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PARABOLES DE L’EVANGILK

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1.1 situulion murale des ioulf

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mpiiceV » l*. F. Pbat, dans les Etudes, igiS, . CXXXV, p. 207. D’avance, Maldonal a répondu : H’ésenlenient, Jésus-Clirisl entend bien infliger aux laifs un eliàliment, mais son intention iinale ett de es acheminer par cette voie à la repentance et au ialul. « In poenam ergo incredulitatis obscure illis omiitur, quia diun quæ perspiciie.no diliieide illis licebanlur intelligere nohierunt, illiul mcniere, ut ta illis loquereturut, etianisi relient, intelligcre non (lossent. » Et, après avoir cité saint Glirysostome, en l’approuvant, il ajoute : « Ita lit ut poena illis in "mendationera evadiit, nisi poena ipsa eliani aljulantur. » In Matth., xiii, 13.

La thèse de miséricorde mérite une courte réfutation. Nous croyons ((u’ellc n e.st pas fondée en texte, et qu elle ne trouve aucun point d’a|)pui solide dans la tradition, pas même dans saint Chrysostome, lu en son entier. Sa force est dans l’impression qu’elle produit, en faisant ajipel au sentiment..Ses partisans prétendent répondre au dilemme de Jiilicher, qui nous met en deineure de choisir entre un Christ’Sage, bon et loyal, parlant i)our instruire, et une ithéorie de la parabole* avenylante i.dont le but est d’endurcir dans l’erreur. Si la réponse se bornait à nier qu’il soit question dan s iios évanj^iles d un enseignement donné pour ne pas être compris, elle serait rècevable ; mais elle va plus loin. Pour soutenir que les paraboles évangéliques, incme celles dites sur les bords du lac, étaient facilement intelligibles, et qu’elles n’avaient dans la pensée du Seigneur lui-même qu’un but : instruire la foule de la meilleure façon qui tut alors possible, sans aucun caractère de châtiment ; ne s’expose-t-on pas à fausser compagnie aux évangélistes et notamment à saint Marc ? El de fait, le P. Lagrange accorderait que Marc a pu

« rédiger un peu gauchement » ; que, s’il a mis

le thème de la prédestination en contact avec les paraboles, c’est parce qu’il a incliné à les prendre, comme dans l’A. T., un peu comme synonyme d’énigmes, sans tenii’assez compte de leur rôle dans l’enseignement du temps, soit chez les rabbins, soit dans la bouche de Jésus » ; bref, v qu’il a modiUé un peu la pensée d’Isaie ». Evangile selon saint Marc, 191 1, p. T01-102. Cependant, l’auteur ne prétend pas que la citation du jirophète soit ici le fait des évangélistes ; elle peut remonter à Jésus.

Même en admettant qu’une solution aussi désespérée soit de mise en certains cas, il est manifi-ste par tout ce que nous venons de dire qu’il n’y a pas lieu d’y recourir ici. Pareillement obvies sont les réponses à faire aux ditlicultés qu’on accumule contre l’opinion traditionnelle. Elles sont d’ordre théologique, psychologique, littéraire et exégétique.

a) On peut omettre ici la dilliculté d’(.i</rc ikénlugiijue. Elle n’est qu’une application pai ticulière de l’objection générale contre la prédestination divine, qui serait contraire à la bonté équitable de Dieu et au libre arbitre de l’homme. Dans l’article Prkdkstina-TION, on fait voir que la souveraineté divine ne saurait être limitée par la volonté humaine, et que, d’autre part, le bon usage du libre arbitre ne résulte pas simplement de la prédestination.

Il faut bien admettre qe Dieu est indé[)endant dans ses dons : il donne à qui il veut et dans la mesure qui lui plaît. Jésus-Christ a (ilialerænt accepté les dispositions souveraines de son Père, qui attendait de lui une rédemption, dont le bienfait ne devait pas, de fait, proliter à tout le monde. La sentence relative aux paraboles énigmaliques (Mutili., xin, 1 1) n’est pas isolée dans l’Evangile. Elle n’ajoute rien à ce qui se lisait déjà au cliap. xi, 25 : « En ce temps-là, Jésus prenant la parole, dit : « Je te rends

grâces. Père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que lu as caché ces choses aux sages et aux savants, alors que tu les as révélées aux petits. Oui, Père : parce que tel a été Ion bon plaisir. »

h) D’ordre psychologique. — Ainsi compris, le but des paraboles est incompatible avec le caractère de Jésus et la bonté de son cœur. Sa loyauté même est en question. Cf. Lagraxgk, /. c., p. 198.

