Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 3.djvu/622

Cette page n’a pas encore été corrigée

1231

ORIGENISME

1232

d’ailleurs leur remire la communion de l’Eglise, qne le patriarche d’Alexandrie leur avait ôtée. Mais il écrivit à Théophile pour obtenir leur réconciliation. Théophile, qui jalousait Chrj’sostome et avait vu de mauvais tpil son élévation sur le siè^’e de Constantinople, s’estima lésé par la protection donnée aux moines de son obédience. Par l’initiative de Théophile et d’Epiphane, et avec l’appui de l’irapéralriee Eudoxie, qui ne pardonnait pas à Chrysostome la liberté de son langage contre les mœurs de la cour, uuconciles’assembla à Coustantiuople. Chrysostome se vit attaqué comme fauteur d’origénisme. Il trouva d’ailleurs un appui dans un groupe nombreux d’évêques, entre lesquels on distinguait le vénérable Théotiine, évêque de Tomes. Epiphane repartit pour Chypre et mourut en arrivant au port. Mais les ennemis du patriarche de Constantinople s’assemblaient, sous la présidence de Théophile, dans un faubourg de Chalcédoine (Conciliabule du Chêne, aofit 403). Chrysostome y fut condamné. Exilé par l’empereur, puis rappelé l’année suivante pour quelques mois, il mourut au cours d’un nouvel exil (14 septembre 407).

Le point délicat, dans le jugement à porter sur le mouvement origéniste, fut toujours l’interprétation dti Tlep’t kpyfi-t. Cet ouvrage, qui s’intitulerait bien : n Principes de la science de la foi », composé par Origène probablement entre sa trente-cinquième et sa quarantième année, n’était pas destiné au grand jour. L’indiscrétion d’un ami, Ambroise, le livra au puJdic. Plus tard, dans une apologie personnelle adressée au pape Fabien, Origène devait se plaindre amèrement du procédé. Nous pouvons bien l’en croire ; le chrétien loyal qu’était Origène n’aurait pas, de sangfroid, lancé dans l’Eglise un écrit aussi téméraire, aussi troublant. D’après ses déclarations expresses, il convient d’y voir, non l’expression réfléchie de sa croyance chrétienne, mais une rêverie de métaphysique religieuse, où des points d’ailleurs fort graves sont soumis à un doute méthodique par le penseur qui cherche sa voie.

Malheureusement, pour juger le Periarchon, nous ne possédons qu’une traduction latine, due à la plume souvent arbitraire de Rufin, qui, dans sa préface, avoue s’être permis çà et là de corriger la doctrine d’Origêne sur la Trinité d’après la doctrine constante de ses autres écrits ; d’éclaircir d’autres passages, toujours d’après Origène lui-même. La traduction de Ruûn fut exécutée en 3g8, après son retour d’Orient. Son infidélité fut bientôt remarquée à Rome ; Pammaque et Oceanus prièrent saint Jérôme de donner une autre version, conforme à l’original. Celte version, faite en 401, a péri, sauf une cinquantaine de fragments qui permettent d’en apprécier le très grand mérite et de redresser, sur des points délicats, les entorses données au sens par Ruûn. Nous disposons, en outre, de deux grands fragments grecs, sauvés par saint Basile et saint Grégoire de Nazianze, qui les insérèrent dans leur Philocalie ; et de quelque trente menus fragments, conservés pour la plupart grâce aux anathèmes de Justinien. Ces reliques ont été, de nos jours, recueillies et mises en œuvre par une critique plus que jamais rigoureuse. Ed. P. Koetscuau, dans Origenes Werhe, t. V, Leipzig, rgiS.

Evagre du Pont et Didyme l’aveugle, morts avant la fin du ivt siècle, n’étaient pas entrés dans l’orbite de ces luttes. Nous retrouverons plus tard ces illustres disciples d’Origêne associés aux condamnations qui atteignirent la mémoire de leur maître.

Après la mort deRufln (410), rorigénismesubit une

^elipse. Néanmoins, peu après le commencement du

= siècle, on constate l’existence de foyers origénistes

en Espagne : Paul Orose les signsle à saint Augustin, qui écrit (415) : Ad Orosiiim contra Prise illianistas et Origenistas.

