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des prônes et catéchismes du curé, surtout les panégyriques <les Saints. € vaine pompe oratoire sans aucun fruit ». On lit remarquer qu’il ne faut pas seulement instruire, mais encore craouvtiir et convertir ; que les curés n’ont pas tous le don de la parole ; qvie, même à la campagne, il faut parfois un prédicateur extraordinaire, qui serve aussi de confesseur extraordinaire ; que les panéjfjriqucs des Saints, remontant à l'époque des Pères, et intéressants pour les lidèles, deviennent utiles s’ils contien nent, comme en France, une partie d’instruction morale (col. 1 185).

L’article b^, parmi les livres à distribuer graluileInenl à tous les curés pour les aider dans leur ministère, proposait des ouvrages solennellement condamnés par l’Eglise, comme les Uéflexions de Quesnel, VËxposilmn de la docirîrie chrétienne de Mézenguy : et les œuvres des rares évoques jansénistes de France, comme le ealécliisme, de Colberl. évéque de Montpellier, les Instriicliiins de Filz James, évéque de Soissons, et le Itiliiel d’Alet. La grande majorité de l’assemblée remplaça les Réflexions dcQuesnel par les Méclitalions surlfs Evangiles de Bossuet ; le catéchisme de Colbert par celui de Bossuet ou d’un évoque italien ; Mézenguy par une traduction du Catéchisme romai’i. avec Notes ; le rituel d'.-Vlet par le Rituel romain, que les trois archevêques acceptèrent de traduire, avec notes et additions (col. 1190, sq.).

On examina entre autres choses, par ordre du prince, le mémoire par lequel le synode de Pistoie avait justilié le désir royal de supprimer ou de changer certains empêchements dirimants du mariage, en usage dans l’Eglise universelle. D’après les idées régalisles alors si rcpandues.les évêiiues de Toscane faisaient sans doute une part au chef de l’Etat dans la constitution des empêchemenlsdirimants, à raison du pouvoir qu’ils lui reconnaissaient sur le « mariage considéré comme contrat », qu’ils se figuraient réellement et essentiellement distinct du mariage-sacrement. Toutefois, disent-ils, l’assemblée, « soucieuse des respects dus au sacrement qui est uni au contrat, ne se croit [)as autorisée à interpréter les canons du concile de Trente (sur ces empêchements), mais en vue d<i repos des consciences, et de prévenir en pays étranger les doutes qui pourraient s'élever sur la légitimité (des mariages ainsi permis p.-ir le grandduc), le » évêques (de la majorité) supplient humblenient le très pieux souverain que, lorsqu’il jugera bon de réaliser son projet en tout ou en partie, il veuille qu’en 'uu point si délicat on avertisse le chef de l’Egli-e, et que l’on procède de concert avec lui ». Sess. XVI, col. 1206.

Enliu l’assemblée signa une supplique à Son Altesse pour la tenue très prochaine du concile national, avec permission d'élire auparavant quelques-uns des leurs afin de rédiger les conclusions de leurs débats dans une forme plus concise, plus méthodique, et qui put être soumise avec plus de convenance à l’approbation du souverain (Sess. xvii, col. 1208). C’est du commencement de juin i^S’j que datent les dernières séances, marquées par les efforts infructueux d’une faible minorité pour faire revenir l’assemblée sur plusieurs de ses décisions.

Irrité de cette fermetédes évêques, Léopold renonça pour un temps au concile national, et prononça la dissolution de l’assemblée. Il congédia les prélats avec des reproches amers ; voir Picot, Mémoires…, t. V, p. a’j'j, d’après les Nouvelles ecclésiasii'/iies. — Bicci n’avait pas attendu la fin des séances pour faire arracher aux Madones même les plus vénérées de ses deux diocèses leurs manlellini, voiles doul on les couvrait selon l’usage italien pour ne les montrer

