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ORDINATIONS ANGLICANES

1188^

Paul Busb, évêque de fado de Bristol, consacrés tous deux selon l’ancien Pontifical sous le règne d"Henri VllI, perdirent les sièges qu’ils avaient usui’pés : le premier fut déposé « propter conjugium », le second sut démissionner à temps. Deux autres prélats sacrés à l’anglicane, Taylor et Harley, furent jugés et déposés, Taylor a propter nuUitatem consecrationis » et Harley a propter conjugium et hæresim et ut supra » (c’esi-SL-divepropternullitatem consecrationis). D’autres, comme Nicolas Heath, Cuthbert Tunstall, Thomas Thirlby, Georges Day, Antoine Kitchen.tous consacrés selon le Pontifical, donnèrent des marques de repentir, reçurent l’absolution de leiurs censures et furent soit canoniquement rétablis, soit nommés à d’autres sièges. Remarquons donc qu’aucun desévêques constitués par Pôle n’avait reçu le caractère épiscopal d’après le rite d’Edouard VI.

Elisabeth (1558-1608). Rétablissement du schisme. — La Reine Marie mourut le 17 novembre 1558, et le Cardinal Pôle deux jours après, ce qui laissait vacant le siège primatial de Cantorbéry. Le champ était ouvert aux transformations religieuses qui devaient suivre. Elisabeth, la nouvelle reine, n’attendit pas longtemps pour commencer à défaire tout l’ouvrage si heureusement entrepris par sa sœur et pour replonger tout son peuple dans le bourbier du schisme.

Ce fut principalement au moyen de deux Actes qu’Elisabeth imposa à ses sujets ce schisme qui contredisait tous leurs vœux. Le premier fut VActe de suprématie, qui abolissait en Angleterre toute juridiction étrangère — c’est-à-dire toute juridiction papale — et rétablissait la suprématie de la Couronne en matière ecclésiastique, telle que l’avait pour la première fois revendiquée Henri VIII en 1530. La seule différence était qu’Elisabeth, craignant le ridicule qu’il y aurait pom’une femme à porter le titre de « Chef de l’Eglise », y fit substituer celui de « Suprême Gouverneur » ; mais la distinction était purement verbale, le pouvoir et les droits attachés à cette nouvelle appellation restaient exactement les mêmes. Comme sous Henri VllI, comme sous Edouard VI, on rédigea un serment qui reconnaissait cette suprématie royale, et on commanda à tous de le prêter sous menace de peines graves. L’autre Acte voté par le premier Parlement d’Elisabeth fut celui De la Prière Commune et de l’Administration des SacremeJits, lequel abolissait et déclai-ait illégal l’usage des livres liturgiques catholiques et ordonnait de les remplacer par le deuxième Prayer Book d’Edouard VI — celui où les tendances protestantes s’accusaient le plus. On y avait seulement introduit un tout petit nombre de changements sans importance, dans le vain espoir de séduire ainsi plus facilement les partisans du Catholicisme qui seraient par ailleurs peu préparés au martyre. Au temps où cet Acte fut définitivement adopté, il avait pris le nom d’Acte d’Uniformité, son objet étant d’imposer sous des peines sévères l’uniformité dans les services de l’Eglise nationale. L’histoire du temps atteste la dure pression exercée par la Cour dans le vote de cet Acte (voir Dom Norbert Birt O. S. B., The Elizahelhan Beligious Seulement, chap. 11) et tout spécialement l’opposition décidée qu’y firent tout l’épiscopat et une très grande partie du clergé — le clergé dans son Assemblée de convocation, l’épiscopat dans son Assemblée de convocalion et à la Chambre des Lords. L’évêque Quadra, ambassadeur du Roi d’Espagne auprès d’Elisabeth et observateur attentif des idées et des coutumes anglaises, rapporta même à son maître qu’au dire des personnes instruites en

ces matières, les coutumes du Rojaume interdisaient à ces statuts d’avoir force de loi, parce qu’ils n’avaient été appujés par aucune portion du corps ecclésiastique, ni en convocation ni à la chambre des Lords (ibid., pp. 91, 96). Mais l’Angleterre vivait alors sous un régime despotique, non point peut-être d’après la lettre de sa constitution, mais en fait et vu l’impuissance où se trouvait le peuple de résister à l’arbitraire de ses souverains, dès que ceux-ci avaient assez d’énergie pour recourir à la force. Aussitôt l’Acte de Suprématie voté, on commença par demander à tous les évêques de prêter le serment : tous refusèrent, sauf Kitchen de Llandaff qui, grâce à une réponse évasive, parvint à conserver son siège pendant le peu d’années qui lui restaient à vivre, mais qui ne consentit jamais à exercer son ministère épiscopal, même sur l’injonction formelle de la Couronne. Quantité de prêtres refusèrent également le serment quand on le leur demanda ; ils perdirent leurs bénéfices et subirent diverses vexations.

Installation d’une nouvelle lignée d’évêques et d’un nouveau clergé. — Le Gouvernement se vojait donc dans la nécessité de créer une nouvelle hiérarchie qui serait prête à servir ses desseins. Un ancien chapelain de la mère de la Reine fut désigné — bien contre son gré, semble-t-il — pour le siège de Cantorbéry. Dociles au Congé d’élire voya, le Doyen et le Chapitre de cette église le choisirent pour archevêque le 1"^ août iSSg. Jusque-là tout allait bien ; mais une difficulté s’éleva aussitôt louchant sa consécration : l’Acte de Parlement qui, en rompant avec le Saint-Siège, avait institué les nouveaux règlements ecclésiastiques (2J Henri VIII c. 8), prescrivait que, pour la consécration d’un évêque, le mandat royal lut adressé à un archevêque et à deux évêques du Royaume, chargés le premier d’officier et les deux autres de lui servir d’assistants ; et s’il s’agissait de consacrer un archevêque et que nul autre archevêque ne pût être requis, le mandat devait être adressé à quatre évêques du Royaume, lesquels devraient conduire la cérémonie. Mais dans le cas présent, tous les évêques du Royaume refusant de prendre part à cette solennité schismatique, le Gouvernement était bien en peine de trouver des prélats dont la docilité voulût bien le dispenser d’une infraction au statut légal. Car en dehors des évêques catholiques qu’on était en train de déposer, il n’existait pas « quatre évoques du Royaume » — c’est-à-dire quatre évêques en possession de sièges épiscopaux dans le Royaume. Enfin de compte, on envoya le mandat à Kitchen, Barlow, Scory, Coverdale et Hodgkins, qui tous, sauf le premier, semblaient disposés à obéir. Mais Barlow, Scory et Coverdale, s’ils avaient précédemment occupé les sièges de Bath et Wells, de Ghichester et d’Exeter, en avaient été privés sous le règne de Marie. Et cette destitution était, en droit civil, tout aussi valide que celle deBonner, de Tunstall et des autres. Quant à Hodgkins, il n’avait jamais été qu’évéque auxiliaire sans juridiction en Angleterre. Que, de son point de vue légal, le Gouvernement ait trouvé là une difficulté, c’est ce dont témoigne tine note du Secrétaire d’Etat Lord Burleigli, écrite en marge d’un projet de la cérémonie de consécration conservé au State Paper Office, cf. col. 1210. Autre difficulté encore : il semble que !e rite d’ordination du deuxième Prarer Book d’Edouard VI n’avait pas encore été remis en usage par l’autorité du Parlement, comme l’aurait exigé r.A.cte (25 Henri VIII) que l’on invoquait. Consultés sur ce double cas, les juristes de la Couronne conseillèrent