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PÉNITENCE

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ne doit pas faire illusion ; car le sens attaché au mot est totalement changé. Dans la doctrine catholique, la chute originelle dit tout d’abord la perte qu’Adam, principe et chef du genre humain, lit de la grâce sanctifiante et des autres dons primitifs, surnaturels ou préternaturels. La concupiscence, considérée comme privation du don d’intégrité qu’Adam avait reçu pour lui et pour les siens, nous rappelle, dans l’ordre positif et historique, non pas le peu d’où nous sommes partis, mais l’état supérieur d’où nous sommes déchus dans la personne de nos ancêtres. Cette grandeur perdue, cette noblesse de notre origine première ne nous sont connues, il est vrai, que sous la lumière de la révélation divine ; et comme les rationalistes et autres adversaires de nuance anticatholique ou antichrétienne n’admettent ni la révélation divine ni l’ordre surnaturel dont elle suppose l’existence, là se trouve, en définitive, le vrai conllit entre ceux qui professent et ceux qui nient le dogme de la chute originelle.

B1BL106RA.PUIU. — Synthèse théologique du dogme : S. Thomas d’Aquin, Summa iheol., l’II’S q. lxxii s. ; II » II", q. CLXiK s. ; Suarez, De l’itiis et peccatis, disp. IX, éd. Vives, 1. IV, p. 597 ; B. de Rubeis, De peccato originuti, Venise, 1767. Parmi les théologiens récents : Palmieri, De Deo créante et elet-ante, th. 05 s., Home, 1878 ; Scheeben, llundbuch der katholischen Dogmutik, t. ii, § 167 s., Fribourgen-Brisgau, 1878 ; trad. fr. par Bélet, t. IV, p. 255 s. Du point de vue apologétique ; S. Thomas d’Aquin, Summa contra gentiles, 1. IV, c. Li s. ; Kleutgen, Théologie der Vorzeit, a* éd., t. II, p. 607 s., Miinster, 1872 ; Hettinger, Apologie des Christenthums, t. Il », p. 311s., Fribourg-en-Brisgau, 1872 ; trad. franc, par de Felcourt-Jeannin, t. III, p. 339 s. ; II. 1*. Félix, Le progri ; s par le Chruiianisme, Année 1863, 5" Confér. ; R. P. Monsabré, Exposition du dogme catholique, Carême’877, 2628" Confér. ; abbé de Broglie, Conférences sur la vie surnaturelle, t. 11, Paris, 1882 ; E. Méric, La chute originelle et la responsabilité humaine, 8^éd, , Paris, 1885 ; A. M. Weiss, O. P., Apologie du Christianisme, trad. franc, par CoUin, t. 111, 1’^ partie, Paris, 1898 ; Mgr d’IIulst, La déchéance originelle, dans Conférences de Notre-Dame, 189^, Retraite pascale ; J. Bricout, Péché originel, dans Hevue du Clergé français, t. XII, p. 174 s., Paris, 1897 ; X. Le Bachelet, I.e Péché originel dans Adam et ses descendants (collect. Science et /fe/i^io/i), Paris, 1900 ; S. Harent, S. J., Original Sin, dans The Catholic Encyclopedia, t. XI, p. 31 a s., New-York, 1911.

X. Lb Bachelet, S. J.


PÉNITENCE. — Le mot ii-iivm.’x, pænitentia, signilie proprement cliangerænt de disposition intérieure ; il désigne surtout la résolution de s’amender après le péché. Conséquemment, il désigne aussi les actes extérieurs qui manifestent cette résolution.

