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PAPAUTE

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archevêque de Bordeaux, après la graudc réunion d'évêques au Valican, dont nous parlerons, rappelait à ses sulTraganls ce grand mouvement des évoques vers Rome, les paroles favorables du ministre <lcs cultes à cette occasion, d’anciennes promesses de l’empereur sur laliberté des conciles provinciaux, enfin les convoquait à un 5 « concile qui se tiendrait A Poitiers au début de 1868. Ibid., col. ^gS. — Cette tentative hardie eut un plein succès et une grande portée doctrinale. Sans parler d’une magnifique déclaration sur le pouvoir temporel du Pape, le concile anirmaitl’i/i/<7 ; //ifcf71/e' punttfi.cale, en reproduisant la récente déclara.lion des 500 évéques réunis à Rome : « Nous n’avons rien tant à cœur, que de

« roire et d’enseigner ce que Vous-même croyez et

enseignez, et de rejeter les erreurs que Vous rejetez… » avec allusion à l’Encyclique Quanta cura, cette parole ex cathedra du Pontife ; Collectio Laceiisis, ibid., col.SoiJ. Cf. 835, etc.

A cette époque, c’est-à-dire deux ou trois ans avant le Concile œcuménique, de graves théologiens constataient l’immense progrès accompli sur la question de linfaiUibilité. — Patrice Mirrav, tout en constatant que la doctrine contraire de 1682 (art. 4) n’avait pas encore été censurée à Rome, observait que « presque tous les bons catholiques en étaient revenus », etque « la soutenir ouvertement approchait de plus en plus de la témérité ». Il citait la défense de l’enseigner portée par le concile de Ueims de 1853. Il estimait que « la doctrine de l’infaillibilité pontificale, très répandue dans l’Eglise bien que non encore définie, était immédiatement révélée, et donc définissable comme vérité de foi, et sa contradictoire passible d’une condamnation d’hérésie. » Tractiiius de Ecclesia, Dublin, 1866, t. 111, p. 783. — En 1868, Dominique Bouix, cité plus haut, donnait les mêmes conclusions. — Clément SchraDKn, d’une grande érudition, professeur de théologie à Louvain et surtout à Vienne, enfin à Poitiers, ajoutait à la série déjà décisive des témnigna< ; es ancens pour l’infaillibilité, la prein’e récente que fournissait, soit le fait même de la définition de l’Immaculée Conception, soit ensuite les conciles provinciaux, surtout ceux de l’Autriche, où il résidait alors ; De unitate romana. Vienne, 1866, t. II, p. 350 sq., 318 sq.

Ajoutons les mandements des évoques après l’Encyclique Quanta cura. On y trouve beaucoup d’aflirmations de l’infaillibilité du Pape ; voir de nombreuses citations françaises. Coll. Lacensis, t. VII, col. 1009 sq, avec citations d’autres évéques du monde.

2° /.e rétablissement des conciles provinciaux (ou pléniers) dans le reste du monde. — Au déclin du gallicanisme en France, correspondait le déclin du joséphisme et du fébronianisme dans les pays qui en avaient le plus souffert. De Gaëte, en 1849, Pie IX avait exhorté les métropolitains de la confédération germanique, de même que ceux de France, à rétablir les conciles provinciaux, arrêtés par le pouvoir civil depuis bientôt deux siècles. Les principaux obstacles au désir du pape furent levés par le Concordat qu’il fit a-v ec François-Joseph en 1855 ; Tarlicle 4 stipulait la liberté de convoquer et de tenir des conciles profinciau.r et de publier leurs actes. Collectio Lacensis, t. V, col. g5 et 383, 996, IÎ22 sq. — Ces conciles furent très infaillibilistes, nous le montrerons très rapidement.

