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table ; car l’hérésiarque, après avoir paru admettre cette infaillibilité du concile (art. 28, D. / ?., ’j68), par une de ces variations qui lui étaient familières, en était venu à la nier (769).

La profession de foi catholique de l’université de Louvain contre les erreurs de Luther, publiée en 82 articles le 6 décembre 1541, nous a été conservée (et commentée en partie) par Ruard Tappkr, chancelier de cette université, célèbre théologien hollandais qui assista au concile de Trente. Le 25’article est ainsi conçu : n II faut tenir d’une foi certaine non seulement leschoses contenues expressément dans l’Ecriture, mais encore celles que la tradition de l’Eglise catholique a transmises à notre foi, et celles qui en matière de foi et de mœurs ont été définies par la chaire de Pierre, ou par les conciles généraux légitimement assemblés » (ici les définitions de » la chaire de Pierre », étant explicitement distinguées de celles des « conciles généraux », ne peuvent évidemment signifier que le suprême magistère du Pape exercé en dehors du concile). Explicationis articulorum venerandæ facuUatis theologiae Lovaniensis tomus 1, Louvain, 1555, p. l^01 sq. — Le 6 décembre 1644, l’université de Louvain renouvelait sous la foi du serment cette solennelle profession faite cent ans auparavant.

La Pologne est représentée par son grand cardinal Stanislas Hosius. Dans un ouvrage très répandu au XVIe siècle et traduit en plusieurs langues, il a commenté la « Confession de foi catholique » qu’un synode d’évêques polonais, en 1551, avait opposée aux envahissements du protestantisme. De nombreux témoignages des Pères, Hosius conclut que dès l’origine du christianisme on a eu recours au jugement de l’Eglise de Rome dans les controverses religieuses et regardé sa foi comme indéfectible. Et il y a pourtant des gens, ajoute-t-il qui préfèrent soumettre leurs écrits à la censure de je ne sais quel maître de Wittenberg, et d’une Église née d’hier, plutôt qu’au jugement de l’Église la plus sainte et la plus ancienne de toutes, à qui les Apôtres Pierre et Paul ont laissé toute leur doctrine en y répandant leur sang, et qui a été regardée comme tellement catholique et apostolique, qu’elle n’est jamais entachée d’hérésie. « Confessio catholicæ fidei, Lyon, 1562, ch. xxviii, p. 1 10.

L’université de Douai exprime sa pensée par l’organe de son plus éminent docteur, le grand controversiste anglais Staplkton. Il commence par distinguer deux opinions extrêmes, celle d’un théologien, Pighius, qui ne veut pas que le pape puisse errer dans la foi, même comme personne privée, et celle des protestants, qui veulent qu’il puisse enseigner l’hérésie, même s’il définit. « Le milieu entre ces deux extrêmes, qui est la vraie doctrine, dit-il, c’est que le Pontife romain, comme personne privée, n’est pas indéfectible dans sa foi, de même qu’il n’est pas impeccable dans ses mœurs ; mais que, comme personne publique, c’est-à-dire quand, consulté sur la foi, il répond et décide en vertu de sa charge, il n’a jamais jusqu’ici enseigné l’hérésie et jamais ne pourra l’enseigner. Cette vérité, qui tient le milieu, est maintenant reçue par les catholiques comme certaine, sinon comme une vérité de foi. Et l’assertion contraire serait erronée, scandaleuse, offensive, mais peut-être pas hérétique. » Slapletoni Opéra, Paris, 1620, t. I, p. 706.

