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OCCULTISME

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qu’avec prudence et conformément aux rôgles de la nature en s’entouranl d’objets propres à éprouver les poisons et de chimistes aptes à en discerner les priipriétés.

Dans des expériences modernes et retentissantes, le colonel dk Rochas a rajeuni la queslion de r.rivoùtemenl (^.c^e/ i"r. de la sensibilité, cli. ni-iv). Mais il y a loin des résultats de ces expériences (cC. I’ai’US, Peut-on envoûter, p. 8) praticiiiées sur un sujet averti et voisin, à un enoiilenient lointain : de ce dernier phénomène, Rochas (Exléi. sensib, , p. y-i-gS) déclare ne connailre qu’un seul cas, non constaté par lui ! La question reste en suspens (cf. alihé GoNDK, Jteiue de PInl., igi^, p. 617).

^ /() Prétendue création d’homu/icules. — Une des (iiftcntions les plus osées de l’occultisme est la créalion des hoinuncules, hien à leur place dans le roman déjà cité d’Anatole France, mais que beaucoup s’imaginent avoir existé réellement. Paracelse enseignait que l’homnie peut à son g^ré créer en son laboratoire ces hommes ou femmes artiliciels… par la concentration d’une quantité déterminée de semence humaine ». Cette immonde et monstrvieuse lêverie

» apparaît aujourd’hui ce qu’elle est : une impossibilité ;

' la découverte des spermatozoïdes aurait appris à Paracelse, si l’occultisme l’avait laissé croire qu’il gnorail quelque chose, l’inaptitude radicale de la si’inence humaine » à devenir tin homme. Il n’y a |i ; is, dans la nature, de parthénogenèse, même virile ; t le tissu génital de l’homme n’est pas plus de la ^(Miience humaine que l’ovule seul. Il est regrettable [uedcs « vulgarisateurs « comme ¥iGViEn{/.'. 41 chimie, p. 3^-35 et 78) et des publicistes (comme Finot, /es Uumuncules d’hier et d’après-demain, p. bo6 sq. delà Revue des Jleviies, iSyj) aient cru devoir parler de

; elte chimère, — le premier il est vrai pour mettre

en lumière le fiasco retentissant de Bossi, i|ue son homunculus « avait quitté » quand le nonce du pape lemanda à le voir, et l'échec piteux de I’aracc ; Ise lui-même, réduit à donner le nom d’homvncules aux Doupées des envoùteurs, — le second pour troubler

; ertains lecteurs naifs par des équivoques |ierlideset

des insinuations absolument anliscientifiques. Quel

I charme étrange » pourraient avoir ces a créatures « , lont la description aurait « égaré la raison » de nos lieux (p.50' ;)? Comment peut on dire que leur exis ; ence est hors de doute, sur la foi de Kiesewetter, et iflirmer en même temps que ce sont des elfes (p. ôi 1)? Comment sont-ce des elfes, s’ils mordent ? Et comment niordenl-ils, s’ils sont des automates (p. 511>12)? Cet article « tendancieux » veut seulement aous faire croire que les savants sont à la veille de

créer la vie ». Mais il est un peu tôt pour se

II mander ce « que vaudront ces organismes vivants le es par l’homme en dehors de la femme » 1 L’occulisme, en pareille matière, ne saurait réussir que les frau’les grotesques (cf. Figuikr, o/}. cit., p. 82). Vlême au temps de Paracel< ! e, oii pouvait s’en douter, ar WiKR (op. cit., pp. 415-^l7, vol. 1) a repoussé

; omme des u menteries 3 la prétendue parthénogéticse (le certains hommes ou animaux fabuleux Même

m temps de Paracelse, on a surpris en flagrant délit l’imposlure de prétendus créateurs non pas même i liommes, mais d’yeux humains (Gilbert, AutreI / « et aujourd’hui, p. 64).

