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PASCAL (LE PARI DE)

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messianique, Jiamélraleiuenl opposé à l’idée que les Juifs s’en faisaient.

Si la tradition ehrélienne a tourné en allégories les paraboles dites par le Seigneur, comment rendre compte de l’unité littéraire d’une umvre, dont les )rigines auraient été multii)les, inégales, impersonælles ? Et encore, toujours dans cette hypothèse,

; st-il croyable que ce genre de composition ail été, 

)ar la suite, complètement délaissé ? Car on ne

« aurait comparer aux paraboles évangéliques les

illégories compassées, qui se lisent dans l’épîlre lite de Barnabe, et dans le Pasleur. Enfin, si les )araboles, mises sur les lèvres du Christ, étaient en éalité une œuvre de la seconde génération cUréienne, on les aurait faites plus claires, comme sont es vaticinia posl evenium.

a" La comparaison et l’analyse des textes font issez voir que la forme actuelle des paraboles évangéliques n’est pas primitive : on y découvre des divergences, des sutures, des heurts d’idées, et même les applications qui ne s’accordent pas avec la paaboie elle-même.

Réponse. — L’objection exagère à plaisir le nom>re des passages incriminés, etla portée des perturbations qu’on croit y découvrir. C’est aux commenaires continus des Evangiles qu’il faut demander, lour chaque cas, la justification ilu contexte. Qu’il iuflise ici de rappeler que les Evangélistes ne garlant pas invariablement dans leur récit le même rdre ; on peut accorder, s’il y a lieu, qu’ils ont enadré dllïéremment telle ou telle parabole, sans en Itérer le sens. La plupart des exégètes catholiques

« connaissent aujourd’hui que les evangélistes ont

larfois groupé les discours du Seigneur, à raison de identité ou de l’analogie du sujet dont ils traitent, ’ourquoi les paraboles n’auraienl-elles jamais été tapporlées de la sorte ? Toutefois, ce n’est pas là ine supposition à faire arbitrairement, mais à étajlir, le cas échéant, par une étude consciencieuse u texte.

Il y a encore à tenir compte de la critique lexuelle, qui résout parfois la difficulté en faisant voir me nous n’avons plus affaire avec le texte primitif, B seul dont l’auteur inspiré soit responsable. On , ’est pas [leu étonné de lire à la fin de la parabole es ouvriers envoyés à la vigne du père de famille, ux différentes heures de la journée (Matlh.^ xx, 6) : « Car il y a beaucoup d’appelés mais peu’élus », alors qu’en réalité tous ceux qui ont été , ppelés sont venus, et ont pareillement reçu le .enier de la vie éternelle. Dire que le mot élu est ynonyme d’élite, et ne convient qu’aux ouvriers de 1 onzième heure, qui ont racheté le temps perdu par intensité de l’effort ; c’est non seulement introuire dans la parabole une idée qui en est totalelent absente, mais c’est aussi lui prêter, à contreens, une conclusion concernant le mérite. Ce n’est las démérite qu’il s’agit ici, mais de grâce, et rien ue de grâce. Nous sommes donc avertis par ce approcliement inattendu et violent, de rechercher i cette sentence est bien à sa place. Et, de fait, les leilleursmanuscrits du texte grecnela portent pas. "est pourquoi, plusieurs interprètes n’en tiennent as compte ici, mais seulement plus bas, xxii, 14.

lIiBLioonvrniE. — *. Jiilicher, Die Gleicltnisreden Jesii, 1888. L. Fonck, iJie Parahc-ln des Ilerrn im Eiangelium, 1902. *X.Losy, Etudes évangéliques, 1902. A. Durand, Pour, /uni Jésus-Christ a parlé m paraboles ? dans les Eludrs, 1906, t. CVII, ’ique,

1911.

synoptiques, 191 1.

p. 766. M. J. Lagrange, dans la lîevue hihli.’9°9’P-’98. 3/(2 ; Evangile selon saint Marc, E. iVlangenol, f.es évangiles

D. Buzy, Introduction aux paraboles évangéliques, 191 2. F. Prat, Nature et but des paraboles, dans les Etudes, ijiS, t. CXXXV, p. 198.