L’université de Salamanque, au xvi’siècle, affirme sa conviction par la voix de ses docteurs. Citons deux dominicains très connus, qui se sont succédé dans sa cathedra primaria, Melchior Cano, et Banez. « On nous demandera, dit Cano, s’il est hérétique d’affirmer que l’Eglise de Rome puisse

dégénérer comme les autres Églises (tombées dans l’hérésie) et que le Siège apostolique lui-même puisse se détourner de la foi du Christ. Voici en deux mots notre réponse. Nous ne voulons pas prévenir ici la sentence de l’Eglise ; mais si la question était déférée à un concile général, cette erreur serait flétrie de la note d’hérésie. » Plus loin il rappelle queles hérétiquess’acharnent.et pour cause, contrece privilège du Pape et que ceux qui le soutiennent contre eux sont regardés comme les vrais catholiques, et il ajoute : « Je ne comprends pas pourquoi certains fidèles aiment mieux favoriser les opinions des hérétiques que celles des catholiques… Quant à nous, suivons donc la doctrine qui est commune parmi les catholiques : elle est sûre, précisément parce que c’est le sentiment commun. « De locis theologicis, t. VI, ch. VII ; dans Migne, Theologiæ cursus completus, Paris, 1889, 1. 1, col. 345, 847. « Dans un jugement public porté sur la foi, dit à son tour Baâez, le souverain Pontife ne peut se tromper. » Et après avoir sur ce point rappelé la tradition des Pères, il conclut : « Je pense donc que cette doctrine doit être tenue comme une tradition apostolique. Et elle serait regardée comme telle par tous les fidèles, si, à partir du Concile de Constance, l’ennemi n’avait semé l’ivraie dans le champ du Seigneur. Jusque-là, les seuls Grecs (schisinatiques) erraient sur ce point ; aussi saint Thomas énumère-t-il cette erreur parmi celles qui sont propres aux Grecs (Opusc. i, sub fin.). Sûrement, si la question était soumise à un concile légitime, la doctrine de l’infaillibilité pontificale serait dèfiniecomme étant la vraie foi et l’opinion contraire frappée d’anathème. » Scholastica commentaria in II’"" 11" S. Thomae. Douai, 1615, q. 1, a. 10, concl. 4, p. 60.

Dans l’université de Paris elle-même, la décadence du gallicanisme Unit par devenir si complète que vers l’an 1600 on cesse d’y soutenir les thèses gallicanes. Voir Gallicanisme, col. 226 ; cf. Puyol, Edmond nicher, Paris 1876, t. I. p. 129. — En France, du reste, n ce qui montre combien les vieilles doctrines (du gallicanisme) avaient perdu de terrain, c’est la Ligue elle-même. Une telle explosion n’a été possible que parce que la France était, en majeure partie, gagnée aux opinions dites alors ultramontaines ». Puyol, ibid.. p. 36, cf. p. 126. Mais les excès de la Ligue et le triomphe d’Henri IV devaient occasionner une réaction, dont la Sorbonne et le clergé subiraient l’influence, et dont les premiers instigateurs furent les parlementaires, invariablement attachés au gallicanisme par son côté politique, souvent même imbus de préjugés protestants ; ibid., p. 20, sq.

2° Théologiens. — De cette même époque (xvie siècle et commencement du xvii’), nous avons déjà cité plusieurs grands théologiens. Avant le concile de’Trente, le cardinal Cajbtan, dominicain (j- 1534) ; pendant le concile, le cardinal Hosius, un des légats ([1579), Ruard Tappbr (-j- 1559), MblcuioR Cano, dominicain (-j- 1560). Jprès le Concile de Trente, et dans le renouveau de théologie qu’il produisit, Staplbton (+ iSgS), Ba.nez, dominicain (71604).

La Compagnie de Jésus, constituée en 1540, apporte un nouvel appoint à un mouvement commencé avant elle. Citons, sur l’infaillibilité pontificale, quelques-uns de ses grands théologiensd’alors : ToLET (-f- 1096), qui a tant contribué à la réconciliation d’Henri IV avec l’Eglise catholique ; Valbntia (7 1608), professeur à l’Université d’ingolstadt ; Bbllarmin (7 1621), dont les Con/rot erses, publiées dès 1586, furent si renommées, et en divers pays tant de fois rééditées à l’époque dont nous parlons,