Le premier en date (1858) convoqué en Hongrie par le primat de ce royaume, pour sa province de Strigonie, atteste que ce royaume de Marie fut transporté de joie quand l*ie IX, par la bouche infaillible de Pierre, a. proclamé comme un dogme

de foi l’Immaculée Conception ». Ibid., col. 34. —

« Dans les choses de foi et de mœurs on a toujours

cru sans le moindre doute que Pierre parlait par la bouche du Pontife. Nous en faisons profession d’autant plus volontiers, que l’exemple de nos saints prédécesseurs nous y invile… Nous aimons à nous rappeler cet archevêque de Strigonie qui, avec tous les autres prélats de Hongrie, condamna les quatre articles du clergé gallican de 1682, l’année même, comme détestables pour des oreilles chrétiennes et en interdit la lecture et l’enseignement. » Ibid., col. 39. Voir ci-dessus, col. li’jô.

En Autriche, le concile de Vienne (1858) parle aussi de la soumission de la province à la définition de Pie IX ; ibid. col. 144- H cite, sur les successeurs de saint Pierre, les mêmes textes que nos conciles français ; ibid., col. 147 sq.

En 1860, le cardinal archevêque de Cologne rend à cette ville, après trois siècles d’intervalle, un concile provincial ; ibid., col. 281. Les décrets doctrinaux de Cologne, œuvre de premier ordre contre les erreurs dogmatiques du temps, expliquent déjà en détail ce que le concile du Vatican, avec une autorité plus haute, décrétera dix ans après sur la révélation et la foi, et embrassent même le dogme entier avec ses principaux mystères, tâche que n’a pu réaliser le Concile œcuménique si vite interrompu. Or on lit au chap. xxiv : Le Pontife Romain… est le père et le docteur de tous, et dans les questions de foi, son jugement est de soi irréformable », formule opposée (en note) aux articles de 1682. Ibid., col. 312.

En 1860 aussi, le concile provincial de Prague dit, par exemple : « Faisons profession d'être unis à Pierre par l’intermédiaire de Pie IX son successeur… Ayons recours à cette chaire de Pierre, dont Pie IX a hérité, où se conserve sans altération la tradition des Pères, et où nous devons aller chercher ce qu’il faut croire, ce qu’il faut penser, ce qu’il faut tenir. » Ibid., col. liib.

En 1863, le concile provincial de Colocza en Hongrie s’exprime ainsi : De même que Pierre était… le maître irréfragable de la doctrine de foi, pour qui le Seigneur même a prié afin que sa foi ne défaillit pas.., de même ses successeurslégitinies dans la chaire romaine… gardent le dépôt delà foi par leur oracle souverain et irréfragable. En conséquence, ces propositions du clergé gallican de 1682, publiquement proscrites alors par… tous les évêques de Hongrie, nous les rejetons pareillement, nous lesproscrivons, etc. i> Ibid., col. GaS.

En 1865, voici la déclaration du concile de la province d’Ulrechl, en Hollande : « Nous croyons sans l’ombred’iin doute que le magistère du Pontife Romain, en ce qui concerne la foi etles mœurs, est in/a(7/ii/e… Son jugement dans les questions de foi est irréforwable{en opposition à la thèse gallicane de 1682)… Tout ce qu’il condamne et proscrit, nous le condamnons et proscrivons et ordonnons à tous nos fidèles de le tenir pour réprouvé et proscrit. » Ibid., ch. vii, col. "jbè sq.

En 1862, les catholiques d’Angleterre avaient eu leur premier concile provincial de Westminster, peu après le rétablissement de la hiérarchie par Pie IX. On y lit ces mots si nels : a Nousreconnaissons comme fondement de la foi véritable et orthodoxe celui que Jésus-Christ luiiuème a voulu poser : l’inébranlable chaire de S. Pierre, la sainte Eglise de Rome, mère el institutrice (niagistrn) de tout l’univers. Tout ce qu’elle a une fois défini, par le fait même nous le tenons comme certain. » Coll. Lacensis, t. III, col. 920. C’est à ce concile, convoqué par WiseMAN, que Newman prêcha son admirable sermon, 7"Ae second Spring ; ibid., col. 910, sq.