint Augustin coupe court à toute ùilliculté en identiliant purement et simplement le blasphème contre le Saint-Esprit avec l’impénitence ilnale, qui repousse jusqu’au bout les avances de la grâce divine..Serm., lxxi, Z'. i., XXXVIU, 445-467. C’est la même solution qu’on retrouve chez saint Fui.gknce, De remissione peccatoriim, xxii-xxix, P. L., LXV, 547.

Saint LÉON le Grand, en vue de controverses actuelles, se borne à faire l’application du texte de Mt., XII, 31-32aux hérétiques pneuaiatomaques, qui relèguent l’Espril-Sainl à un rang inférieur dans la Trinité..Serm., Lxxv, 4. P- L., LIV, 402-403 ; lxxvi, 4, ib., 40C.

Il n’est presque aucune de ces solutions où l’analyse ne découvre quelque élément de vérité. Mais si l’on veut rendre pleine justice au texte évangélique, il semble indiqué qu’on doit serrer de près la solution traditionnelle, esquissée par la Didaché et saint Irénéb. Le péché contre le Saint-Esprit est précisément celui que le Sauveur reprochait aux Pharisiens, témoins de ses miracles et, ])hitôt que d’y reconnaître la vertu de Dieu, les attribuant à Béelzebub. C’est là proprement le péché contre la lumière, qui stérilise les grâces de Dieu et aboutit naturellement à l’inipénitence (inale. Cet aboutissement, qui est dans la logique d’un tel péché, justifie l’anathème du Seigneur, puisque, en fait, celui-là ne saurait être jamais pardonné qui s’obstine à repousser toutes les offres de pardon.

Par où l’on voit que, si l’on peut parler d’après l’Evangile d’un péché irrémisible, ce péché est irrémissible non du fait de Dieu, qui n’a point limité le pouvoir de rémission donné aux ministres de sa grâce, mais du fait de l’homme, qui oppose à la rémission sa volonté d’impénitence. C’est la conclusion qu’il importe de dégager, pour montrer que la parole du Seigneur demeure rigoureusement vraie : le péché qui n’aura pas été remis sur la terre, ne sera pas davantage rerais au ciel ; non parce qu’il n’existait pas sur terre un pouvoir suffisant de rémission, mais bien parce que l’homme s’y sera persévéramment refusé.

2" Les péchés des fidèles, d’après Heh., , 4-8 ; x, 26-27 ' '^'i' '6-17.

Il est impossible que ceux qui ont été une fois illuminés, qui ont goûté le don céleste, ont participé à l’Esprit-Saint et goûté la belle parole de llieu el les vertus du siècle à venir, puis sont tombes, soient renouvelés un" seconde fois

fiour la pénitence, alors qu’ils crucitient de nouveau pour eur compte le Fils de Dieu et le livrent à l’ignominie. Quand une terre, buvaritla pluie qui descend fréquemment sur elle, produit une végétation utile à ceuï qui la cultivent, elle a part à la bénédiclion de Dieu : mais quand elle ne produit qu'épines et ronces, elle est réprouvée, proche de la maiédicùon et enfin destinée au feu.

Si nous péchons volontairement après avoir reçu la connaissance de la vérité, il ne reste plus de saLTÎlice à offrir pour nos péchés, mais l’attente redoutable du jugement et l’ardeur du feu qui consumera les rebelles.

l’as d’impudique ni de profane, comme l^sali, qui pour un mets vendit s^in droit d aînesse. Vous savez que plus tard, voulant obtenir la bénédiction paternelle, il i’ut repoussé ; car il ne fut pas admis à repentunce, malgré ses larmes et ses supplications.

Il est facile de lire dans ces textes une doctrine toutà fait désolante, qui dénie tout espoir de réhabilitation au chrétien tombé après le baptême. Les anciennes sectes rigoristes n’y ont pas manqué ; et des historiens modernes attribuent le changement qui s’est fait dans l’Eglise, depuis le temps des Apôtres, à un abandon de l’idéal primitif, idéal de sainteté absolue qui n’admettait aucune compromission avec les pécheurs.

Mais les Pères du quatrième siècle ont écarté cette exégèse en restituant la vraie pensée de saint Paul. Les destinat.Tires de l'épître étaient des chrétiens sortis du judaïsme, mais encore mal affermis dans la foi et ressaisis par des velléités de vie juive. U s’agit de leur faire entendre que la démarche qui les a menés au Christ est définitive. Après ce baptême, dont ils ont reçu et apprécié le bienfait, espèrent ils donc une autre rénovation ? Pensent-ils que la Victime du Calvaire, dont ils font peu de cas, puisse être une seconde fois immolée pour eux ? Telle, et non pas autre, est la pensée de saint Paul.

Ce langage exclut la possibilité d’un second baptême. Mais il n’insinue pas que la vertu du sang du Christ soit épuisée par la régénération baptismale et ne puisse désormais procurer, par une autre voie, la rémission des péchés. Contre une telle interprétation de 1 épître aux Hébreux, on peut voir les protestations de saint Athanase, Ep., iv Ad Serai)., 13, P. G., XXVI, 655-656 ; de saint Ambboise, De pænit., II, 11, 7.8, P. /.., XVI, 497C-498A ; de saint Epiphank, Hær., lix, 2, P. G., XLI, 1020 ; de saint Jean (^^hry’sostomb. In Heb., Hom., ix, a. 3, P. G., LXllI, 78-80 ; XX, I, 143 ; XXXI, 2, 214-215. Il s’agit au contraire d assurer le sérieux de la pénitence. Ces Pères n’y manquent pas ; aussi ont-ils grand soin d’ouvrir aux mêmes pécheurs, trop ingrats à leur baptême, de larges perspectives de miséricorde. C’est le sens du commentaire de saint JiiRÔME, qui serre de près la lettre de l'épître aux