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conciles proi’inciau.r, comme nécessaires àl’Eglise, el altaqHa les articles organiques, celui-là surtout, puis puMia sa lettre en opuscule, avec les pièces connexes, Uijfne, 184A. — Trois ans après, dans ses Inutiiiitiiiiis diocésaines, t. II, Mgr Siiîouh exprimait l’esp’iir ilu rélHblisseinent de ce s co : oilrs en France par le nouveau Pa|)e, dont on applaudissait alors les généreuses rélornies pour le gouvernement temporel de ses Etals et la prospérité de Rome ; un mot de Pie IX, dans la présente dispusilion des esprils, disail-il, ferait plus iiour ressusciter les conciles pi-ovinciaux, que les décrets de l’antiquité chrétienne et du concile de Trente. L'évêque en écrivit même au Pape, en lui envciyant son livre. Survint la révolntion de it)48, qui rendait les conciles et plus faciles et plus désirables ; la nouvelle république proclanmil le druit de réunion, et devant un avenir nouveau, les évêques français éprouvaient le besoin de se consulter ; tellement que Mgr Sibour, devenu archevêque de Paris à la mort glorieuse de Mgr Aft’re, en arriva même, avec douze évèiiues alors présents à Paris, à l’idée d’un concile national. Dans une lettre collective de février 1849, respectueuse et tilinle. ils demandèrent au Pape ce concile « plénier » que lui seul pouvait convo(|Ucr, et un légal pour le j)résider. — A cette lettre, reçue dans son exil de Gaëte, Pie IX réiioiidit par un bref très affectueux, le 17 mai. Un concile plénier, toutefois, risquerait de traîner trop en longueur, ou même d'être interrompu, par des temps si troublés ; et puis, le Pape ignorait ce qu’en pensaient tous les autres évcques français, qui dans leurs lettres incessantes ne lui en avaient jamais exprimé le désir. Des conciles f/royinciiiii.r, oui ; Pie IX encotirageait vivement tous les métropolitains de France à en convoquer. Voir ce bref, avec la lettre qui l’a occasionné, et plusieurs des détails précédents, dans Act-i et décréta Conciliorum recentiarum, Colleciio I.acensis, 1878, t. IV, col. 3, ou dans Mansi, t. XLIII, 1910, col. 461 sq.

A la réception de ce bref, les métropolitains de France se tirent un devoir de préparer les futurs conciles provinciaux. Mgr Sibour, le premier, convo(}ua le sien, pour septembre 1849 Le nouveau ministre des cultes, M. db Falloux. pressenti par lui, jugea que les articles organiques étaient périmés, que les évêques pouvaient user de la liberté générale de réunion ; il promit, si on leur disputait cette liberté, de la soutenir à la tribune. Mais à la veille du c mcile de Paris, le gouvernement commence à s’inquiéter. En l’absence de Fallouxmalade, sescollègues, craignant la presse, envoient l’un d’eux à Mgr Sibour. Entouré alors de ses sulîragants, parmi lesquels était Mgr Dupanloup, évêque élu d’Orléans, l’archevêque reçoit l’envoyé, qui l’assure que si les métropolitains, pour être en règle avec l’article 4, demandent chacun la permission de réunir leur concile provincial, elle leur sera immédiatement donnée. Sibour évita de créer un précédent pour les conciles et de reconnaître au pouvoir civil le ilroit d’intervenir : il ne demanda aucune permission ; au contraire, il attaqua avec force devant l’envoyé les articles organiques. Après délibération, les ministres publièrent le lendemain ce décret au Moniteur : « Par raison d’utilité générale, les conciles sont perm s pour l’année 18/ig. » Collectio Lacensis, ibid., col. 5 sq.