qu’aux jours solennels. Et pourtant l’assemblée avait désapprouvé, parmi les articles du grand-duc, cette sup|)ression générale et sommaire, qui, sans nécessité, froisserait certainement le peuple, col. 1166, sq. ; Ricei eut à se repentir de n’avoir pas écouté la majorité. Le 20 mai, une émeute éclate contre lui dans sa ville de Prato ; à la cathédrale, ses armoiries et son trône sont enlevés et brûlés sur la place publi(iue ; le palais épiscopal est envahi, Quesnel et autres livres jansénistes qu’on y trouve, jetés au feu ; on fait recouvrir par les prêtres les images dévoilées. Léopold vengea cette insulte par de durs châtiments. Picot, p. j'^S, sq.

Le récit précédent de l'épiscopat de Ricci est confirmé et complété par la correspondance du nonce de Toscane, conservée aux archives vaticanes, et utilisée par Jules Gbndhy, l’ic VI, xa vie, son pontificat, 1907, t. 1, dernier chapitre. — En 1790, le grandduc succède à son frère.loseph II, raort sans enfants. Instruit par leur double échec en i>olitique religieuse, Léopold II inaugure à Vienne une attitude moins hostile aux évêques et même au Pape, et supprime en Belgique les odieuses institutions du josêpliisme ; il meurt en 1792. Picot, ibid., >. I116, sq. — Le jeune Ferdinand 111. fils de Léopold et son successeur en Toscane, avait exigé de l'évêque de Pistoie sa démission. Picot, p. 419. — Dans sa retraite, poursuivant la propagande de ses idées, Ricci a entretenu une correspondance avec le clergé constitutionnel de France, surtout avec l'évêque Grégoire ; pareillement avec le schisme d’Utrecht. Attiré par Pie Vil, il eut, avant sa mort, sinon une véritable rétractation, du moins une déclaration qui y ressemble. Db Pottbh, Vie et mémoires de Ricci, t. lll. Pièces justificatives. Les éditeurs du supplément de Mansi, Conciles, t. XXXVIII, ne croient pas à une rétractation sincère, col. 997.

e) Condamnation par Pie K/ des principales erreurs du synode de Pistoie ; bulle Auctorem fid<'i, 1794 Une des formes de la propagande de Ricci, démis de l'épiscopat, c'était de faire traduire les Jetés et décrets de son synode eu diverses langues. Déjà des professeurs de l’université de Pavie, ceux qui avaient composé les décrets mêmes du synode, en avaient fait en 1789 une traduction latine, qui fut répandue à travers l’Europe. Pour instruire les catholiques sur un ouvrage devenu dangereux à cause du bruit fait autour de lui par les jansénistes et les philosophes. Pie VI se décida enfin à le juger solennellement et en prévint le grand-duc Ferdinand ; Mansi, ibid., col. 12.'j8. — Convoqué à Rome, où l’on écouterait ses défenses, Ricci se fit attendre, puis donna un prétexte de santé, et ne vint pas. Le Pape, qui, dans l’espoir d’arranger à l’amiable, lui présent, les explications ou rétractations nécessaires, avait tenu en suspens pendant plusieurs mois la bulle de condamnation déjà préparée, la Ut envoyer à tous les nonces en les chargeant de la publier. Voir prologue de la bulle, Mansi, ibid., col. 12O/1. — Le nonce de Madrid, dans sa réponse, dit avec raison : « J’ai admiré la disposition et l’ordre (de la bulle), sa clarté et sa précision dans une si grande variété de matières et de censures… Je déplore qu’on ait prohibé en Toscane l’introduction, la réimpression et la vente de cette bulle. On reconnaît le mal, et on ne veut pas recourir au remède, au grand détriment des peuples et des souverains. » Voir Cknury, op. cit., i>. 481. La cour du jeune Ferdinand lit restait donc hostile au Saint-Siège, comme alors bien d’autres cours. Le roi d’Espagne acceptera solennellement la bulle à la fin de 1900 ; Picot, t. VU, p. 321 sq.

La supériorité de la bulle Auctorem fidei sur les