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NANTES (RÉVOCATION DE L’ÉDIT DE)

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aussi que le calvinisme gardait pour lui une minolilc redoutable et impossible à réduire. Minorité que l’on estime à i.250.ooo protestants sur t/, millions de Français : soit un douzième de la population totale du royaume, mais avec une répartition fort inégale selon les provinces. L’unique moyen de sauver la paix publique était dès lors, ((u’on le voulût ou non, de reconnaître au protestantisme une liberté sérieusement garantie, tout en laissant au catholicisme le rang de religion dominante et nationale.

Cette transaction trouvera sa formule législative dans l’Edit de Nantes.

II. La législation de l’Edit de Nantes (avril iSqS). — Quatre documents législatifs : les (.jh articles généraux (13 avril iSgS), brevets relatifs aux jjlaces d » sûreté et à l’indemnité des pasteurs (30 avril), les 56 articles particuliers (2 mai).

Préambule : Henri IV veut que Dieu soit prié et honoré par tous les sujets du royaume. « Et s’il ne lui a plu (à Dieu] permettre que ce soit pour encore en une même forme et religion, que ce soit au moins d’une même intention et avec une telle règle qu’il n’y ait point pour cela de trouble et de tumulte entre eux… » Aussi > demeureront en possession des cent quarante-deux places fortes qu’ils occupent en 15g8, sauf Vcndùme, Pontorson, Aubenas et Chavigny.

On distingue, parmi les villes susdites, les places particulières, enlrelrnues aux frais des seigneurs à qui elles appartiennent. Telles : Rohan, Valognes, Domfront, Grenoble, Montélimar, Alais, Mauléon. D’autres places sont des i’iltes libres rinules. Par exemple : la Rochelle, Montauban, Nimes, Sainte-Foy, Uzés. D’autres encore, les pinces de mariaf^e, sont gardées par un détachementdela garnison d’une autre ville plus importante avec laquelle on les a mariées. Dans cette catégorie (igurent Vitré, Sancerre, Cardaillac. Enlin il y a les placer de sûreté proprement dites, appartenant au parti calviniste lui-même, considéré comme organisation politique. Telles : Saumur, Loudun, Chàtellerault, Figeac, Mont-de-Marsan, Tournon, Bergerac, Castres, Montpellier.

Les gouverneurs seront toujours des protestants, nommés par le roi, d’accord avec le " colloque 1. huguenot de la cité. Pour entretenir les garnisons protestantes des places de sûreté, la couronne versera une subvention annuelle de 180.000 écus, — plus une allocation spéciale pour le Dauphiné.

m. L’accueil rencontré par l’Edit de Nantes (15(j8-1600). — i En France. — Nous serions aujourd’hui portés à croire que les clauses religieuses de l’Edit de Nantes furent accueillies avec une résignation générale et que les clauses politiques et financières furent l’objet de protestations exaspérées. De fait, c’est le contraire qui arriva.

Les clauses politiques et linancières figurent dans deux brevets royaux, mais non pas dans les articles généraux et particuliers constituant l’Edit lui-même et soumis aux formalités parlementaires de la vérification et de l’enregistrement. Toutefois, sans connaître les textes secrets, chacun constate que les calvinistes restent en possession (et aux frais duroi) de leurs multiples villes d’otage et places de sûreté. Mais on ne se scandalise qu’à demi de ces privilèges exorbitants dont profite un parti factieux. Lesvilles et places de sûreté se trouvaient déjà au pouvoir des protestants depuis nombre d’années. La reconnaissance légale d’un tel état de choses ne détermine aucune innovation matérielle. Les textes contemporains ne font mention de nul émoi à ce sujet.

Aucontraire, dansplusieursprovinces catholiques, où les précédents édilsde tolérance(Poitiersen’S^^, Nérac en iS^g, Fleix en 1580. Mantes en iSgi, Saint-Germain en iSgi) sont restés lettre morte, l’exercice public du culte protestant est regardé comme une nouveauté inouïe et révoltante. Malgré le vo-u d’une majorité considérable de la population, l’hérésie recevra droit de cité, paraîtra au grand jour. Ce ne sera plus seulement dans des tiefs privés, mais en territoire public, dans deux localités par bailbage ou sénéchaussée, que pourront s’assembler consistoires, colloques et synodes, que s’élèveront des temples et des écoles calvinistes. Les commissaires royaux chargés d’appliquer l’Edit rencontreront toutes sortes d’hostilités et d’obstacles dans les régions les plus catholiques. En maint endroit, se réveillera quelque chose des vieilles passions ligueuses.

LadilDculté sera pire encore pour assurer, en vertu de l’Edit de Nantes, le libre et public exercice

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