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ORDINATIONS ANGLICANES

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catholique dans le maintien de ses usages liturgiques et sacramentaires… Ce Iraditionnalisme des autorités catholiques, voici comment il s’exprime dans la lettre qu’en 416 saint Innocbnt I" écrivait à Decentius d’Eugubium.

Si les piètres du Seigneur voulaient garder dans leur intégrité les ordonnances [institutaj ecclésiastiques, telles qu’elles ont été transmises par les bienheureux Apôtres, il n’y aurait nulle diversité dans les ordres et les consécrations mêmes. Mais parce que, au lieu de s’en tenir ù ce qui nous n été transmis, chacun veut prendre pour règle son goût personnel, on voit dans les divers lieux ou dans les diverses églises des usages ou des rites divers ; et le peuple s’en scandalise, car, ne sachant pas que les traditions anciennes ont été coriompues parla présomption des hommes, il se dit, ou bien que les églises ne sont point d’accord entre elles, ou bien que les.Apôtres et les hommes apostoliques ont établi des institutions contraires les unes aux autres. En effet, qui donc ignore ou méconnaît que les traditions données à l’Eglise romaine par le prince des.pôtres Pierre et gardées jusqu’ici ce jour doivent être observées par tous, sans rien y surajouter, sans rien y introduire qui ne s’appuie point sur l’autorité, ou qui se recommande d’un autre exemple ? D’autant plus que très manifestement nul n’a fondé d'églises, dans toute l’Italie, en Gaule, en Espagne, en Afrique, en Sicile et dans les iles situées entre ces pays, hormis ceux qui ont été établis prêtres par le vénérable apôtre Pierre ou ses successeurs. Que ces gens cherchent plutôt dans les documents s’ils y trouvent ou lisent que ces provinces aient été évangélisées par un autre Apôtre. Que s’ils ne Vv lisent pas, ne l’y trouvent nulle part, il faut qu’ils se conforment à ce qu’observe cette Eglise romaine dont ils ont indubitablement tiré leur origine, de crainte qu’en s’attachant à des assertions étran^rèi-es. ils ne paraissent délaisser la source même de leurs institutions. (Migne, Z'. i., XX, 551-552)

Voilà, posé par un pape écrivant au début du cinquième siècle ce principe que nul changement ne doit se faire sans la sanction de l’autorité, dans les usages que, dès leurs premiers commencements, toutes les Eglises d’Occident ont reçus de Rome. Innocent I^ ne parle pas spécialement du changement des rites d’ordination, — encore queces mots : a dans les ordres et les consécrations » paraissent bien les inclure ; — mais il spécilie plusieurs détails de beaucoup moindre importance, tels que le moment exact où la paix doit se donnera la Messe, la question de savoir si, en l’absence de l'évcque, l’ExtrêmeOnclion doit être administrée par un prêtre, etc. Xous pouvons donc juger par ses paroles de ce qu’on aurait pensé au début du cinquième siècle d’une église locale qui aurait prétendu abandonner purement et simplement les formes d’ordre de l’Eglise d’Occident, pour leur substituer, comme nous verrons que cela s’est fait, l'élucubration toute fraîche de quelques personnages inconnus et dénués de toute autorité ecclésiastique.

Mais sur ce point on peut pousser plus avant. On sait que l’ordinal occidental s’est accru dans le cours des âges de plusieurs cérémonies additionnelles fort imposantes. C’est ainsi qu'à une époque très reculée s’introduisit la coutume de tenir le livre des Evangiles sur les épaules de celui qui devait être élevé à l'épiscopat ; plus tard vint la coutume d’oindre la tète de ceux qu’on consacrait évêques, et les mains de ceux qu’on ordonnait prêtres ; plus tard encore, celle de remettre aux nouveaux diacres le livre des Evangiles, aux nouveaux prêtres le calice plein de vin et la patène avec l’hostie, aux nouveaux évêques l’annean et la crosse, et d’imposer à tous les vêlements de leurs ordres respectifs. Comme on pouvait s’y attendre, les théologiens ont discuté et bâti des théories pour savoir si quelques-unes des paroles ou des cérémonies ainsi ajoutées avaient pu

devenir essentielles et lesquelles. Mais ces questions 1 théoriques n’ont jamais causé aucune incertitude ' pratique sur la validité des ordinations accomplies, en raison de la règle pleine de sagesse qu’a toujours suivie l’Eglise catholique, et que Morin expose en ces termes :

