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ORIGENISME

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quitter la place, parmi eux le vénérable Jean Hésycliaste, âgé de g3 ans. Ce jour-là même, Nonnos mourut subitement. Après sept mois, l’abbé Georges était expulsé par les siens et la paix rentrait au monastère. On vit alors le parti origéniste se scinder en deux caraps. Ceux de la Nouvelle Laure étaient traités par ceux de la Grande Laure d’iVo ; // ; i !  ; Toi, parce que leur doctrine tendait à effacer la distance infinie qui sépare le Christ des créatures : c’étaient les radicaux de l’origénisme. A d’autres on donnait les noms — plus obscurs pour nous — de tt/jwtîxtiïtki et de T£T/3aôrrac. Au milieu de ces luttes, un rapprochement se produisit entre les orthodoxes et les origénistes modérés : les uns et les antres convinrent d’unir leurs forces contre le parti extrême. L’abbé Conon, higumène de la Grande Laiire, et l’abbé Isidore, higumène de la Laure de Firniinios, se rencontrèrent sur la montagne de Sion ; Isidore renonça solennellement à la doctrine origéniste de la préexistence des âmes. En septembre 552, tous deux prenaient le chemin de Constantinople, pour présenter à l’empereur leurs communes doléances contre les origénistes irréductibles. Au mois d’octobre, Pierre, patriarche de Jérusalem, mourait ; les gens de la Nouvelle Laure. en voulant lui donner un successeur de leur choix, achevèrent de tout brouiller et d’indisposer l’empereur contre l’origénisme. Le crédit de Théodore Askidas baissait décidément. Conon et ses compagnons tirent agréer de l’empereur, pour le siège de Jérusalem, Eustochios, économe de l’Eglise d’.lexandrie, alors présent à Constantinople. Vers le commencement de janvier 553, Eustochios partit pour prendre possession de son siège ; de Palestine, il envoya des évêques et des bigumènes pour le représenter au Concile général, qui allait se réunir au sujet de l’affaire des Trois chapitres.

Les délibérations du V" concile sur les Trois chapitres occupèrent huit sessions, du 5 mai au 2 juin 553. Les Actes, qui nous sont parvenus dans une .incienne traduction latine, ne font aucune mention de délibérations conciliaires relatives à Origène ; mais à deux reprises, dans les discussions de la y session et dans les analhématismes déQnitifs (Mansi, t. IX, 272 D et 384 B, anath. 1 1), le nom d’Origène est prononcé sous un anathème. Il n’est pas douteux que le V’concile ait eu à s’occuper d’Origène ; mais le nom d’Origéne ne Ugurait pas au programme olliciel de la convocation, faite seulement en vue de l’affaire des Trois chapitres. Aussi l’examen de la question origéniste, fait, pour ainsi dire, hors cadre, vraisemblablement durant les mois de mars et d’avril, ne prit-il pas, aux yeux des contemporains, comme il n’avait pas dans l’intention de Justinien, toute l’importance qu’avait le débat sur les Trois chapitres. Quoi qu’il en soit, c’est an V’concile qu’appartiennent les quinze anathématismes publiés au xvu* siècle par Pierre Lambeck. Ils furent souscrits par les Pères de concile, puis par tous les évêques d’Orient, à l’exception du seul Alexandre évéque d’Abyla, qui, pour ce fait, fut déposé. Comme pour les anathématismes de 543, 1a sanction du pape Vigile paraît avoir été demandée et obtenue. Nous traduirons encore cette série d’anathéniatismes, en faisant ol>server la très grande différence qui existe entre eux et ceux de 543.

rjvooi’j y. « vyj£i 0£za~£’vT£.

Publiés poiirla première fois par P. Lambeck, Comment tar. de augustUsuna Bibl. Cæsarea Viudobou.^ Liber VIII, p. 435-438, Vindobonæ 1679, ces canons ont été reproduits par diverses collections conciliaires ; voir Mansi, IX, p. 396-400. On les trouvera notamment chez Denzinger-Stahl, Enchin’dion, n. 187 à 201. Une collation très

soignée de l’unique manuscrit { Vindobonensis Cæsareus hist. 7) a été exécutée par G. Pfeilschitter à lintention de Fr. Diekamp, et publiée par celui-ci dans ses Origenislische Streilighcilen^ p. 90-96. Le texte de Lambeck (et de Denzinger) était parfois inintelligible ; celui de Dieljamp l’amende très heureusement Comme les Origeniitische Streiligkeilen sont accessibles à peu de lecteurs, on nous saura sans doute gré d’emprunter k cette publication les variantes essentielles à l’intelligence du texte.

