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PECFIÉ ORIGINEL

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propre injustice. » Sess. vi, ch. 3, Denzinoer, n. ^gS

(677) 3. Les aayersaires. — Les Pères du concile de

Trente n’ont fait que rééditer les condamnations

portées, plus de dix siècles auparavant, dans le

second concile de Milève, en 4 >6> et le second d’Orange,

en 629. Denzingrr, n. 101 sq., 174 sq.(65 sq., lij/i sq.).

Les pélagiens, visés dans ces documents, soutenaient

d’une façon générale que, » dans les enfants, la nature

humaine n’avait pas besoin de médecin, parce qu’elle

était saine, et que dans les adultes, elle pouvait, si

elle le voulait, se suffire à elle-même pour acquérir

la justice ». S. Augustin, De nul. et grat., c. i, I'.l..,

t. XLIV, col. 260. C'était nier, explicitement ouimpli citement, et le péché originel, et son présupposé,

c’est-à-dire l’existence d’un état primitif d’innocence

et de justice, fondé sur des dons surnaturels et pré ternalurels dus à la pure libéralité du Créateur, et

ses conséquences, notamment l’impuissance où nous

serions actuellement de tendre à notre lin dernière

par les seules forces de notre nature ou d’observer

toute la loi morale et d'éviter tout péché sans le

secours de la grâce.

L’erreur pélagienne reparut avec la Reforme. Non que les chefs mêmes du Protestantisme, Luther et Calvin, aient nié le dogme du péché originel ; au contraire, partant de ce faux principe, que les dons possédés primitivement par Adam lui étaient essentiels ou strictement naturels, ils exagérèrent la notion de la déchéance initiale, en y voyant une corruption substantielle ou intrinsèque de la nature humaine et en tirant de là les conséquences lesplus graves : impuissance absolue ou négation du libre arbitre dans l’ordre moral, justification par la foi seule, caractère positivement vicieux delà concupiscence, etc. Ce dernier point se retrouve dans les Articles de Religion de l’Eglise anglicane, n. g : Concupiscence and lust hath of itself the nature of sin.

Mais d’autres Réformateurs, les Sociniens en particulier, allèrent dans une direction diamétralement opposée ; traitant la doctrine traditionnelle de fable juive, introduite dans l’Eglise par l’Antéchrist, ils reprirent en substance les positions de Pelage ou de ses disciples sur l'état primitif de l’homme, son plein pouvoir de tendre à sa Un dernière par ses propres forces et le caractère exclusivement personnel du péché d’Adam ; sa faute n’ayant nui qu'à lui seul, il n’y a plus à parler de déchéance ou de tare hérédit ; iire.

Ces idées se sont singulièrement développées, au xix* siècle, dans les milieux proteslantsqui ont subi l’influence du rationalisme, dogmatique ou scientilique. Le récit contenu dans la Genèse, ch. tu, devient une fiction poétique ou un drame mythologique, interprété diversement, mais toujours dans un sens exclusif d’une chute originelle ou déchéance commune. A la suite de Schiller, beaucoup ne voient laque le premier éveil de la conscience morale avec le sentiment des contradictions douloureuses qui l’accompagnent toujours ». Aug. Sabatier, l.a doctrine de l’expiation et son évolution historique, Paris, 1903, p. 6. Dans un autre ouvrage, l' Apôtre Paul, 3" éd., Paris, 18g6, p. 3gi s., le même auteur s’est même ingénié à retrouver cette conception dans l’antithèse établie par saintPaul, I Cor., 11, 14 ; xv, 45 ; Rom., vir, 14, entre « l’homme animal, l’homræretenu encore dan s les liens de la vie sensible « , 'iL' ; ^izo ; , T « , cj<iw ; , et l’homme « spirituel », TTvîuyc<ri/o ;. C’est sur des bases semblables ((u’une reconstitution de l’ancien dogme a été proposée en Angleterre par F. R. TENNANT.dans divers ouvrages, particulièrement The sources of the Doctrines of the Fall and original Sin, Cambridge,

igo3, et, plus récemment, art. Original Sin, dans Encyclopædiii of Religions and Elhics, éd. J. Hastings, vol. IX (Edinburgh, 1917), p. 564 IL Fondements du dogme. — L’Eglise catholique invoque en faveur de sa croyance la sainte Ecriture et la Tradition. A défaut d’un développement qui relève de la théologie dogmatique, un rapide aperçu s’impose.

