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ORDINATIONS ANGLICANES

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que trois ; mais pour le reste, le fond Je leur enseignement est catholique, si ce n’est qu’ils gardent sur le SacrilJce de la Messe un silence signilicatif, qu’ils rejettent le Siège apostolique, et que, tout en permettant les prières pour les morts, l’invocation des Saints et l’emploi des images, ils font quelques réserves prudentes destinées à couvrir la destruction générale des châsses par ordre du Roi et le transfert de leurs trésors à sa cassette. Ainsi, bien que surces trois questions ces documents puissent, du point de vue catholique, prêter liane à la critique, dans leur enseml)le ils témoignent cependant que, pour Henri VIII, les croyances religieuses et le culte tradilionneldevaient resterles mêmes qu’avant, excepté bien entendu ce qu’exigeait l’état de schisme résultant de la rupture avec Rome. Et, conformément à ces nouveaux règlements, on continua à conférer les Saints Ordressuivant l’ancien riteduPontiiical. Si d’autres changements n’étaient survenus dans la suite, le proljlème des Ordinations anglicanes ne se serait donc jamais posé.

Nouveaux changements sous Edouard VI (1547-1553). —.Mais la mort d’Henri VIll, arrivée le 37 janvier 1647, en faisant monter sur le trône un enfant de neuf ans, Edouard VI, ouvrait une période nouvelle. Toute l’autorité de l’Etat tomba aux mains d’Edouard Sej’mour, oncle maternel du nouveau Roi, lequel se fit bientôt créer duc de Somerset. Cranmer, l’archevêque de Cantorbéry, tigurait le second sur la liste du Conseil de Régence. Or Cranmer et Somerset étaient tous deux, — et depuis quelque temps déjà,

— en étroite alliance avec le parti protestant d’Allemagne. Le jeune Roi, bien qu’incapable, vu son âge, de se former un jugement personnel sur les questions religieuses, avait été élevé par des gouverneurs protestants, portait en sol la persuasion que sa mission serait de délivrer son peu[ile des erreurs du Papisme, et possédait, pour le confirmer dans ce dessein, toute l’opiniâtreté d’un ïudor. OutreSomersetetCranmer, il y avait d’autres ræraljres dans le Conseil, mais

I leurs pouvoirs étaient très limités, à moins qu’ils ne consentissent à se faire les instruments de Somerset et de Cranmer, — et c’est bien là ce qu’ils firent pour la plupart. Ainsi toutes les circonstances annonçaient qu’on allait abolir radicalement jusqu’à ces restes de Papisme » qu’Henri avait voulu conserver. On ne tarda pas longtemps à inaugurer ce travail de destruction. A la cérémonie du couronnement,

— accomplie elle-même selon le rite du Pontifical, — Cranmer adressa la parole au jeune souverain comme au vice-régent de Dieu, et l’invita à se considérer comme un nouveau Josias, suscité par le ciel pour réformer le culte divin, détruire l’idolâtrie, enlever les images des églises, et n’avoir plus rien de commun avec l’évêque de Rome. Les évêques furent requis de se démettre de leurs sièges, pour en reprendre possession par lettres patentes du nouveau Roi, afin d’exprimer par là plus clairement qtie toute leur autorité spirituelle leur venait de l’autorité royale. Pour préparer, dans la mesure du possible, l’opinion publique aux changements qui devaient suivre, un Premier Lit’re d’Homélies fut composé, en grande partie par Cranmer en personne, et, pour le reste même, soumis à son approbation. Ce livre était une attaque dissimulée contre la Necessary Doctrine and Institution of any Christian Man, et Strype (Meniorials, Bk. 2, ch. m) nous le présente comme ayant pour but n d’exposer clairement les bases et

« les fondements de la vraie religion, et de délivrer

le peuple des erreurs et des superstitions communément répandues ». L’exercice de la prédication

! lut interdit pendant un certain temps, sauf à quel

ques personnages patentés en qui on pouvait avoir confiance ; les autres devraient remplacer le sermon du dimanche par la lecture de ces Homélies. On publia aussi une traduction des Paraphrases d’Erasme, qui, sous couleur de reprendre les reproches du Nouveau Testament contre les prêtres juifs et leur direction du culte au temple, ne sont au fond que la satire voilée des pratiques de dévotion catholiques. On donna ordre d’acheter dans toutes les paroisses un exemplaire de ces Paraphrases et de le placer dans l’église, attaché par une chaîne, en un lieu où tous pussent venir le lire. Pour obtenir plus siirement l’obéissance à toutes ces mesures, on commença dans l’automne de 1547 une visite du Royaume par autorité royale. Strype (ibid., p. 209) donne une liste des Visiteurs désignés, et il suffit de la parcourir pour reconnaître que, sauf de rares exceptions, c’étaient tous des hommes aux tendances protestantes les plus accusées. Tout le temps qu’ils étaient à l’œuvre dans un diocèse, l’autorité de l’évêque était suspendue ; et les membres du clergé, à commencer par l’évêque lui-même, étaient invités à passer devant eux un examen sur leur vie et leur doctrine. Les examinateurs exigeaient en particulier une parfaite connaissance des Homélies et des Paraphrases, ainsi que — cela va sans dire — l’adhésion aux idées qui y étaient contenues. Ils étaient munis en outre d’une série d’Injonctions royales ordonnant la suppression de nombreux usages catholiques, comme ceux de porter des cierges le jour de la Purification, de recevoir les cendres le Mercredi des Cendres et de « ramper jusqu’à la croix » le Vendredi saint. En vertu de ces Injonctions, les Visiteurs devaient aussi enlever toutes les images et peintures de « faux miracles » ; et comme il appartenait à chacun de juger quels miracles étaient faux et lesquels étaient authentiques, les Visiteurs prirent le parti qui leur assurait le concours de la populace protestante, et qui consistait à détruire toutes les images et peintures sans aucune distinction. Il en résulta un carnage de vitraux, et un badigeonnage général des murs dont les fresques avaient charmé jusque-là le regard des fidèles. Londres fut tout spécialement éprouvé en novembre iSSy, quand les Visiteurs vinrent à Saint-Paul. Cette cathédrale formait, au dire du Chanoine Dixon, n un temple qui

« était une collection de temples, tant elle était vaste, 
« et si innombrables étaient les chapelles, les autels, 

a les statues, les peintures sacrées et les vitraux

« qu’elle contenait. » k Sur cet édifice rempli de précieux

trésors, continue-t-il, on lâcha une armée de

« vandales et de pillards, conduits par les Visiteurs
« eux-mêmes ; en peu de jours tout n’était plus que
« désolation et que ruine. Et l’exemple ainsi donné
« dans la Cathédrale fut promptement suivi dans

(’toutes les églises de la grande cité. »

Innovations liturgiques. — La décision qui vint ensuite, la plus importante qu’aient prise ces nouveaux réformateurs, portait sur la transformation de la liturgie ; et notre présente recherche exige que nous accordions à ce i^oinl une attention toute spéciale. Un Bill « sur le Sacrement » fut discuté et adopté au Parlement, le 17 décembre 1547. Il statue que « ledit très saint Sacrement sera communément

« donné et administré au peuple d’Angleterre, d’Irlande

et des autres domaines du Roi, sous les deux

« espèces du pain et du viii, à moins que la nécessite

ne requière autrement.1 (ll/id., p. 224). On ne proposa au Parlement aucun texte déterminé réglant le rite nouveau qu’il faudrait suivre pour se conformer à ce décret : on lui demanda seulement d’ordonner la rédaction d’un cérémonial convenable.