Héponse. — La bonté du caur de Jésus ne va pas jusqu’à méconnaître les exigences de l’ordre. C’est précisément parce qu’il aime en Dieu, que son amour s’exerce sans détriment de la justice. Lui qui n’a eu que des gestes de condescendance pour les petits et de pardon ])our les pécheurs, il a néanmoins trouve des paroles brûlantes comme le feu, et tranchantes comme l’acier, à l’adresse des Pharisiens, tellement que notre courtoisie radinée en reste déconcertée. N’avait-on pas dit de Jésus qu’il serait un signe de contradiction ? El lui-même n’a pas craint de déclarer que le Fils de l’homme sauve ou perd, selon qu’on l’aborde avec foi ou défiance. Cf. Mallli., xxi, ti 43. Il en est de ses paraboles comme de ses miracles. Encore que ceux-ci eussent bien pour but d’autoriser sa mission divine, il les refuse à ceux qui les demandent dans un esprit d’incrédulité et de malveillance ; il renvoie ces tentateurs au miracle définitif de sa résurrection, qu’ils ne verraient pas de leurs propres yeux, et dont la masse du peuple juif ne devait pas proliter. Au surplus, nous avons déjà fait remarquer que ce jugement de justice était tempéré par un dessein de miséricorde.

La déloyauté consiste à parler [lour ne pas être compris, ou pour être compris de travers, avec l’inlention d’égarer ; mais il y a simplement justice et discrétion à ménager la vérité à ceux qui n’en veulent pas, qui s’attachent à la retourner contre le Maître. S. Chrysostome a raison de dire que, si Jésus n’avait pas voulu être compris, il n’avait qu’à se taire. S’il a parlé en paraboles, c’est qu’il pensait à ses disciples, les présents et ceux à venir ; il s’adressait encore aux indifféients et même à ses ennemis, puisque ce mode nouveau d’enseignement était de nature à piquer leur curiosité et à provoquer leurs questions. Il leur disait un jour : n Détruisez ce Temple, et en trois jours je le relèverai. » Jean, 11, 19. Certes, Notre-Seigneur parlait pour être compris, mais il faut bien convenir que ces simples [laroles mse suffisaient pas. Au lieu de l’interroger sur leur sens mystérieux, les Pharisiens, et même la foule des auditeurs n’en retinrent que le sens matériel, qu’ils devaient bien sentir élre tout au moins fort douteux. Un jour viendra qu’ils l’accuseront devant le Sanhédrin d’avoir parlé de détruire le temple de Jérusalem. Matth., XXVI, 61 ; xxvii, 40.

Sont-elles donc si rares dans les évangiles, les conjonctures dans lesquelles Jésus-Christ se borne à une réponse indirecte, dilatoire, évasive ? Cf. Matth., XXII, 17-21 ; Jean, viii, 6-7 ; x, 34. C’était la seule attitude qui convint avec des adversaires de mauvaise foi, à moins de vouloir provoquer une rupture définitive, et de leur mettre en mains les armes qu’ils cherchaient.

c) D’ordre littéraire. — Supposer que Notre-Seigneur a recouru à l’enseignement par paraboles pour voiler sa pensée, c’est méconnaître le caractère littéraire de la parabole, qui est d’elle-même claire et facile à saisir.

Héponse. — Nous avons déjà dit, avec preuve à l’appui (col. 1 568), que c’est là une assertion excessive, quand il s’agit de la parabole en général ; et une assertion erronée en ce qui concerne les p.iraboles évangéliciues dites du lac. L’élude du texte et l’histoire de l’exégèse font assez sentir les diiJicuUés