Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 3.djvu/573

Cette page n’a pas encore été corrigée

1133

OCCULTISME

1134

hiviaisemblances. Si l’on juge l’arbre à ses fruils, le liilan lie l’alchimie n’est pas à l’bonneur de l’occultisme. On veut nous faiie admettre qu’elle a devancé le présentât même l’avenir en pressentant que les métaux ne sont pas des corps simples et que les corps no sont pas intransmutables entre eux. Mais les nouvelles conceptions de la science, nées de l’expérience et de l’induction à la claire lumière des laboratoires, peuvent et doivent èlie portées au compte des « sciences ouvertes » et du progrès normal (le riiumanilé. Si BaissEr, professeur honoraire de matliématiques au lycée Saint-Louis, est arrivé à se représenter les modalités les plus ca, liées do l'énergie universelle, c’est en partant de .' pliénoniènes généraux sur lesquels tous les savants sont d’accord » (p. 107 de /a Matière et les For-V. S- rfe la Nature, 191 1). Si lo V)' Lcbon est arrivéà modilier la notion que nous nous formons de la matière, c’est à la suite d’expériences dont il livre la progression (l.'Efol. de la 3Jalière, lyog). Si M.Peri ; rx, professeur en Sorbonne et auteur du Traité de C/nmie [ihysitjue (Paris ujoli), est arrivé à des résultats sérieux sur le mystère en apparence insondable de la constitution des atomes, et s’il a pu calcu N

1er au moins approximativement le rapport —^,

(Les /l/omes, pp. 289-291), c’est par des voies dont la convergence démontre la sécurité, soit qu’il parte de l'équation de van dkk Waals sur la viscosité des gaz, ou du calcul du mouvement brownien, ou des observations sur le « spectre du corps noir » : toujours il fait de « l’invisible simple » avec du « visible compliqué » (p. 10). Une telle méthode est le contraire de l’occultisme.

Ce n’est pas par l’occultisme, mais par une voie lente, laborieuse et sûre, que Bekthei, ot a entrevu la « matière unique fondamentale » (Orig, de VAlcIi., p. 315-318). Ce que 1 alchimie était en mesure de procurer à l’humanité du Moyen Age, c'étaient des rapports imaginaires entre le nombre des astres (alors connus !) et les métaux qui devaient être sept,

— entre les signes du zodiaque et tes pierres (stones) de deuxième classe, qui devaient être douze comme eux (//. E. Siapleton, Alchemical équipement in the elei’enlli Century, in Memoirs of asiatic Soc. of Ileni ; al. Calcutta, 1906, p. 53). L’arbitraire le dispute ici à l’ignorance : qui a inspiré le choix de ces douze « pierres » ? qui a restreint le nombre des planètes aux limites de l’expérience contingente d’une époque'.'

Malgré les efl’orts de quelques modernes pour réhabiliter l’alchimie (cf. Schultzk, Daslelzte Aiifflæcken der Alcheniie in Deulschlnnd, Leipzig, 1897, et chez nous Figuibu, L’Alchimie et les Alchimistes ; p. 289 et sq., voir l'éloge de la « confrérie alchimique médicale, Ihéosophique, cabalistique, et même thaumaturgique » des Rose-Croix), l’alchimie est suspecte par ses intentions sacrilèges et ses résultats frauduleux. Par ses intentions sacrilèges, car, d’après Figuier lui-même, Paracelsb et d’autres

« recommandent d’avoir recours à diverses influences

surnaturelles pour parvenir à la découverte de la pierre philosophalc » (p. 28), et, d’après Nicolas Flamel, cette pierre, prophétiquement désignée par l’Apocalypse ( !) ôterait la racine du péché (p. 21-32). Nouveau baptême plus puissant puisque, non content de procurer la grâce, il restaurerait la naturel Mais on peut juger de cette doctrine par la disproportion qui existe, dans l’ordre même de la matière, entre les résultats et les promesses d’une science uniquement tendue vers la production de

