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PAUVRES n.ES) ET L’EGLISE

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I79-1380, la majorité des mets un peu recherchés, ils que viande de mouton, poisson, écrevisses, lait, orames, Ggues et raisins, tartelettes, sont indi<|ués )mme ayant été aciielés pour les malades (Archives ospit. de Beauvais). A Saint-Nicolas de Troyes, à fl6tel-Dieu de Soissons, on leur fournil du sucre.

; s épices, des figues, des amandes. A Saint-Julien
; Cambrai, en l’iùi, on constate l’achat de cervoise, 

î viii, de pain l>Ianc, de ligues, pommes, poires, jix, cerises et nèfles, dans le même but. Desfonda :)ns spéciales étaient faites quelquefois (>our faciliter IX iVlaisons Dieu les moyensde satisfaire les désirs

! S pauvres. A Abbeville, Godefroy Cliolet, proviur

de l’Hôtel-Dieu, avait donné en 1233, soixante us de cens, pour permettre de distribuer, le i""’et 2 des calendes de cha(iue mois, aux personnes les us malades, les mets qui leur feraient le plus de aisir. A Paris, de nombreuses donations de ce nre sont consignées dans le cartiilaire de l’Hôlelieu » (Le Grand, art. ciié, p. l43). On devait cepenint prendre garde de ne |)as donner aux malades s aliments qu’ils réclamaient, s’il étaient jugés ntraires à leur santé ou de nature à provoquer lièvre ou une aggravation de leur état. Chaque soir à Saint-Jean de Jérusalem, à Saintan d’Acre, à Ciiypre, on récitait dans le « palais » s malades une prière solennelle. Les prêtres et

; clercs se rendaient processionnellement dans la

lie et le sénéchal invitait les malades à prier :

( Seigneurs malades, riez pour la paix : que Dieu la

us mande de ciel en terre.

< Seigneurs malades, pr-icz pour les fruits de la terre :

e Dieu les multiplie en celle manièr’e que Dieu en soit

vi et la chrétienté soutenue..

. Et priez pour les pèlerins qui sont naTignant par

: r ou par terre, chrétienne t^ent : que Dieu les conduise

reconduise à sauveté des corps et des âmes.

: Et pour tous ceux qui les aumônes nous mandent.

Et pour tous ceux qui sont en mains des SaîTttzins, ’étienne gent : que notre Sir-e les délivre par nos lères.

: Seigneurs malades, pour vous-mêmes et pour tous

lades qui sont piirrni le monde, chrétienne gent ; que .re Sire celle santé leur doint qu’il sait que meslier leur

aux corps et aux Ames.

I Seigneurs mulaiies, priez pour tous les confrères de îpitnl et povir toutes les consieurs et pour ceux et celles i servent à la cliat-ité en la sainte maison de l’hôpital, étienne gent : que notre Sire leur doint la honne fin… » . Le ^ ; HA^n, La Prière des malades dans les Hôpitaux

Saint-Jean de Jérusalem. Paris, 1896, in-8|.

3ù trouver plus belle formule de fraternité unipselle ? Le « Seigneur malade » n’était-il pas traité ec un respect qui en faisait devant Dieu l’égal des inds et des puissants ? El cela dans la prétendue mit » du Moyen Age ! La laïcisation savante n’a pas îore trouvé l’équivalent et le cherchera en vain. Dans les hôpitaux dépendant de l’Ordre des Triaires, on devait égaleinentprier en commun « pour maintien et la paix de l’Eglise romaine et de la .rétienté, pour les bienfaiteurs et pour tous ceux tir qui l’Eglise a l’habitude de prier «. ja nuit, on allumait des lumières dans les salles, une ou deux religieuses, aidées de servantes, deient rester debout pour veiller les malades et leur nner les soins nécessaires.

..orsqu’un des pauvres de la Maison-Dieu venait iiourir, la Communauté récitait des prières à son enlion(Vernon, art. 17) et une messe était célébrée iir ses funérailles (Troyes, art. 77), auxquelles

islaient les frères et les sœurs (Le Puy, art. 10).

