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NANTES (RÉVOCATION DE L’ÉDIT DE)

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îngrers de la yiici-re, et les ayanl remplacés par des rdoniiances qui dct’endenl à ces sectaires l’usage e leurs temples et la liberté de leurs assemblées, ieu a manilesté sur eux sa puissance. »

Mnlin, le’jf) avril 1686, à la clôture des fêtes pasca : s, Sdleunitcs religieuses et profanes avec feux de lie, dans tous les établissements français de Koine, our la liévocation de l’Edit de Nantes. Le 30 mai, ponsede Louis XIV, qui approuve le zèle du cardial et du duc d’Estrées, mais ajoute qu’Innocent XI "accorde toujoirs pas aux nouveaux évéques les Mlles d’institution canonique.

.Vu total, il y eut quelque froideur dans l’altitude u Pape Innocent XI. en raison île la querelle tonmrs pendante du gallicanisme et des Ouatre Arcles. Mais le Pontife approuva cependant et loua irnielleiuent l’Edit de Révocation. Ce serait déligur la vérité historicjue que d’affirmer le contraire, )mnio l’ont fait, pour dégager la responsabilité du ège de lîome, certains apologistes maladroits.

VIII. Conséquences de l’Edit de Révocation. — > Gain pour le catholicisme. — Le premier rcsultde fait, qu’il importe de retenir et qu’on oublie

: esque toujours de signaler, est ([ue la propagande

iligieuse conduite avec méthode par l’Eglise de rance et le gouvernement de Louis XIV chez les uguenots, concurremment avec la politique royale

; rigueurs législatives contre le protestantisme, 

joutit au retour elVectif et durable d’un nombre iiportant de calvini-tcs français à la religion cathoqne. A e6lé des émigrés, à côté des réfractaires es derniers convertisuniquerænt par contrainte et 1 apparence), il y eut des convertis authentiques irmi les protestants de cette génération. Il y en eut îaucoup plus encore dans la génération suivante, li fut élevée par des éducateurs catholiques. Aujourd’hui encore, il y a des families très cathorjuesqui saventtjueleurs ancêtres furent protestants revinrent au catholicisme à l’époque de la Kévoition de l’Edit de Nantes. U y a telle province ançaise, par exemple le Béarn, où le protestansme était dominant au xvi" et avi xvii’siècle qui, de nos jours, ne compte presque plus de otestants. Le souvenir même du protestantisme y irait éteint dans la popvilation ; et les croyances 1 c itholieisme y conservent une indiscutable fa ! ur : le Béarn contemporain est beaucoup moins ivagé par l’indillerence religieuse que d’autres pvonces de la même région qui comptèrent une prn>rtion beaucoup moindre de protestants sous le gime de l’Edit de Nantes. Par ailleurs, dans un lys occupant la situation géographique du Béarn,

: n’est certainement pas par l’émigration en terre

rangère (en Espagne sans doute ?) que l’on peut

; pliquer la disparition de la ([uasi totalité des liulenots

durant les années qui précédèrent et suivi : rit l’Edit de Kévocalion. Force est donc de reconvitre qu’il y eut un nombre assez considérable de rotestants fr.ini, ’ais, en Béarn et ailleurs, qui, soit la première, soit à la seconde génération, furent aulentiquement réconciliés avec l’Eglise catholique, -àce à la politique religieuse de Louis XIV et aux uvres d’apostolat et de conversion, que, lors de Révocation de l’Edit de Nantes, le Clergé (leFrance ierça parmi les protestants.

Quand on fait le bilan des conséquences de l’Edit

: Révocation (et de l’ensemble dos mesures au mi !  ! u desquelles il prend place), la vérité historique

îlige iidire qu’il y eut un gain notable et certain >ur le catholicisme.

Mais il y eut, à tous égards, un dommage plus noble encore.

2’Le « Refuge » à L’élran^cr. — On avait cru sur paroleà Versailles les rapports, généralement optimistes à l’excès, des intendants royaux. Ou s’était ilonc exagéré l’ampleur et la rapidité du mouvement de conversions parmi les protestants. On s’était alors figuré qu’un acte éclatant, comme serait l’Edit de Révocation, porterait le coup de gr, ^ce au protestantisme et donnerait le signal décisif de la conversion en masse. Illusion désastreuse, à laquelle l’expérience apporta un démenti péremptoire.

En grande majorité, les liu-nenols français demeurèrent attachés au calvinisme, malgré les rigueurs légales et malgré l’apostolat des missionnaires catholiques, Les plus résolus d’entre les réfractaires, cojitinuant un mouvement d’émigration commencé depuis plusieurs années déjà, et contrevenant aux prohibitions de l’Edit de 1685, passèrent par groupes en Suisse, en.’VUemagne, en Angleterre ou en Hollande : les pays du « Refuge ». Les autres restèrent sur place et gardèrent leur tenace lidélité au protestantisme, tout en étant, presque partout, nominalement et légalement tenus pour convertis au catholicisme : on les appelait les nouveaux réunis : ce qui signiliail eu réalité les no « réiinis.

Quelle fut l’imporlancede i’émigration protestante dans les pays étrangers pendant les années qui précédèrent et suivirent l’Edit de Révocation ? Les éléments d’une statistique précise font défaut. On ne peut procéder que par évaluations conjecturales, qui, de fait, varient de 60.000 à 600.000. Vauban, dans un Mémoire fameux, parle de 100.000 protestants émigrés, parmi lesquels 9.000 matelots, 13.000 soldats et plus de 600 officiers. Cette approximation paraît la plus sérieuse de toutes.

Il n’est pas douteux que semblable mouvement d’émigration, accompli malgré l’Edit de Htvocation, mais résultant de cet Edit, représenta pour la France une perte importante d’hommes, de capitaux et de ressources économiques, qui profita notamment au Brandebourg, à la Hollande, à r.A.ngleterre. La Révocation de l’Edit de Nantes compte ainsi parmi les causes (mais comme cause très partielle, à vrai dire) de la crise économique (explicable avant tout pur une longue série de guerres ruineuses et acharnées) qui éprouva la France durant les vingt-cinq dernières années du règne de Louis XIV. En outre, la Révocation donna quelque allure de guerre religieuse à la grande guerre de la Ligue d’.Vugsbourg : Louis XIV faisant (igure de champion (très peu romain ) du catholicisme, et Guillaume d’Orange étant, sans aucun doute possible, malgré le nombre et la puissance de ses alliés catholiques, le champion du protestantisme en Europe. Nonobstant les circonstances atténuantes que les proscriptions subies par eux en France et la conception moins rigide que l’on avait.alors du patriotisme peuvent donner à leur conduite, il est difficile de ne pas llétrir comme une trahison l’altitude des protestants français du « Refuge » qui, dans la guerre de la Ligue d’Augsbourg, combattirent avec acharnement contre les armées de Louis XIV et de la France.

Quant aux protestants réfractaires à la conversion et demeurés en France, les nouveaux réunis, leur condition fut cruelle et devint, pour le gouvernement royal, l’occasion de terribles embarras,

3'> Les vraies « dragonnades ». — Ceux ((ui refusèrent formellement et persévéramment d’abjurer, comme l’Edit de Révocation leur en reconnaissait le droit, finirent par être conduits à la frontière manu militari en 1688 et bannis du royaume à perpétuité. .Mais la plupart des récalcitrants notoires avaient abjuré par contrainte, ou avaient été considérés