Nous croyons nécessaire pour le lecteur de savoir que le Pontifical romain modei’ne contient tout ce qui se trouvait dans les Pontificaux antérieurs, mais que les Pontificaux antérieurs ne contiennent pas tout ce qui se trouve dans le Pontifical romain moderne. Car divers motifs de piété et de religion ont fait introduire dans les Pontificaux récents certaines additions qui manquent dans toutes les éditions anciennes, et plus les Pontificaux sont de date tardive, plus aussi ces insertions se multiplient… Mais, fait admirable et impressionnant, dans tous ces livres, qu ils soient anciens, plus modernes ou contemporains, il n’y a jamais qu’une seule forme d’ordination, tant pour les paroles que pour les cérémonies, et les livres postérieurs n’omettent rien de ce qui se rencontrait dans les précédents. Ainsi la moderne forme d’ordination ne dillère ni par les mots ni par les rites de celle usitée par les anciens Pères. (MoitiN, De Sacris Ordinaiionibus, P. III, p. 10)

Type commun à toutes les formes d’ordination.

— Ce serait nous égarer que d’esquisser ici l’histoire de l'évolution des rites sacramentaires dans l’Eglise ; mais pour qu’on puisse juger de la forme anglicane, qu’on nous permette de citer comme terme de comparaison la forme de l’ordination sacerdotale telle qu elle a existé dans l’Ordinal catholique depuis le xvi= siècle tout au moins, et telle qu’elle se trouve, conçue en termes identiques, dans les sacramentaires Gélasien, Léonin et Grégorien.

Invliatoire. Oremus, dilectissimi, Deum Patrem Omnipotentem ut super hos famulos suos quos ad presbyterii munus elegit cælestia dona multiplicet, quibus quod ejus dignatione suscipiunt ejus exsequantur auxilio.

LitdJiies.

Prières. Exaudi nos, Dcus salutaris noster, et super hos famulos tuos benediclionem Sancti Spiritus et gratiæ sacerdotalis effunde virtutem, ut quos tuæ pielatis aspectibus offerimus consecrandos perpétua muneris tu largitate prosequaris.

Préface. Vere dignum… Deus honorum omnium et omnium dignitatum quæ tibi militant distrihutor, per quem proficiunt universa, per quem cuncta iirmantur. amplilicatis semper in melius naturæ rationabilis incrementis per ordinem congTua ratione dispositum. Unde sacerdotales gradus et officia levilarum sacramentis mysticis instituta creverunt ; ut cum ponlifices summos regendis populis præfecisses, ad eorum socîetatis et operis adjumentum sequentis ordinis viros et secundæ dignitatis eligeres. Sic in eremo per aeptuaginta virorum prudentum mentes Moysi spiritum propagasti ; quibus ille adjutoribus usus in populo innumerabiles multitudines facile gubernavit. Sic in Eleazaro et Ithamar filiis Aaron paternæ plenitudinis abundantiam transfudisti, ut ad salutares hoslias et frequentioris ofEcii sacramenta sufficeret meritum sacerdotum.

Hac proïidentia. Domine, Apostolis Filii tui doctore » fidei comités addidisti, quibus illi orbem totum secundîs prædicatoribus impleverunt. Quapropterinfirmitati quoque nostrae, Domine, quæsumus, hæc adjumenla lar- 5 gire, qui quanto magis fragîliorea sumus, tanto his plu- t ribus indigemus. Da, quæsumus, Pater, in hos famulos tuos præsbvterii dignitatem ; innova in visceribus eorum spiritum sanctitatis ; acceptum a te Deus secundi meriti munus obtineant, censuramque morum exemple suae conversationis insinuent. Sint probi cooperatores ordinis nostri ; eluceat in eis totius forma justitiae, ut bonam rationem dispensationis sibi creditæ reddituri, aeternae beatiludinis præmia consequantur.

Comme nousl’avons noté, ce qui est essentiel dans cette préface, c’est la désignation du degré ou di-