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PAPES D’AVIGNON

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mx] que son intention était de rester ici jusqu’au octiain mois île mars. Car alors il licenciera la ur pour allfi' outre-monts et se rencontrera, à 'itiers, avec le roi de France alin de le décider à cevoir la croix et à consolider la paix entre lui et roi d’Angleterre. Et, à partir de ce moment, ne irrêtant en aucun autre lieu, ledit seigneur Pape i en Italie » ; H. Finke, Papslliim iind l’alergait^ s Templerordeiis, Munster, 1907, t. ii, p. 21-22. après le même ambassadeur, lors de l’entrevue de itiers, en 1308, le pape témoigna à Philippe le 1 sa joie de le rencontrer, car il avait le dessein iller à Rome et de l’entretenir avant son départ . Fi.NKB, op. cit., p. 13'(). Le Il avril 1308, Clément rivait au sujet de la restauration du ciborium de ulel majeur de Saint-Jean de Latran : « Avec la àce de Dieu, nous nous proposons de remettre le s célèbre autel de bois, de nos propres mains, à place où il se trouvait » ; Ilegestiim démentis pæ F, Rome, 1884-1892, n. 3592. Enfin, l’année ivante, il promettait de sacrer lui-même Henri VII, Rome, dans àeux ans(/tegesliii>i, n. 4302). Glé : nt V a donc exprimé à diverses reprises, de façon s formelle, son intention de se rendre à Rome, urquoi ne réalisa-t-il pas des desseins maintes s exprimés ?

51 le Pape fixa le lieu de son couronnement à enne et non en terre italienne, ce fut afin d’attirer a cérémonie les rois d’Angleterre et de France, et de )Cter de leur présence pour travailler à la consion entre eux d’une paix définitive. En cela, il ilisail un projet cher àBoniface VIII, qui consist à venir en France pour régler le différend nco-anglais(C. Wbnck, Clemeiis V iind /leimich I, p. ^i). Comme son prédécesseur, Clément V iitjugé la croisade impossible sans le concours la France et de l’Angleterre. Or, ce concours ne avait être sollicité que le jour où les deux pays aient réconciliés. De fait, Clément V travailla avec acitéàla paix. Il négocia le mariage d’Isabelle de ince avec le futur Edouard II. Mais, malgré ses narches, la réconciliaticm linale ne s’effectua en 1312. Des fêtes grandioses eurent lieu àParis, Philippe le Bel ainsi qu’Edouard lise croisèrent iLLZK-MoLLAT, Vitiie Paparum Avenionensium, 1. 1,

20-2a).

cependant Clément V avouait, le a8 novembre 1306, î les négociations de paix, fort avancées à cette ique, eussent pu être menées à bonne fin par de iples nonces (C. Wknck, op. cit., p. 43). Aussi utres causes entravèrent son départ pour Rome.

principale d’entre elles fut la pression exercée 7 la cour de France. Dès juillet et août 1305, des bassadeurs vinrent trouver Clément V et lui rerent en mémoire le procès iulenté au feu Bonie VIII, qui n'était point encore terminé. Le Pape, I voulait en éviter la reprise, fit une concession, >sse de conséquences. Il décréta que son couronnentanrait lieu non plus à Vienne, mais à Lyon.

4 novembre 130.5, la cérémonie s’y effectua en isence de Philippe le Bel. Elle fut suivie de pour1ers très importants. Le roi de France insista ir obtenir la reprise du procès de Boniface VIII.

convint d’en parler lors d’une pochaine entre ;. D’où la nécessité pour Clément V de remettre

es jours meilleurs le départ pour l’Italie. De Lyon, pape remonta vers le Nord et s’arrêta à Màcon et lluny, puis gagna le Languedoc par Nevers, Bour , Limoges et Périgueux. Une maladie, qui faillit

coûter la vie, contribua à le retenir près d’une (lée dans le Bordelais (mai 1306-ra « rs 1307) et à pêcher la rencontre projetée avec Philippe le Bel nr la Saint-Michel de 130C. Quelque peu rétabli.

Tome III.