Alfred Durand, S. J


PAROUSIE. — Voir l’article Jérus-Cbrist, col. 1428 a 1446 ; art. Fin du Monde ; arl. Apocalypse. De plus, le récent volume de son Eminence le Cardinal Billot : A.a /’arousie (Beauchesne, 1920).


PASCAL (LE PARI DE). — On trouve l’argumentation de Pascal désignée sous le nom de Pari aux pages 536 et suivantes de la petite édition des Pensées », par M. L. Brunschwicg (Hachette).

A ces pages mystérieuses et paradoxales la pensée moderne revient sans cesse, après avoir été rebutée, comme le papillon à la flamme ; or c’est une question, de savoir si elles éclairent ou si elles brûlent.

Voici ce dont il s’agit :

Pascal a essayé de convaincre l’incrédule de la vérité de la religion chrétienne résumée dans la thèse de l’existence d’un Dieu Père et rémunérateur, « Dieu d’Abraham, d’isaac et de Jacob ». Il n’a pas réussi. L’incrédule, que Pascal fait parler lui-même, ne se rend pas. Les arguments ont glissé sur lui : il est ébranlé, il n’est pas conquis. Alors Pascal se donne l’air de battre en retraite, il concède (mais disons-le une fois pour toutes, c’est là une concession ad hominem, tout le contexte des Pensées en témoigne), il concède que la religion chrétienne, que l’existence die Dieu n’est pas susceptible d’une démonstration rigoureuse, même indirecte’ ; mais nonobstant, dit il, il faut l’admettre, car de deux choses l’une : ou Dieu est, ou il n’est pas. Force nous est de souscrire à l’une ou à l’autre de ces deux propositions contradictoires. Impossible d’être neutre : ne pas se prononcer, c’est pratiquement se prononcer ; être inilifTérent, c’est être contre. — Que choisirons-nous donc ? Celle des deux propositions qui apparaît vraie ? Ni l’une ni l’autre n’est dans ce cas. Contraints d’opter, nous ne pouvons le faire dès lors que pour des raisons étrangères à la vérité objective : nous ne pouvons que « parier ». Et pour parier raisonnablement, nous avons seulement à nous demander laquelle de ces deux thèses adoptée ou rejelée entraîne avec soi le moins de risques ; c’est celle-là, si nous sommes sages, que nous choisirons. Calculons donc. Si j’opte pour Dieu, qu’est-ce que je risque ?

— Rien. Il me faudra sans doute, pour être conséquent avec moi-même et pour affirmer Dieu réellement, renoncer à certains plaisirs coupables, mais c’est là ne rien faire de plus que ce que déjà, en dehors de toute hypothèse, ma raison me prescrit ; je serai loyal, bon, chaste, tempérant, toutes choses excellentes. .u cas où, ayant parié pour Dieu, je me serais trompé, j’en serais quitte pour avoir vécu en honnête homiiie, voilà tout. Donc de ce côté-là tout à gagner, rien à perdre ; le risque est nul. Et si j’opte contre Dieu ? — Ah I ici le risque est immense, il est infini. En cas d’erreur, je tombe, on m’en a prévenu et menacé, entre les mains d’un juge irrité : c’est l’enfer éternel qui m’attend. Entre les deux partis il n’y a pas à balancer, et puisqu’il faut parier, puisque cela n’est plus libre, puisque nous sommes embarqués, parions pour Dieu, disons : il est ; et soyons chrétiens par

1. Pour voir ce que Pascal a réellement pensé au sujet ilo la Cognoscibilité de Dieu, on peut consulter notre

ticle inlittdé : l

gèae, — clans les

Tier-.Mars 1921.

texte difBcile di » Pascal, essai d’exé-Becherches de sfirnce religieuse, Jan-