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PANTHEISME

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La réplique est aisée : notre première réfutation garde toute sa valeur, car elle ne procède pas précisément de ceci, que Dieu ne pourrait se voir lui-même à travers une forme humaine et dans le temps ; elle procède de ce principe certain, que l’esiiril purfail rloit se suffire parfaitfineut à liiimi’iiip. Qu’il puisse créer du lini et même l’assumer en le créant, en sorte que ce fini soit encore divin, nous ne voyons là rien de contradictoire ; mais que Uicu se trouve clans la nécessité de créer du fini et dans la nécessité de l’assumer, sous peine, pour Lui, de n’être pas soi, voilà ce qui selon nous, de toute évidence, fait l’inlini lini, subordonne le Parfait à l’imparfait, entache de puissance l’Acte pur. — Il n’v a qu’une nécessité admissible en Dieu, c’est celle qtti’lc lie à lui-même : les trois personnes de la Trinité étant la nature divine elle-mênie, une et indivisée, la nécessité pour Dieu d’être trinc n’est pas une nécessité antérieure ou exiérieure à Lui, elle est la nécessité ptfur Dieu d’être Dieu, et c’est tout.

Quatrième argument

Exposé. — L’inlini n’est infini que s’il est tout. S’il y a quelque chose en dehors de l’inlini, on jiourrait l’ajouter à ce qu’il contient, on pourrait augmenter l’inlini, ce qui est absurde.

Réfutation. — S’il sutlisaitqu’il existàlun étrelini et un èlreinlinipour qu onffit en droit deconcevoir leur sontmc, l’ari ; umcnt précédent serait irréfutable, car il nous acculerait à cette alternative, ou d’admettre que l’Infini peut grandir, nu d’admettre qu’une somme pexit n’être pas supérieure à chacune de ses parties. M. lis s’il est impossible de parler de somme, si Dieu et le monde ne font pas deux êtres, l’argument tombe de lui-même. Or pour envisager la possibilité d’un rapprochement du Fini et de l’Intinisous la catégorie de nombre, on.peut se placer à deux points de vue :

1* Au point de t’iie réel. — La question est alors celle-ci : puisque toute addition consiste en la répétition d’une unité, est-il possible de trouver poxir le Fini et l’Infini un concept parfaitement propre qui valant pour l’un et pour l’autre, tienne lieu d’unité ?

— Il semble que oui. Ce concept, n’est-ce pas le concept d’être ? Mais c’est là une grosse erreur. Posé en effet que le mot être signifie le concept parfaitement propre à Vlnfini, il faut trouver un autre mot pour désigner le Fini ; car assurément le Fini n’est pas l’Infini, et si l’inlini est être, le Fini est non-être. Ainsi, à parler en prenant les concepts selon tout le sens qu’ils comportent objectivement, une seule anirmalion est légitime : Dieu est, le monde n’est pas. Mais alors Dieu et le monde ne font pas deu.c cires, et Dieu plus le monde c’est flnfini plus zéro.

2" Au point de vue abstrait. — Ce n’est qu’en s’é'rfvant par les degrés d’une proportion à UTi concept analogue qu’il est possible de trouver l’unité ca|)able de représenter à la fois le Fini et l’Infini. Mais le nombre sous lequel on arrive alors à les ranger est un nombre abstrait, celui que l’Ecole aiipelle transcendantal. Or rapprocher le Fini et fiiilini dans un nombre abstrait n’a plus aucun inconvénient, n’entraîne aucune conséquence absurile ; car le concept d’être, qu’on leur applique alors d’une manière oommmie, fait abstraction, an sens cxpUcile nà on le prend, des modes qui le réalisent ; et ainsi ce n’est toujours pas le Fini comme tel qu’on ajoute à l’inlini comme tel.

De toute façon, la dilïicullé qu’on tire contre l’existence distincte du Fini et de l’Infini, de la conception de leur somme, cette dilliculté n’existe pas ; car une telle somme est inconcevable.

I Cinquième argument

Exposé. — Un Dieu infini ne saurait être qu’impersonnel. Qui dit personne dit limitation et par conséquent Unitude : une personne s’oppose à d’autres personnes, ou au moins à des choses : c’est un être recueilli en soi et qui se possède par exclusion du reste. Niez ce qui borne la personnalité, elle se répand sur tout et du coup s’évanouit ; ce qui était personne devient impersonnel ; or tel est nécessairement l’être sans borne, Dieu.

Réfutation. — Cette manière d’argumenter tend moins à démontrer le pantUcisræ qu’à établir l’athéisme. Un Dieu impersonnel est un Dieu qui n’existe pas, c’est l’iiumanilè ou la nature ; danstous les cas » c’esl une abslrælion. Bien des gens qui se disent panthéistes ne sont en effet que des athées. Aussi cet argument ne nous intéresse qu’indirectement. — Toute sou apparente force est en ceci, qu’il fait état de la finitude comme si elle était essentielle au concept de personne. Or il faut sans doute reconnaître que la finitude est un élément dont nous ne pouvons nous passer chaque fois que nous voulons nous représenter la personne humaine, la seule dont nous ayons une connaissance directe ; mais c’est la question même, de savoir si le concept propre à la personne /lumiu/ie est runique concept possible de la personne, ou si la perfection qu’il désigne ne répugne pas à se trouver quelque part, dégagée de toute imperfection ; — en sorte qu’après avoir reconnu que Dieu ne saurait être une personne de la même manière que nous, on puisse encore dire qu’il est personne selon un mode analogue au nôtre I.

Restreindre le concept de personne à sa signification univoque, c’est évidemment s’interdire d’en faire usage pour Dieu, mais en vertu d’une pétition de principe’.

B. — Béfutation de l’assertion panthéistique

Nous avons à établir directement, positivement, la contradictoire de l’assertion panthéistique ; il nous sufiira pour cela de prouver que « l’homme n’est pas Dieu « , car si l’homme n’est pas Dieu, l’univers dont l’homme fait partie ne l’est pas non plus.

D un premier geure de réfutation. — L’entreprise est séduisante, de vouloir détruire l’assertion panthéistique en montrant non seulement qu’elle est fausse, mais qu’elle est en elle-même et de tout point de vue alisurdc. Il semble qu’en arrêtant le panthéisme au nom de la métaphysique, au lieu de l’arrêter au nom de l’expérience, on en triomphe plus complètement el qu’il soit mieux réduit en poussière si l’on a prouA é qu’il répugne à la Raison, que si l’on a seulement prouvé qu’il répugne aux Faits. De là, une manière de le réfuter qui consiste à montrer la contradiction oà l’on tombe quand on identifie l’infini et le fini, le parfait et l’imparfait. — Cette manière de réfuter le panthéisme est excellente contre un certain panthéisme, le seul que connût le moyen âge ; il la faut garder. Mais dirigée contre la forme plus subtile du panthéisme que nous avons

1. La philosophie arrie à démontrer que Diiu est personnel la t"i nous ren^tigne dnvanlage : elle précise qu’en Dieu il y a trois personnes. L’on peut dire ean* aucune ineïaotitiide : Dieu est personnel ; mais ce n’est qu’.i In la^eur(lune correction sous-enlcnduc, et en usant d’un à peu (irès pour lequel il convient rl’ëlrc indulgent, qu’on peut alBrmer : nDieu est personne » ou surtout « Dieu est une personne ».