; or, el qui par conséquent n’a de la science (essenlicUement

générale, objective et désintéressée), que

le nom honlcnscrænt usurpé. Cette science a ses victimes : le malheureux A. Poisson (auteur do V Initiation alchimique, 1900) y ruina sa fortune, ses ambitions, sa santé, sa vie, mais ne trouva pas la pierre philosophale, car son préfacier tout ému, le D Marc Haven, ne le loue que de son u abnégation ». On peut recueillir dans ses lettres posthitræs le conseil platonique de « retirer de l’atmosphère astrale n 1' » arcliée » de Paracelse, le » grand serpent » des cabalisles (p. 12) ; on peut j>rnclamer que 1' « hypothèse » des alchimistes est rationnelle ou « vraisemblable « (Uklobkl, Cours d' Alchimie rationnelle, p. 9) et décorer la pierre philosophale du titre de « ferment » propre à « mûrir tous les métaux » (id., p. io3-ioii). Mais l’essai de créer une paillette d’or n’a pas encore réussi. Les Chinois (F. DR MÉLY, Alchimie chez les Chinois, Journal asiatique, 18y5)ont probablement réalisé la galvanoplastie empiriquement « sans en comprendre la technique », et ont obtenu peut-être une dorure superficielle, mais cela n’a rien d’occulte, pas plus que le lac de Fo-Kien (ibidem, p. 22 du tirage à p.) dont l’eau verte changele ferea cuivre. Calignla avait essayé de faire de l’or, et pratiquait « cet art » ^ enu u de l’Egypte >< (Mauquardt, Culte chez les Homains, p. 135, note 2), mais Pline qui signale le fait (W. A'., XXXIII, Lxxix, cité par Marquardt)ne dit pas qu’on ait réussi. Même échec, ruineux pour la bourse ou pour la vie des expérimentateurs, dans tous les cas laborieusement exhumés par des archivistes érudits (cf. L. JiiNY, Un méfait de l’Alch. à Bourges au xvi= siècle, igoS ; — Souhesme, Un épisode de l’IIisl. de l’Alch. en Lorraine, 1899 ; — Bull, de la Soc. de géogr. de Bochefort, 1894. — Ces deux derniers exemples témoignent de la minutie des expériences, exécutéesparordre du duc de Lorraine et du roi de France el contrôlées par des experts). — De nos jours encore, M. JoLLivKT-CASTELOT( ; Verc » re <£e France, 1896) prétendit que le photographe Tiffereau avait fait de l’or (p. 76)… Il y avait réussi, dit-on… en Amérique, « avec du cuivre, de l’argent, el de l’ammoniaque >> (Bosc, La Transmutation des métaux, p. iS) ; mais « il ne put jamais reproduire sous notre climat les réactions qui avaient eu lieu sous l’action du soleil brûlant du Mexique I » (Bosc, ibidem.) Bosc cite aussi les expériences d’Emræns qui aurait retiré de l’or d’un alliage dénommé par lui argentaurum ; il tombe sous le sens que, si l’argen-Laurum était une inépuisable raine d’or, le cours du précieux métal aurait baissé en Amérique, et même chez nous.

§2) Vi>.'ante. — Si l’on juge l’arbre à ses fruits, la médecine spagyrique des occultistes n’est guère plus féconde que l’alcliimie. Elle est incompréhensible dans ses dogmes (la trinité soufre-sel-mercure de Paracelse, Traité des trois Essences premières, p. 9, éd. Grillot de Givry, — vise des objets que ces termes ne désignent plus) ; démentie dans ses méthodes par la science moderne (ainsi la Spectroscopie a dénié aux astres leur spécificité arbitraire, leur teneur exclusive en tel métal réputé curateur, cf. Paracelse, ^rc/u’rfo.re magique ; — ainsi encore les expériences de Pasteur ont condamné Lucas, auteur de la Méd. nouvelle occultiste, annonçant en 1854 qu’il allait « réaliser le globule, la cellulation, etc. 11, p. igâ) ; dangereuse enfin dans ses préjugés qui la feraient se contenter dos radiationsde l’homme, < influx nerveux quintessencié n (Mavkbic, Essai synthétique sur la méd. astrol. et spagyr., Vigot, p. 31) ou concentrer toute son action sur le i< corps astral » identifié au grand sympathique (Gallais, Myst. de la Magie, chap. xii) « au lieu de traiter directement le corps du malade >'. comme les