Mais pourquoi les conciles provinciaux avaient-ils été si longtemps supprimés ? L’archevêque le dit dans son discours d’ouverture : « Il j' a plusieurs siècles que, par un déplorable vertige, les conducteurs des peuples se sont efforcés d’entraver l’Eglise… Ils la divisaient pour l’affaiblir ; ils la séparaient autant qu’ils pouvaient de ses chefs… Us redou taient surtout ces réunions oii elle répare ses forces, corrige les abus, fortifie sa discipline, et par l’action de son admirable hiérarchie, resserre les liens de son unité. Cette Assemblée est une preuve vivante que les temps sont changés, el que plus de sagesse règne dans les conseils de ceux qxii président aux destinées de la patrie. » Jhid., col. 89.

Dans les décrets de ce concile de Paris, nous voyons tout d’abord, basée sur le texte célèbre de S. Irénée et sur le décret œcuménique de Florence, une déclaration sur le Pape, et notamment sur les définitions pontificales, modèle qui sera librement reproduit i)ar les autres conciles provinciaux de France :

« Nous professons luules el chacune des Constitutions dogmatiques du Saint-Siège Apostolique…

Nous déclarons et enseignons qu’elles n’ont pas besoin de la sanction séculière, pour cire reçues par tous comme la règle de ce qu’il faut croire. » Ibid., col. II.

Une déclaration ou semblable ou encore jibis expressive, de l’infaillibilité du Pape, se trouve dans les décrets des trois autres conciles de 1849 : Reims, ibid., col. io3 ; Tours (célébrée Rennes), col. 353 ; Avignon, col. 819 sq. — De même dans les décrets nomtireux de 1850 :.lbi, ibid., col. 407 ; Lyon, col. 467 sq ; Bordeaux, col. 576 sq ;.Sens, col. 876 sq ; Aix, col. 965 sq ; Toulouse, col. io31 sq ; Bourges, tenu à Clermonl, col. 1091 sq. Rouen, col. 623, est plus faible dans l’affirmation des pouvoirs du Pape, probablement à cause de l’extrême brièveté de tous ses décrets. — Auch, le seul retardé jusqu’en iS51, n’est pas moins explicite que ses devanciers.

Plusieurs de ces conciles provinciaux, Avignon, Lyon, Bordeaux, Aix, Toulouse, regardent comme dogmatique et obligatoire » la bulle Auctorem fidei de Pie VI, la première qui condamne les erreurs modernes dont ils se préoccupent ; ils « réprouvent toutes les erreurs qu’elle réprouve », se « soumettent à ses décisions ». Ils savent bien pourtant qu’avant eux elle n’a jamais obtenu le « consentement 1) ni de l'épiscopal français, ni de l'épiscopat en général ; qu’un grand nomlire d'évêques l’ont ignorée, sinon rejetée. Ces conciles abandonnent donc le 4° article de 1682, et implicitement admettent Viiifailltbilité du Pape, en dehors même du consentement de l'épiscopat.

Mais, qui plus est, cette infaillibilité est explicitement soutenue par les Pères du deuxième concile de la province de Reims, convoqué à Amiens en 1853 par le cardinal Gousset, qjii autrefois dans sa Théologie avait soutenu le gallicanisme modéré, et en était revejiu. Au chapitre v do leurs décrets, ils aprohilieni absolument dans les églises, séminaires el œuvres d’enseignement de leurs diocèses » cette oi>inion que > les jugements solennels du Souverain Pontife, proférés ex cathedra dans les questions de foi, sont par eux-mêmes réformables, et que leur irréformabilité dépend de quelque sanction extrinsèque. » Ibid, , col. 168.

Parmi les provinces ecclésiastiques de France, seules les grandes provinces de Reims et de Bordeaux eurent la facilité de recommencer tous les trois ans leur concile provincial, et s’y crurent obligées par le concile de 'Trente. Seules elles continuèrent ces conciles sous Napoléon iii, jtisqu'à l'époque où l’empereur, entraîné |)ar Gavour à approuver et à soutenir par la pnsse l’invasion piéinontaise d’une partie des Etats du Saint-Siège, changea d’attitude envers les callioUquesetsurtoutenvers lesévêques, qui s'étaient posés nettement en défenseurs du pouvoir temporel de Pie IX, dans tous les conciles que nous venons de citer. — Toutefois, en 1867, le cardinal Donnbt,