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PAUVRES (LES) ET L ÉGLISE

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leur fournir des médicaruents et les nourrir. Ils vaqiienl aussi à leur récoiicilialion avec Dieu ; si les niuliides meurent, ils leur l’ont le dernier ollice de sépulture cbrétienne, priant Dieu pour eux, par un catalogue exprès qu’ils gardent dans leur éylise » (Palma Cavet, C/iruinijiie septénaire, t. Vil, p. 228. Coll. Michaud et Poujoulat). L’Hôpital de la Charité a été enlevé aux Fiéres de saint Jean de Dieu pour être laïcisé ; mais tout Paris connaît leur clinique de la rue Oudinot, où plus d une fois ont séjourné les laïcisateurs ou leurs successeurs, désireux d’eue » bien soignés » chez les Frères, comme M. Clemenceau voulut l'être chez les Sœurs du Saint-Sauveur, rue Bizet.

Un autre ordre hospitalier, répan<lu surtout en Italie, en Espagne et en Portugal, eut pour fondateur un autre saint, Camillk uk Lbllis, qui naipiit au diocèse de Chieli, en Italie, l’année même de la mort de saint Jean de Dieu (1550). Après avoir combattu conlre les Turcs, il est atteint d’un ulcère à la jambe et conçoit l’idée <le se consacrer au service des inlirmes et de réunir des hommes disposés à soigner les malades pour l’amour de Jésus-Chri^t. En 158j il jette les fondements d’une association de laïque- ; qui visitent les malades et les aident à bien mourir. De là les noms de ministn uegl’infiimi, ininistri del l’iit ninrire, sous lesquels on les désigne. Ou les appelle aussi Crociferi, parce qu'à partir de |58^, saint Camille de Lellis et ses disciples revèlenl un habit religieux de couleur noire, avec une grande croix de drap rouge cousue sur le côté droit de la tunique et du manteau. Bientôt Sixte-Quint les érige en congrégation et leur permet de prononcer les trois vœux ordinaires et en outre celui d’assister les moribonds même en temps de peste. Puis, en iSgi, Grégoire XIV les soustrait à l’autorité de l’Ordinaire et place les Ministres des Infirmes sous l’autorité immédiate du Saint-Siège.

u Créés surtout en vue de l’assistance à domicile, les disciples de Camille de Lellis se trouvent amenés à desservir des établissements comme Ihôpital de Milan, ce qui nécessite de nouveaux règlements, approuvés par Clément Vin (29 décembre 1600). Us ne doivent exiger aucune rétribution pour les services et se contenter de ce que les administrateurs veulent bien leur donner. Saint Camille meurt le ll^ juillet 1614 ; il existe alors des maisons de son ordre à Rome, Bologne, Gènes, Florence, Messine, Naples, Mantoue, etc. On en trouve en Hongrie. Dans l’espace des trente premières années, deux cent vingt religieux succombent à la suite de maladies contractées au chevet de ceux qu’ils assistent… En 1630, cinquante-cinq Pères périssent au milieu des guerres, des famines et des pestes. D’autres, en grand nombre, sont emportés par des affections contagieuses à Rome et à Naples (16ô6). Ces apôtres du bien mourir se trouvent décimés à Murcie (1677). à Messine (1^63). Ils donnent de cette manière, en tous lieux, l’exemple des vertus les plus héroïques » (Lallemand, Mist. de la Charité, t. IV, 1" P'", p. Sg-^i).

Pour en revenir à la France, qui devait donner naissance au saint illustre dont le nom est la personnilieation même de la Charité, saint Vincent dk Paul, nous devons signaler au commencement du xvii » siècle l’action du roi Henri IV, et ensuite celle de Louis XUl et de Louis XIV.

Entrant dans les vues du Concile de Trente, bien ((u’il n’eût pu se résoudre à « le faire publier comme loi de l’Etat », Henri IV avait établi en 1606 une Chambre de tu Charité clirétienne qui, sous la direction du grand aumônier, devait procéder à la « ré formation générale » des hôpitaux et notamment au contrôle des dépenses. Par son initiative, il fut procédé dans tout leroyaiiiiie à la reddition des comptes et « revision des baux à ferme des hôpitaux, Hôtelsnieu et autres lieux pil<iyalde3 ».