! >i le malade guérissait, on devait le garder huit

trs encore après sa guérison, de crainte de rechute.

lui rendait tous ses elTels sans jamais rien rete Tome ITI.

nir, l’hospitalité étant gratuite. Aussi voit-on souvent au Moyen Age des legs aux hôpitaux, en reconnaissance des soins reçus-à l’occasion d’une maladie.

Tels sont les détails précis que nous révèlent les statuts des hôpitaux, les pièces d’archives, comptes <les dépenses, procès-verbaux de visites, etc. La conclusion saute aux yeux. Le Moyen Age, si injustement décrié, ne s’est pas moins lionoré par les soins donnés aux pauvres malades dans ses magnifiques Hôtels-Dieu que par la grandiose architecture de ses cathédrales. Il a uni indissolublement dans une louchante harmonie la foi et la charité.

30 Les Léproseries et M aladreries. — Le Moyen Age n’eut pas la spécialité de la lèpre, comme on pourrait le croire, à lire certains historiens, et son apparition en Occident ne date pas du tout des Croisaiies. Voir ci-dessus, art. Lrfrï, par G. Kukth.

On sait l’horreur qu’inspirent ces malheureux lépreux qu’on appelle aussi : ladres, mezel, mesel, mezeaux, mesiaux, etc. et dans toutes les mémoires surgit, dès que le mot est prononcé, l’admirable dialogue de saint Louis et de Joinville qui nous révèle ce que pensent de la lèpre les àines ordinaires et l’idée plus haute que s’en forment les saints : « Lequel vous ameriésmiexou que vous feussiez niesiaus ou que vous eussiés fait un péchié mortel ? » Etsnr la réponse du brave sénéchal qu’  « il en amerail miex avoir fait trente que eslrc mesiaus », le paternel avertissement du saint roi à son ami : « Nulle si laide mezelerie n’est comme d’estre en péchié mortel », etc. ( JoiNViLLR. Histoire de snint Louis, édit. N. de Wailly, p. 18). El comment ne pas admirer en Louis IX, comme en tant de grands personnages, le dévouement en présence de la lèpre du corps et à l’égard de ces déshérités la charité chrétienne déjà semblable à celle qu’a ressuscilée de nos jours l’apôtre de M<dokaï ? C’est le pape Léon IX, c’est la reine Malhilde, femme lie Henri l" d’Angleterre, c’est sainte Elisabeth de Hongrie et sainte Elisabeth, reine de Portugal, c’est saint Elzéar d’Anjou, saint François d’Assise, saint François de Paule, sainte Catherine de Sienne la B. Jeanne-Marie de Maillé et combien d’autres, qui portent parfois les lépreux dans leur propre lit, les soignent, les pansent et leur prodiguent les témoignages d’affection.

Aux premiers siècles de l’ère chrétienne, on isole les lépreux en dehors des villes, sans toutefois leur enlever la liberté d’aller et de venir. Puis les monastères les internent dans des maisons spéciales qui bientôt se construisent partout à cet effet et prennent les noms de léproseries, ladreries (de saint Lazare, patron des lé|)reux), méselleries, maladreries ou maladières (la lèpre étant la « maladie « par excellence). En I215, Louis VIll lègue cent sols à chacune des 2.000 maladreries de son royaume : « Item. Danhux millibus domorum leprosorum dpcein miUia Hhrariim ; i’idelicet, cuililiet earum, ccnliiin solirios » (Ordonn. des rois de France, t. XI, p. 324). La proportion des léproseries est la même dans toute l’Europe. Mais il est utile de noter que, sauf celles qui avoisinenl les villes, la plu[)art sont peu importantes, soit que l’on considère les bâtiments, soit que l’on envisage le nombre des malades, qui varie selon la population du bourg.

La léproserie comprend la chapelle et le cimetière d’une part, le logement des malades d’autre pari, avec une cuisine distincte et un puits à eux seuls destiné ; puis les appartements de l’aumônier, du maître ou recteur et des infirmiers ou infirmières. Enlin un grand jardin cultivé par les malades et dont les fruits leur sont réservés, des porcs et volailles, qu’ils doivent seuls manger, complètent l’installation de ces