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PAUVRES (LES) ET L ÉGLISE


admise dans la Comptignie, elle s « dresseru ù Monsieur le Curé ou à celui qui la conduit en son absence poiir en coi’férer avec les Dames oflicières, et pou ! - cela, il y aura un ref.iî'tre pour e>crir « - leur nom, bi mieux tiles n uiuient y "venir volon lai renient sans étie insci’iles.

Tout billet contiendra le nom et suinom et demeure de chaqn » - jtauvre, ceux de leur iemnieet le nuiubre de leurs enfants ; et au cas que le tout ne soit exprimé, la Daniequi sera députée piuir les visiter prendra la peine de s’en informer et <ie le niartiuer sur son billet pour ensuite le rapptiiter au secrétaire.

L’<'n lera toujours les visites en personne, s’il est possible, et les billets de sa propre main pour éviter les sui’prises.

Tous les ans au commencement de l’année, on fera une visite généi aie et plus exacle qu’à l’ordinaire de trais les paut t es que l’on assiste, el ii upai avant on fera une Assenibleeaussi plus générale, où toutes les dames seront conviées d’assister,

1-es aumônes seront volontaires et on mettra un petit cofire en forme deironc sur la table, afin que Ion ne puisse voir ce que cbacune des dames aui-a dév^ition de donner, si mieux elles n’aiment ee taier de pær tous les ans ; et celles qui n’auront pas le nio^^en jiourront aider de leur advisetde leur peine » [Bibl. j’ai., pZ^, Réserfe).

Quelle qu’ail pu être l’intluence de la Conipngiiie du Saiiil-Sacrenient dans le développement des t^onfréries des Dames de la Cliarilé ou même dans leurs origines, si l’on considère surtout la Compagniemodèle de rHôtel-Dicu. — il reste que le rôle de saint Vincent de Paul fut très considérable, qu’il peut toujours en être regardé à bon droit comme le grand initiateur et que cette Compagnie-modèle joua, elle aussi, un rôle eapilal dans l’histoire de la charité. En ellet les Dames de la Charité ne bornèrent pas leur zèle aux malades de l’Hôtel-Dieu ; elles se consacrèrent de leur personne et de leurs biens à l’œuvre admirable des Kiifaiits Iroiifés.

On sailqu’ellesfurenlles péripéliesde cette <euvre, et les paroles de Monsieur Vincent, lors de la détresse de 1647. sont dans toutes les mémoires. Comme les Dames hésitaient à continuer, faule de ressources, l’entreprise commencée en if)38 : « Or sus. Mesdames, leur dit-il, la compassion et la charité vous ont fait adopter ces petites créatures pour vos enfants ; vous avez été leurs mères selon la grâce, depuis que leurs mères selon la nature les ont abandonnées ; cessez d’être leurs mères pour devenir à présent leurs juges ; leur vie et leur mort sont entre vos mains ; je m’en vais prendre les voix et les suffrages ; il est temps de prononcer leur arrêt et de savoir si vous ne voulez plus avoir de miséricorde pour eux. Ils vivront, si vous continuez d’en prendre un charitable soin, et au contraire ils moun ont et périront infailliblement si vous les abandonnez ; l’expérience ne vous permet pas d’en douter. » Que répondre à de telles paroles, sinon s’engager à continuer l’œuvre ? C’est ce que tirent les Dames.

Ce qui est moins connu et ce qui fait le grand intérêt de la publication de M. Goste, ce sont les discours et conférences autographes du saint aux Dames de la Charité, c’est la constante hauteur des vues surnaturelles et en même temps le sens du réel, le sens pratique et positif, avec chiffres à l’appui, qui se révèlent dans tous ces discours. Il relève et exalte devant elles la condition des enfants trouvés, auxquels il trouve six points de ressemblance avec Jésus-Christ (CosTB, o/j. cit., p. 134) el à deux reprises il dit aux Dames que « peut-être s’en trouvera-t-il quelques-uns qui seront grands personnages et grands saints. Rémus et Romulus, les fondateurs de Rome, étaient îles enfants trouvés et furent nourris parune louve. Melchisedech, prêtre, était, selon saint Paul, sans père ni mère, qui est à dire enfant trouvé ; saint Jean fut comme un enfant trouvé dans le désert.