— Can. 2, aÙTàç, ms. aùriv, Diekamp, « ÙTsJç. — Can. G, 6 : r,-riç, foiîTo’v, ms. ; Diekamp : / ! Jr, r61, -/iv-nTo-j. — Can. 7, â/£7 ; TKVTa tiy.zK /c-.cfj.ijtfj, ms., Dielcnmp : iUnsK-jra. tvjv ci ; jiaai /£v « //Év/jv. — Can. 14, aTant tutot » ??, ajouter : r.vj.

1. Si quelqu’un défend la fabuleuse préexistence des âmes et en conséquence la monstrueuse restauration ; qu’il soit anathème.

2. Si quelqu’un dit que tous les êtres raisonnables furent produits à l’état d’intelligences incorporelles et immatérielles, sans nombre et sans nom, ne faisant qu’un par l’identité d’essence, de puissance et d’énergie et par l’union au Dieu Verbe et la connaissance ; que s’étant dégoûtées de la contemplation divine, elles déchurent chacune à proportion de son inclination en bas, et revêtirent des corps plus ou moins subtils et recurent des noms, attendu qu il y a, entre les puissances supérieures, des dilîérences de noms et de corps ; que par suite les unes devinrent chérubins, les autres séraphins, les autres principautés, puissances, dominations, trônes et anges et autres ordres célestes, sous divers noms ; qu’il soit anathème.

3. Si quelqu’un dit que le soleil, la lune et les astres, appartenant à la même unité des êtres raisonnables, sont devenus ce qu’ils sont par déchéance ; qu’il soit anathème.

4. Si quelqu’un dit que les êtres raisonnables, s’étant refroidis dans la charité divine, furent revêtus de corps grossiers coaime les nôtres et reçurent le nom d’hommes ; que les plus pervertis furent revêtus de corps froids et ténébreux et sont appelés démons ou esprits du mal ; qu’il soit anathème.

5. Si quelqu’un dit que de la condition d’ange ou d’archange on peut déchoir à la condition d’âme, de la condition d’Ame à celle de démon ou d’homme, et que de celle d’homme on peut revenir à celle d’ange ou de démon, fiifin que chaque ordre céleste est composé en totalité d’êtres supérieurs ou d’êtres inférieurs, ou encore partie d’êtres supérieurs, partie d’êtres inférieurs ; qu’il soit anathème.

6. Si quelqu’un dit que la race des démons a une double origine, recrutée en partie d’àmes humaines et en partie d’esprits supérieurs déchus ; qu’une seule intelligence, de toute l’unité primitive des êtres raisonnables, persévéra immuablement dans l’amour et la contemplation de Dieu, devint Christ et Roi de tous les êtres raisonnables, s’éleva au-dessus de toute nature corporelle, du ciel, de la terre et de tous les intermédiaires ; qu’ainsi le monde, renfermant les éléments primordiaux de sa substance : sec, humide, chaud, froid, et l’exemplaire d’après lequel il fut formé, prit naissance ; que ce n’ « st point la très sainte et consubstantielle Trinité qui forma le monde et en est l’auteur ; mais que l’esprit ouvrier, préexistant au monde et lui donnant l’être, est l’auteur du monde ; qu’il soit anathème.

7. Si quelqu’un dit que le Christ, dont il est écrit qu’il existe en forme de Dieu, uni au Dieu Verbe avant tous les temps, s’est en ces derniers jours anéanti en se faisant homme, que le Christ ayant pris en pitié les éléments multiples déchus de la même unité, et voulant les réhabiliter, a passé par toutes leurs conditions, revêtu divers corps et pris divers noms, se faisant tout à tous, ange parmi les anges, puissance parmi les puissances, et ainsi paimi tous les autres ordres ou genres d’êtres raisonnables s’est transformé à la mesure de chacun ; qu’ensuite il a participé comme nous à la chair et au sang et s’est fait homme parmi les hommes ; au lieu de reconnaître que le Dieu Verbe s’est anéanti en se faisant homme : qu’il soit anathème.

8. Si quelqu’un conteste que le Dieu Verbe, consubstantiel nu Dieu Père et Saint Esprit, fait chair et homme, une des personnes de la Sainte Trinité, soit proprement Christ, et pas seulement au sens large à cause de l’intelligence qui s’est anéantie, qui est unie au Dieu Verbe et (seule) proprement appelée Christ : s’il prétend que