La pénitence intérieure, qui consiste dans le regret du mal commis, est nécessaire pour obtenir la rémission du péché. En effet, le péché, par lequel on préfère la créature à Dieu, constitue le pécheur dans un état d’aversion à l’égard de Dieu. Cet état d’aversion ne peut prendre fin que par une co/ifers/on contraire, rétablissant l’orientation de l’âme vers Dieu. C’est proprement l’œuvre de la pénitence, ainsi que l’explique saint Thomas, III », q. 86, a. 2 : Offensa peccati mortalis procedit ex eo quod voluntas hominis est aversa a Deo per contersionem ad aliquod bvnuin commutabile. L’nde requiritur ad remissionem ditinae offensæ quod voluntas hominis sic immutetur ut con vertatur ad Deum cum detestatione conversionis prae dictæ et proposito emendandi ; quod pertinet ad rationem pænitentiæ secundum quod est virtus. Et ideo impossibile est quod peccatum alicui remittatur sine pænitentia, secundum quod est virtus, La prédication apostolique requérait cette condition pour la rémission baptismale. Act., 11, 38, l’auditoire touché par saint Pierre, le jour de la Pentecôte, demande :

« Que faire ? » Et saint Pierre répond : « Convertissez-vous

(u.€ryMr, 7aLre), et que chacun de vous se fasse baptiser au nom de Jésus-Christ pour la rémission de ses péchés, et vous recevrez le don du Saint-Esprit. >>

Le fidèle qui pèche après le baptême, peut encore rentrer en grâce avec Dieu moyennant pénitence ; et Jésus-Christ a élevé cette pénitence postbaptismale à la dignité de sacrement Dès le commencement du iiiî’siècle, la pénitence est appelée « seconde planche de salut après le baptême ». Tertullien, De pænitentia, IV, 2 ; XII, 9.

Parmi les aspects du sacrement de pénitence, deux ressortissent spécialement à l’apologiste :

I’L’institution du pouvoir des clefs met à la portée de tous les baptisés le pardon de toutes les fautes commises après le baptême. Revendiquer cette institution, sera faire l’apologie de la Providence, qui en cela se montre miséricordieuse.

2° La confession, moyen divinement institué pour procurer l’administration de la pénitence, sous forme de jugement sacerdotal, n’est pas, comme on l’a trop souvent répété, une invention humaine. Rétablir le caractère primitif de l’institution, sera faire l’apologie de l’Eglise, fidèle interprèle de la pensée du Christ.

D’où, deux parties.

PRBMiàRB Partis

INSTITUTION DE LA PÉNITENCE

SoMMAinB. — A. NouvFAU Testament. I° Paroles de l’institution. — 11° Objection. Des péchés irrémissibles. 1° Blasphème contre le Saint-Esprit ; 2° Les péchés des fidèles, d’après l’épître aux Hébreux ; 3° Le péché mortel, d’après la L" épître de saint Jean. — 111° La pratique des Apôtres.

B. L’Eglise primitive. — I » La pénitence à Rome au II » siècle, d’après le Pasteur d’Ilermas. — II" l’administration de la pénitence au 11 » siècle, en dehors d’Ilermas. — III" La pénitence au m" siècle. Théorie des trois péchés réservés. 1° Tertullien ; 3° Calliste et Hippolyte ; 3" Origène. — Conclusion.

A. Nouveau Testament

1° Paroles de l’inetitution

L’institution du sacrement de la rémission des péchés apparaît, dès le NT., liée à la fondation même de l’Eglise, selon la pensée du Christ. Le Christ savait bien de quelles pierres il bâtirait son Eglise et combien sont fragiles les volontés humaines. Les hommes destinés à entrer dans cet édifice n’auraient pas seulement besoin d’y être introduits par le baptême, mais encore d’y être réintégrés s’ils venaient à déchoir. La vie de la grâce, une fois acquise, peut se perdre ; le sacrement de la régénération appelait un complément.

Aussi la parole même par laquelle le Christ constitue Pierre fondement de son Eglise, renferme dans son contexte immédiat la promesse du pouvoir des clefs, pouvoir discrétionnaire sur les personnes et sur les choses dans le royaume de Dieu, Mt., xvi, iS-ig :