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ORIGENISME

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jugement de saint Augustin. Considérée dans ses relations avec l’ensemble du système origéniste, l’hypothèse de l’animation des astres apparaît liée à la conception générale de la préxistence des âmes, et ceci est grave. Car si les astres sont, au même titre que les corps humains ou peu s’en faut, des prisons d’àmes, le contrecoup va se faire sentir dans plusieurs parties de la doctrine catholique. D’autre part, Origène méconnaît la pensée de saint Paul touchant le gémissement de la créature, attendant la révélation lies enfants de Dieu. Saint Paul a réellement en vue le gémissement de la création matérielle, non un gémissement d’àmes. — Huet, Ori^e/iia/Jrt, II, ii, q.8.

y" Le futur crucifiement du Christ pour les démons.

Cette imagination déplorable ne se trouve pas sans doute partout où on a cru la découvrir (ainsi Jn /.ev., tlom., I, i, P. G., XII, 408 D, Origène exprime seulement cette belle idée que le sang répandu au Calvaire a coulé sur l’autel céleste ; voir la note de Delarue redressant Huet, P. G., XVII, 829). Mais il semble (iillicile de ne pas la reconnaître, Periarclton, l, xiii (xxv) (P. G., XI, 398, 39g, et mieux Koetschau, p. 3^4, 345). Ici la version de lîviûn nous fait défaut, probablementparcequele passage lui parut inguérissable ; mais elle est avantageusement sui)pléée par celle de saint JÉRÔMB, Ep., cxxiv, 12, P. L., XXII, 1071 ; cf. aussi Théophile d’Alkxandrib, Ep. synodica, ibid., xcii, 4. P- L., XXII, ’)(>’) ; Ep. paschalis, ifcirf., xcvi, 10, p. 781. Cette imagination compléteraitcellequ’ou a examinée ci-dessus, sous 4°. — Voir pourtant les observations de Huet, Origeniana, II, 11, q. 3, 23-25.

8" La puissance dii’ine bornée.

Origène admet que Dieu a créé des cires raisonnables en nombre Uni, autant que sa pensée en pouvait embrasser — car la puissance de Dieu est linie comme sa pensée. De même, il créa de la matière autant qu’il en pouvait ouvrer. Periurchon, II, ix, i.

— Huet, II, 11, q. i, i-3, a omis ce texte.

g* Pas de peines éternelles. L’unii-erselle restauration.

Si la préexistence des âmes est le principe des erreurs origénistes, la restauration universelle — àTTMKTdTTaai ? — en est le couronnement. Ce mot appartient à la langue du N. T. Il désigne, Act., iii, 21, cette restauration de la création visible par laquelle doit s’ouvrir la vie céleste, dans un ciel et une terre renouvelés, Apoc., xxi, i-5. Mais sous la plume d’Origène, ce mot paraît prendre une acception inédite et désigner la restauration universelle des créatures raisonnables dans leur pureté originelle. A la lin des temps, toute puriûcatiou des âmes par la captivité daus les corps étant achevée, elles seront réintégrées dans la condition de purs esprits. Telle est la conception que l’on rencontre ou que l’on entrevoit à diverses reprises, Periarchon, I, vi, I, a, Koetschau, p.’jg-82 ; I, viii, 41 P- 102 ; II, x, 8, p. 182, 183 ; III, V, ’), p. 278, 1-23 ; III, vi, 3, p. 284, 3-io ; III, VI, 6, p. 287, 21-288, 7 ; III, VI, 8, p. 28g, 2833. Voir en outre / « Lev., Hom., vii, 2, P. G., XII, 479 C-480 A ; In Mt., t. XV, xxvii, P. G., XII, 1336 B ; In loan., 1. I, xvi ; Preuschen, p. 20, 8-14 ; Contra Celsum, y, XV ; VIU, Lxxii, P. G., XI, 1201 D ; 16a41626 (Koetschau, t. II, p. 16 ; 288, 289).