Mais là ne se borna pus l’action du premier roi Bourbon et, sous son règne comme sous celui de ses successeurs, un grand nombre de nouveaux hôpitaux furent fondés, et l’on peut dire que le 'i.vW siècle, après les destructions du siècle précédent, est le grand siècle de l’organisation de l’assista née publique.

Henri IV fonda à Paris en 1606 le premier hôpital militaire et l’année suivante il posa la première pierre de l’Hôpital Saint-Louis qui, bà^i par Pierre de Chàullon au faubourg du Temple, lut un des plus beaux de l’Europe. L’Hôpital de la Charité, nous l’avons dit, date de la même époque.

Tandis que les Frères de saint Jean de Dieu ^oignaient les hommes dans leurs hôpitaux, la vénérable Françoise de la Croix fondait à Paris en ibiky près de la place Royale (aujourd’hui place des Vosges), un nouvel hôpital pour les femmes et les jeunes lilies malades, et cet hôpital, dépendant de l’HôtelDieu, était desservi par les Sœurs //(js/'itulières de la Chanté Sutre-Dome, également fondées par Françoise de la Croix. Ces hospitalières se répandirent en beaucoup de villes, parmi lesquelles la R<ielielle, Patay, Toulouse, Bcziers, Bourg, Pèzenas, SaintEtienne, Albi, Gaillac, Limoux, etc.

Sous Louis XllI, Paris vit se construire Vllôpital de la l’ilie eu 161j ; ViJd/jilul des Cunvalescents en 1631, rue du Bac ; Vlldjiital de Kiitre-Dume du la Miséricorde ou des Cent Filles, fondé par Antoine Séguier, président au Parlement, pour cent or[)helines ; Vllôfutal des Inciiruliles en 1634.

Sous Louis XIV, c’est l’Hospiie du saint Aom de Jésus, pour les vieillards, fondé par saint Vincent de Paul en 1653 (c’est aujourd’hui l’Hospice des Incurables). C’est surtout l'//oy « / « / Général, comprenant la Salpêtriêre, Bicétre et la maison Scipion, fondée en iG56 et destiné à recevoir les mendiants de Paris et à les faire travailler. C’est le plus vaste établissement qui ait été consacré à une œuvre de ce genre en Europe ; il reçut jusqu'à 10.000 pauvres, en y comprenant les Enfants trouvés. En cinq ans, suivant une déclaration du Parlement de janvier iG63, par conséquent les cinq premières années, car il n’avait été terminé qu’eu 1667, « plus de 60.000 pauvres ont trouvé dans l’Hôpital Général de la nourriture, des vêtements, des médicaments ; de plus, à tous les ménages nécessiteux, des portions ont été distribuées, en attendant que la maison leur puisse être ouverte o. Enlin en 1674. Louis XIV fait bâtir Vllotel des Invalides pour les soldats blessés au service de la France.

Ce que nous voyons à Paris existe en province. Dans chaque ville on crée un Hôpital de la Charité. Par ordre du Roi, toutes les villes de F’rance devaient créer un Hôpital Général sur le modèle de celui de Paris. Lyon l’avait fondé dès 1614. sous le titre de Notre Dame de la Charité, Reims en 1632, Langres en 1638, Marseille et Aix en 1640, Dijon en 1643. Auxerre ne le fonde qu’en 1676. Ces créations dépendent beaucoup des circonstances locales, et de l’initiative des évêques ou des principaux habitants des villes. Mais partout ces fondations s’inspirent d’une pensée religieuse et les initiateurs sont souvent des prêtres ou des évêques.

3" La répression de la mendicité. — Les Hôpitaux ^énéraujc et les Jésuites. — Une question qui préoccupe beaucoup Louis XIII, Louis XIV et leurs contemporains, c’est la répression de la mendicité. Partout cette préoccupation se fait jour, et en principe