Clément V recommença ses chevauchées et vint à Poitiers (avril 1309). Là, il ne put s’entendre avec le roi de France, qui refusa de souscrire à tous les compromis proposés pour teriuiner l’affaire de Boniface VIII. L’on se sépara sans avoir rien résolu. Le 13 octobre iSo^j, se produisit un coup de théâtre : l’arrestation en masse des Templiers. Une nouvelle entrevue avec Philippe le Bel devint nécessaire. Elle eut lieu encore à Poitiers (mai-juillet 1308). Mais, cette fois, le roi montra de telles exigences que Clément V résolut d'échapper à son emprise. Aller à Rome, il n’y pouvait songer. Laisser Phiii[)pe le Bel maître de la situation, à la veille de l’ouverture du concile de Vienne où se décideraient les plus graves intérêts de l’Eglise, où surtout se débattrait le scandaleux procès des Templiers, c’eût été folie. D’un commun accord avec les cardinaux. Clément V convint de transférer la cour à Avignon (août 13û8) ; cf. H. Finke, Papsttum und Vntergang des Templeroidens, t. II, p. I 56.

Cette ville i)résentalt de précieux avantages. Soit par voie de terre, soit par voie d’eau, elle assurait des relations rapides et fréquentes avec l’Italie. De la France elle était proche, sans en dépendre. Ses suzerains, les princes d'. jou, n'étaient pas à redouter ; la défense de l’intégrité de leur royaume des Deux-Siciles contre les entreprises de l’ambitieuse maison d’Aragon et la gérance des intérêts guelfes dans le reste de la péninsule sufiisaient largement à absorber leurs efforts ; n'étaient-ils pas, d’ailleurs, les vassaux de l’Eglise ? Enfin, Avignon était enclavée dans le Conilat-Venaissin, apanage du Saint.Siège. Aucune autre cité n’offrait à la papauté un asile plus tranquille, ni de plus fortes garanties d’indépendance et de sûreté.

Sa détermination prise, Clément parcourut à [letites journées le midi de la France. En mars 130g, il entrait à Avignon et inaugurait ce long exil de la liapaulé qui dura près de soixante-dix ans et qui, ])ar une comparaison peu justifiée avec le séjour du peuple de Dieu en terre étranj ; ère, a pris nom dans l’histoire de « captivité de Babylone ».

Cependant l’installation du pontife en.vignon garda toujours un caractère provisoire. Clément V habita modestement le couvent des Frères Prêcheurs (M. Faucon, Les arts à la cour d’Avignon sous Clément V et Jean XXII, iXa.ns Mélanges d’archéologie et d’histoire de l’Ecole française de Home, t. II (1882), p. 39). D’Italie il ne fit apporter que les registres des lettres de ses deux prédécesseurs et laissa une grande partie dutrésor pontificale SaintFrançois-d' Assise (liegestum démentis V, introduction, p. XXXI, et F. Ehrlk, Ilistorin bihliothecæ pontificum romoHoriim, Rome, 1890, p. 11-12). D’ailleurs, il ne séjourna que fort peu de temps à Avignon même ; il préféra les villes ou les châteaux du Comtat-Venaissin.

De 130g 4 1311, l’affaire de Boniface VIII lui causa les plus graves soucis. Du moins, par son habileté, il réussit à ralentir le plus possible la marche de la procédure et finit par imposer silence aux pires accusateurs de Boniface. Quant à l’alfaiie des Templiers, elle fut réglée « u concile de Vienne (16 octobre 1311-6 mai 1312). Au moment où Clément V eût pu gagner l’Italie, sa santé, toujours précaire, s’altéra gravement. Suivant le chroniqueur contemporain Ptolkméh nB LucoUHS, qui tenait le renseignement de la bonche du confesseur pontifical, elle déclina rapidement après la promulgation, au concile de Vienne, de la constitution ffxi’n' de Paradiso (Baluze MoLLAT, Vitæ Paparum Avenionensium, t. I, p. 5a-53). La maladie, que l’on sou[içonn8 avoir été un cancer des intestins ou de l’estomac, s’aggrava.

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