Origène ne peut se défendre de rêver un triomphe complet de la grâce et de la miséricorde. Il sait pourtant que les pécheurs ressusciteront pour le châtiment, et semble parler de feu éternel, Periarchon, II,

X, 3, 4. Koetschau, p. 176, 17-177, 2 ; du châtiment éternel, Kit.ji’iî ; zo/xîi^, Contra Ceisum, VII, xxvi, P. G.,

XI, 1332 B (Koetschau, t. II, p. 96, 16). Le feu vengeur est allumé pour chaque homme par ses propres péchés. L’ardeur d’une passion tyrannique en donne quelque idée lointaine. Mais ici le coupable est iramu nisé contre l’action destructive du feu. Ce feu sévira jusqu’à ce que la justice divine soit satisfaite et l’ordre rétabli. Les mots « l’wv, aicjnc^ paraissent n’avoir pour Origène qu’une valeur relative. Parfois il se défend de prendre parti sur la question de l’éternité des peines, qui ne lui semble pas clairement tranchée par l’Ecriture. Ainsi, commentant Mt., xxii, 11, In loan., 1. XXVIII, vu (Preuschen, viii, p. 398, 10-18).

— Huet, Origeniana, II, 11, q. 11, 17, 26 ; Capitaine, De Origenis ethica, app. 11.

10° La monade divine, principe et /in de toute existence.

Doctrine nettement panthéiste, qui sans doute fut professée au vi^ siècle et imputée à Origène par des disciples compromettants, mais que nous ne saurions retrouver dans ses ouvrages. Il s’en montre fort éloigné quand il examine ex professa la question de la nature de l’âme, Periarchon, III, iv. Après avoir écarté la tricholomie platonicienne et même la dichotomie de son maître Clément, il se montre disposé à admettre que l’àme est simple, d’ailleurs sollicitée en haut et en bas par des attraits contraires, qui donnent l’illusion d’une multiplicité substantielle. Mais il se refuse à admettre qu’elle est de nature divine ; le terme opsvTio ; appliqué par Héracléon à l’àme, comparée à Dieu, lui paraît absurde et impie, In Ioan., l. XIII, xxv. Saint Jérôme s’en est souvenu en écrivant à Marcellinus et Anapsychia sur l’origine de l’àine, Ep-, cxxvi, i, P. L., XXII, io85 : il n’a garde de confondre la doctrine d’Origène avec celle des stoïciens, qui font de l’àme une portion de la substance divine. Cependant le même saint Jérôme, écrivant à Avitus, £/ !)., cxxiv, 141 p. 1071, 1072, reproche à Origène d’avoir dit que tous les êtres raisonnables sont (I en quelque sorte » de même substance ; il veut bien reconnaître que ce correctif « en quelque sorte > atteste chez Origène la préoccupation d’écarter une doctrine impie, et pourtant ne le juge pas pur de tout panthéisme. — Le problème de la destinée de l’âme ramène la même incertitude et la même diversité dans l’interprétation donnée à la pensée d’Origène. Il enseigne que le bien suprême de la créature raisonnable consiste dans l’union à Dieu par la connaissance et l’amour. De ce principe, qu’il emprunte à saint Jean et à saint Paul (loan., xvii, 24, 21 ; 1 Cor., xv, 28), il conclut à une absorption progressive de toutes les puissances de l’âme dans la divinité ; quand cette absorption sera complète, l’âme entièrement purifiée, alors l’assimilation de la créature au Créateur atteindra son terme ; Dieu sera tout en tous. Le corps lui-même sera spiritualisé, glorifié, investi d’uno splendeur dont les astres ne donnent qu’une idée lointaine : car les astres passeront, le corps glorifié ne passe plus. A la fin, la mort lâchera sa proie (I Cor., XV, 26) ; le corps sgra immortalisé en restant lui-même. Idées largement développées Periarchon, III, VI, et souvent reprises ailleurs. On les retrouve dans un traité ascétique, tel que VExhortatio ad Martyrium, xivii, où il décrit l’ascension de l’àme vers la région de l’intelligible pur et vers Dieu qui surpasse toute intelligence. On les retrouve dans une œuvre exégétique tel quel’/zi Ioannen,. I, xvi (Preuschen, p. 20, I o-i 2) où il assigne comme terme à l’ascension de l’âme la contemplation de Dieu : ri

hyoïxév/i àTOxcTOTT « 7£i. Les origénistes du vie siècle ne rêvèrent pas seulement d’assimilation par la contemplation et l’amour, mais d’un écoulement proprement dit de toute existence en Dieu. Il est sur que le principe origéniste, d’après lequel, en toute chose, la fin doit répondre au commencement, Per/arc/io/i, I, vi, 2, Koetschau, p. 79, peut mener jusque-là, si l’on commence par admettre le panthéisme au point de départ