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« C’est un crime énoiiue, dit le catéchisme du

Concile de Trente, que celui des gens maries qui usent de moyens, soil pour empêcher la concei)tion soit pour procurer l’avorlenicnt. Cela ne peut s’appeler ([ne la conspiration de deux homicides. » {Catéchisme du Cnncile de Tienle, II, viii, lû) El Bossuct, dans son Cati’c/usme de Meaiix, ne craignait pas de préparer pour plus lard la conscience des entants à la pratique de ces devoirs primordiaux dune conduite chrétienne. « O. — DitfS-nous quel mal il faut éviter dans l’usage du mariage. — K. — C’est de refuser injustementle devoir conjugal…c’est d’éviter d’avoir des enfants, ce qui est un mal abominable. » (Catéchisme de Meatix, v° partie, in fine) Cela s’appelait, il est vrai, le grand catéchisme ; mais c’était celui qui était enseigné tout simplement pour la i)remiére communion, par opposition au (I petit catéchisme », fait pour les tout jeunes enfants.

« Ce langage, demande à ce propos M. Jordan, 

serait-il encore possible aujourd’hui ? Je doute qu’aucun catéchisme le tienne. Est-ce un progrès de ne plus pouvoir l’entendre ? Et pourquoi ne le supportons-nous pas non plus ? Est-ce par l’effet d’une pudeur plus susceptible’.' Ou bien parce que nous avons perdu riial)itude’.' Mais pourquoi ne nous le tenait-on plus, même dans tel livre où le sujet ramènerait naturellement ; même dans les examens de conscience et les manuels de confession ? N’a-t-on pas réservé le sujet pour la confession, sous prétexte qu’il était trop délicat pour être abordé en [jublic’.' El n’a-t-on pas ensuite évite de l’aborder en confession, sous prétexte de a ne pas éteindre la mèche qui fume encore », et pour laisser à des fautes, qu’on n’espérait plus empêcher, du moins le bénélice et l’excuse de l’ignorance’? Craignait-on de vider les églises et de faire brusquement apparaître, derrière la façade catholique effondrée, des réalités décourageantes ? Autant de questions intéressantes et délicates, qu’il serait prématuré et présomptueux de traiter. » (Op. cit., p. 30)

Le danger cependant, et avec le danger la nécessité de laisser voir que l’Eglise a tout ensemble le devoir et la puissance de sauver les sociétés qui meurent, ont commencé à inspirer en sens contraire d’illustres enseignements. Le cardinal MEnciEU, archevêque de l.ouvain, a tracé la voie avec une hardiesse tovit apostolique par son mandement de 1909 sur les /)ei’Oirj delà fie cnri/ugale, auquel s’est associé tout l’Episcopal belge. Et cependant alors la natalité belge était encore de 35 °/, supérieure à la natalité française : elle était, en un mot, ce que la n6tre n’était plus depuis Napoléon Ul ou les toutes |iremicres années de la République, alors qu’en Erance pas un catholique, en ce temps-là, n’aurait encore ouvert les yeux et élevé la voix pour regarder le péril et pour le dénoncer. Citons cependant <|ue plus près de nous, en igiS, les archevêques et évêques de Bordeaux, de Viviers, de Cahors et de Verdun ont abordé le sujet avec plus ou moins de développements et de clarté ; mais il faut bien comprendre que les allusions voilées ou discrètes passent tout à fait incomprises ou inaperçues.

J. Rambaud,

CorresponHont del’lnBtitut,

Professeur d’économie politique

à la Faculté catholique

de droit de Lyon.

1. Faut-il croire autant ix In bonne foi ? Nous en douions, pour une loule de ménages apparemment très chrétiens.

L’auteur très regretté de l’article qui précède n’a pas connu la conlirmation apportée à ses parole » par un acte colleclif de l’épiscopat français, conlirmation qui honore sa clairvoyance et eût grandement réjoui sa foi de chrétien Nous croyons remplir une do ses dernières volontés en reproduisant ici la déclaration singulièrement grave des arclievéques el éê((iies de France, dans leur lettre publiée au C(unmencement de juin lyig.

« La lin principale du mariage est la procréation

des enfants, par laquelle Dieu fait aux époux l’honneur de les associer à sa puissance créatrice et à sa paternité. C’est pécher gravement contre la nature et contre la volonté de Dieu que de frustrer par un calcul égoïste ou sensuel le mariage de sa (in. Elles sont aussi funestes que criminelles, les théories et les pratiques qui enseignent ou encouragent la restriction de la natalité. I a guerre nous a fait loucher du doigt le péril mortel auquel elles exposaient le pays. Que la leçon ne soit pas perdue II faut combler les vides faits par la mort, si l’on veut que la France reste aux Français, et qu’elle soit assez forte pour se défendre et prospérer. >

y. D. L. R.]


NATURISME. — « Partout et à quelque époque qu’on l’observe, l’homme est un animal religieux ; la religiosité, comme disent les positivistes, est le plus essentiel de ses attributs, et personne ne croit plus, avec Gabriel de Morlillet et Hovelacque, que l’homme quaternaire ail ignoré la religion. » (Salo-MON Reinach, Cultes, Mllies et Religions, Paris, I, igo5 ; Introduction) — Mais d’où vient ce phénomène ?

« A moins d’admettre l’hypothèse gratuite et

puérile d’une révélation primitive, il faut chercher l’origine des religions dans la psychologie de l’homme, non pas de l’homme civilisé, mais de celui qui s’en éloigne le plus. » (Ibid.)

Et maintenant, les premiers représentants de l’Espèce humaineayant disparu sans laisser de traces appréciables de leurs croyances, ne pourrait-on considérer les populations de culture inférieure, encore nombreuses sur la terre, comme les plus voisines, par tout l’ensemble de leur vie, des populations primitives ? Dans cette hypothèse, assez conforme aux données de la préhistoire, nos sauvages actuels ne seraient pas, en général, en état de décadence, mais de stagnation, arrêtés dans le lointain état social de leurs ancêtres et des nôtres. C’est donc chez eux,

« en remontant jusque dans les régions les plus éloignées

el les plus primitives de l’activité intellectuelle do l’humanité))(Tylob), qu’on aura le plus de chances de retrouver les premiers éléments d’où les religions actuelles sont sorties.

Or, l’étude de ces peuples montre, selon plusieurs, que le point initial de l’évolution religieuse dut être le Naturisme, c’est-à-dire a la personnilication de la Nature devant tout objet qui peut suffire à déterminer la révérence de l’homme simple ». Et la première religion, d’après A. Rkville, aurait été « celle qui eut pour objet direct des phénomènes, des corps ou des forces de la Nature tenus pour animés et conscients i>. (ia religion des peuples non civilisés, I, p. 67, Paris, 1883) Sous d’autres systèmes et d’autres noms, le préanimisme, l’animisme, le mànisme, le fétichisme, la magie, le totémisme, ïylor, H. Sprnceb, J. S. Fhazer, W. Wundt, Hubert et M auss, Dorkheim, A. vanGennep, Goblktd’Alviella, SalomonRrinach, etc. découvrent aussi l’origine des religions dans le contact révérentiel des premiers hommes avec la Nature extérieure : c’est de là que, par un processus qu’on s’évertue laborieusement à reconstituer, seraient sorties les idées d’âmes, d’esprits, de dieux.