Quelques-unes des tendances de l’origénisme devaient se retrouver dans l’hérésie pélagienne. Au milieu du v » siècle, l’historien Socrate donne encore à Origène des éloges emphatiques. Antipater, évêque de Bostræn Arabie, compose contre Origène un livre destiné à une grande vogue ; mais il faut descendre jusqu’au vi » siècle pour assister à une renaissance de l’origénisme. Cette renaissance se produisit dans les monastères de Palestine.

Sur la controverse origéniste avant le concile de Nicée, voir : pour l’attaque, saint Méthode (éd. G. N. BOiWVETSCH, Methodius, Leipzig, 1917) ; — pour la défense, saint Pampuilk, martyr, Apvlogia pro Origène (Paraphile, martyr sous Dioclétien en 809, avait composé en prison une apolog’ie d’Origêne en cinq livres, auxquels Eusèlte de Césarée en ajouta un sixième ; seul, le premier livre s’est conservé, dans la traduction latine de Rufin, P. G., XVII) ; Edsùbe, //. E., l.

Sur l’âpre controverse qui éclata à la fin du iv’siècle, voir : pour l’attaque, saint Epiphane, // « er., lxiv, P. G., XLI, 1068-1200 ; plus, deux lettres conservées en latin, Epp., li et xcj du recueil de saint Jérôme ; saint Jérômb (d’abord favorable), Epp., xxxrn, lxi, Lxn, Lxm, LXXXI, lxxxiî, lxxxiv, lxxxv, lxxxvi, Lxxxviii, xcvii, xcix, cxxiv, cxxvii, cxxxni, P.L., XXII ; Contra loannem Hierosotymitanu, ad Pammachiiini ; Apologiæ adversiis libros Ru fi ni librilll, P.l.., XXIII ; Théophile d’Alexandrie, huit lettres (ou fragments de lettres) en latin, dans le recueil de saint Jérôme, lxxxvii, lxxxix, ic, xcii, xcvi, xcvrn, c, cxiii ; dans le mêmerecueil, lettre de pape Anastase, xcv ; lettres diverses, Lxvn, Lxxx, Lxxxiii, xciii, xciv ; saint Augustin, Epp., xL, 6, 9 (dans le recueil de saint Jérôme, lxvii) ; Ai Orosium contra Priscillianistas et Origenistas, P. L., XLII, 669-678 ; — pour la défense, Rufi.v, Apologiæ in S. liieronymum libri If ; Apologia’altera ad Anastasiiim papam, P.L., XXl ; en outre. Ad libros Origenis de Principiis præfatio, P. G., XI ; Epilogus in Apologeticum S. Pampkiti martrris, seu De adulteratione librorum Origenis, P. G’., XVII.

Peu après le commencement du vie siècle, le feu de l’origénisme couvait dans les monastères de Palestine soumis à l’obédience de saint Sabas. Il paraît avoir été allumé par un moine syrien nommé Etienne Bar Sudaili, qui avait dû séjourner dans les monastères d’Egypte, et, avec des éléments empruntés les uns à Origène, les autres à la Gnose, d’autres à la Kabbale, s’était composé une sorte de panthéisme niliiliste. E.Kpulsé d’Edesse à cause de sa doctrine, il trouva un refuge dans un monastère voisin de Jérusalem et y répandit quelques-unes de ses idées. En l’année 514, la Nouvelle Laure, près de Jérusalem, possédait un groupe origéniste, dominé par l’influence d’un certain Nonnos (-f- 547). Une autre figure marquante de la secte est Léonce de Byzance, vraisemblablement distinct de l’illustre théologien de même nom, son contemporain. Découverts et chassés par l’abbé Agapet, lesorigénistes de la Nouvelle Laure s’installèrent à proximité, épiant l’heure favorable pour reprendre pied dans le monastère. Ils y réussirent après la mort d’Agapel, en 620. Cependant le vénérable saint Sabas commençait à s’inquiéter de leurs agissements. En l’année 531, il se rendait à Constantinople, emmenant avec lui Léonce de Byzance. Celui-ci en profita pour faire profession ouverte d’origénisme. Sabas l’expulsa aussitôt, et dans une audience de l’empereur Justinien, saisi, dit-on, d’un mouvement prophétique, promit au prince l’honneur de déraciner les