S : 5) Zoanthropie. — Les occultistes ont cru trouler une justification de la théorie du corps astral Jans une série de phénomènes plus ou moins conslalés, plus ou moins fabuleux, auxquels on a donné le nom générique de faits de zoanthropie. Certains Ibommes auraient, spontanément ou par sorcellerie, e i)ouvoir d’apparailie à distance sous les traits l’un animal, d’un loup par exemple (lycanlbropie) :

de là la croyance aux loups-garous. Le roman d’Apulée, V Ane d’or, viserait une apparition du même genre. Les occiillrsles expliquent le fait par une extériorisation du corps fluidiqueou astral, ou aérosome, qui change de forme en s'évadant du corps physique. Ils allégueraient même qu’on a photographié ceeorps astral (Paplis, H(nons invisibles, p. -i-j). Maison ne l’ajamaispliotographié à grande distance, ni sous les traits inhumains d’un àne ou d’un loup. Et ces « sorties en astral » (Uocrgbat, p. 84-85) s’expliquent beaucoup plus simplement par un délire de dépersonnalisation provoqué par des poisons doués de cet effet habituel (bellador.e, haschisch ; Rochas, p. 80 sq.). Une fois ce délire obtenu ou provoqué parle sorciersur lui-même, celui-ci le fait partager à d’autres, grisés du même principe, et chacun le voit àne ou loup. Les faits cités par BouRGUAT(p.107) et qui lui sont personnels semblent donner a croire que des jiersoniiages ont été frappés à distance du lieu où ils se trouvaient, ou sous une forme méconnaissable au lieu où ils se trou aient réellement. Mais nous ne savons laquelle de ces deux alternatives l’auteur entend soutenir, ce qui jette une certaine indécision sur sa thèse. Les a faits » cités par Gi ; lin (Légendes de sorcellerie, Ligugé, 18g8) sont aussi peu éloquents que des légendes. L’auteur dit lui-même. « On aura rcurarqué dans la trame de ces récits légendaires une certaine incohérence. C’est d’ailleurs le propre du merveilleux d'échapper à toute logique. » Nous ne savons pas, dans ces conditions, ce qu’on a voulu nous prouver. Car ce n’estpas le propre d’une preuve d'êlre illogique.

D) Prétendue commdnication avec lks morts. — La question sera étudiée à l’article Spiuitisme.

III. Coûclusicn. — De cette longue étude on peut dégager, croyons-nous, que la science n’a rien à gagner à l’occultisme. Sans doute la vraie doctrine contient une « manne cachée » (/mit., l, i), mais dans l’ordre surnaturel. Dans l’ordre naturel, la vérité est faite pour le grand jour, l’Evangile ne l’a pasdémei ; li (Malth., V, l5). L’occultisme favorise le mensonge, l'équivoque et le trouble. Lancelin lui-même l’a avoué : le sorcier, dit-il, n’a qu’un but, augmenter son ascendant. Il Delà l’obscurité voulue de ses formules, qui lui permet de s’enorgueillir de toute réussite, et de rejeter tout échec sur la façon défectueuse dont on les a mises en pratique..> (O. c, p. 81) Un autre méfait de l’occultisme est de faire douter du librearbitre : fée vient de fatu (MmeGoYAU FiiLix-F’AURS, /.(/ vie et la mort des fées, p. b-j). Mais le grand danger de l’occultisme, son forfait, est de dénaturer le transcendant, de le voiler sous des énergies expérimentales, maniables, séduisantes, et de faire ainsi le jeu (lu démon. Tout se passe, dans l’occultisme, comme si une intelligence surhumaine, mall’aisanle, analogue à elle-même dans tous les temps et lieux, utilisait notre curiosité en vue d’obtenir de n(ms, à la faveur de satisfactions précaires, un hommage et un culte. Assemblées mystérieuses, doctrines invariables, rits secrètement transmis, tout dans l’occultisme a ras|)ect d’une religion à rebours, excepté ce qu’on en voit du dehors, appât subtil et en apparence inofl’ensif ou aimable d’une curiosité tant>'>t cupide, tantôt impure, toujours orgtieilleuse et troublante. Il n’en faut pas plus pour expliquer l’attitude de l’Eglise vis-à-vis de l’occultisme, et il est téméraire et injuste d’alléguer qu’elle le rappelle ou l’imite en quoi que ce soit. Infécond pour la science, l’occultisme est dangereux pour la foi comme pour la raison. Son espoir désespérant des réincarnations ruine la dignité comme la charité. « L’Eglise catholique promet moius et donne plus. » (Roohe)