Moïse était un enfant trouvé par la sœur de Pharaon » (CosTK, o/>. cit., pp. 125, tili).

Lorsque de nouveau en iG^g, la détresse revenue, les enfants ramenés de IMcêtre à Paris furent de nouveau ex|>osés à mourir, faute d’argent, M. Vincent stimula de nouveau le zèle des Dames, en leur disant, non sans ironie : a Quand cbacune s’efforcerait à cent livres, c’est plus qu il ne faut… Hélas ! combien de nigoleries a-ton au logis qui ne servent de rienl… Une dame donnait ces jours passés tous ses joyaux pour cela. Cinq ou six dames nourrissent une I)roviiice » (Costb, op. cit., p. 106 ; Goyau, op. cit., pp. ô8-(io).

Il est certain que, sans les aumônes considérables des Daines, les Filles de la Chanté, malgré leur dévouement, n’auraient pu soutenir et continuer cette œuvre.

Il nous faut, en effel, parler des Filles de la Charité, vu I gai renient ap|iclées, S « ’» ; s^/(Sés au XVIIe siècle, et aujourd’hui le plus souvent Sœurs de suint Vincent de l’aiil.

C) Les Filles de la Charité. — Leur origine est curieuse. Nous avons dit comment la petite confrérie des Dames de la Gbaiilé de Chàtillon-les-Dombes avait été le point de départ de loutes les autres. Ici, les débuts sont encore plus modestes.

Une dame du monde, Louise de Marillac, veuve d’Antoine Le Gras — Mlle Legras, connue on l’appellera, le litre de Madame élant réservé à la reine, aux princesses, aux abbesses et à quehjues privilégiées

— restée veuve en 1626 avec un fils de douze ans, conçoit à trente-cinq ans l’idée de se consacrer tout à fait au service des [lauvres et des malades. Comment, elle ne le savait pas. D’abord pénitente de Camus, évéque de Belley, disciple et ami de saint François de Sales, son directeur, obligé de résider dans son diocèse et, par suite, loin de Paris, lui conseille de s’adresser à M. Vincent. Celui-ci, malgré le grand nombre d’hommes et de femmes du monde qu’il dirigeait, l’accepte. Elle lui fait part de ses projets. Il ne répond rien ; il avait l’habitude de ne rien brusquer el d’agir lentement. Il ne faut pas, disail-il,

« enjamber sur la Providence ». Il perfectionne son

âme et l’éprouve pendant deux ou trois ans. En 162g, il l’emploie à la visite des Confréries de la Charité. Il l’envoie à Mon I mirai 1, àSaint-Cloud, à Villepreux, à Beauvais, etc. Elle emporte avec elle une grande provision de linge et toute une pharmacie. Partout, elle visite les malades et les soigne de ses propres mains, donnant l’exemple aux dames des Confréries, et faisant d’abondantes aumônes. Enfin son directeur lui permet de réunir chez elle trois ou quatre jeuneslilles de la campagne, simples villageoises, qui devaient rendre des services dans les confréries de charité, sous la conduite des Dames. Elles devaient être tout simplement les servantes des pauvres et aussi des Dames, afin de remplir auprès des malades les plus humbles emplois, ceux que décemment el à moins d’un héroïsme semblable à celui que nous a von s signalé chez Madame de la Suze une femme du monde ne pouvait guère exercer. La dame de charité lie pouvait faire que des visites aux malades et se devait avant tout à son mari el à ses enfants. La fille de charité, au contraire, serait toujours à la disposition des dames et au service des malades, — Mlle Legras forma ces jeunes filles elle-même, el les envoya dans les confréries ; quand elles partirent de chez elle, d’autres vinrent les remplacer et faire leur noviciat sous sa direction. Les Filles de la Charité étaient fondées. Louise de Marillac avait trouvé sa vocation ; le 25 mars 16b/(, elle prononçait enfin la formule de sa consécration à Dieu et s’engageait