La preuve scripturaire est dépendante de la distinction entre lepéché originel considéré dans Adam ou dans ses descendants. Un certain nombre de textes établissent directement une faute de notre i)remier ancêtre, accompagnée d’une déchéance qui s’est étendue à toute sa race, et c’est en étudiant la déchéance qu’on peut juger de l'état qui avait précédé. Faute et déchéance sont rapportées au chapitre troisième de la Genèse, mais le développement ultérieur de la révélation divine apporte des déterminations ou des compléments, il’où résultent les données suivantes. Dieu édicté la mort corporellecontre l’homme en punition du premier péché ; l’arrêt vaut pour Adam et pour tous ses descendants : Gen., 11, 17 ; iii, 3, ig ; Sop., Il, 23-24 ; Jiccli., xxv, 33 ; Rom., v, 12 ;

I Cor., XV, 2 1-22. La concupiscence fait son apparition avec la faute de nos premiers parents et en conséquence de cette faute ; elle s’attache ensuite, comme une infirmité congénitale, à tout homme naissant d’Adam : Ps., l, 7 ; Juh, xiv, 4 ; xv, 14 ; Rom., VII, 14 sq. La justice et la sainteté originelles sont conlenuis iniplicitenient dans Gen., i, 26-27 et insinuées dans Eccli., yi.vu, 5- 10. En face de ces textes sacrés, quelques passages de livres apocryphes ont aussi leur intérêt, non comme sources du dogme, mais comme indices de croyance. L’introduction de la mort par le péché y est affirmée, avec lien de solidarité entre Adam et sa race : 1V /ist/r., iii, 21 ; vii, 48 ; Livre d’Enoch (étliiop.), Lxix, 11 ; Livre des secrets d’Uénoch(sl^von, recens. A), xxx, 16 ; xLi, i ; Apec, de llaruch, xvii, 2-3 ; xxiii, 4 ; Lvi, 5. De même, la transmission d’une infirmité morale permanente, d’un mauvais germe de péché : IV Esdr., iii, 22 ; IV, 30. L'état d’innocence et de justice originelle, par là même supposé, est aussi parfois exprimé : Livre d’Hcnoch (élhiop.), Lxix, 1 1 ; mais la nature des dons primitifs est peu précisée. Saint Paul complète l’enseignement, quand il présente notre justification et notre sanctification en Jésus-Christ comme un retour à lajusticeetà la sainteté primitives : Eph., i, 22-2 ! i ;

II Cor., v, i'} ; To/., III, 9- 10. « Ainsi la connaissance de ce queleSauveur a rendu àThomme, nous révèle ce qui fut donné dans le commencement », suivant la juste remarque de Moehleb, La Symbolique, Irad. Lâchât, lîesançon, 1836, t. I, p. 5.

Déjà, dans l’un ou l’autre des textes précédents : Ps., i., 7, in iniquitatihus conceptus suni, et Job, xiv, 4. de immundo conceptam semine, l’idccd’une souillure ou d’un péché qui s’attache à l’enfant conçu semble s’associera celle d’une simple déchéance. Toutefois la pleine lumière ne brille, sur ce point, que dans le Nouveau Testament. Saint Paul parle <le tout homme comme sujet, par nature ou naissance, à la colère divine, Eph., 11, 3 : tsV/k }.ùj£i àp-/f, i. Mais le texte capital, celui que les conciles ont invoqué, se trouve dans Rom., V, 12-19. L’Apôtre ne touche la matière qu’incidemment, à propos de l'œuvre rédemptrice de JésusChrist qu’il exalte en l’opposant à l'œuvre néfaste de notre premier père ; circonstance qui n’enlève rien à la force ni à la valeur de l’affirmation : «.insi donc, comme par un seul homme le péché, n « |j.K/5Tia, est entré dans le monde, et par le péché la mort, et que de la f^orte la mort a passé dans tous les hommes (en celui) en qui tous ont péché, in quo omnes