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MYSTERES PAÏENS (LES) ET SAINT PAUL

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To ôîfov r.vivfj. «. Dieu est l’homme Trvsv/^y.TcâoT » ;  ; (WesSELY, Op. cit., I, p. 7y) et l’homme l’invoque (DikteRicn, Abraxas, 196, 19). L’homme qui est gralilié de cette faveur est le temple ou la maison de Dieu ou de l’Esprit et il doit être pur corporellement ou spirituellement, ainsi qu’il appert d’un passage d’ApULKi ! (jipo/., XLiii) : Ut in eo… divina potestaa quasi bonis atdibus digne diversetur ; et de la « Déclamation d’Arcllius Fusciis » sur Galchas (M. A. Seneca, Siiasoriae, iii, 5) : Cuv iste in [/er] ejas ministerium placuit ? Car hoc os deus elegit ? Car Iwc sortitur pulissiinum pectus, quod tanto niimine impleal ?

Rkitzenstkin (Ibid., p. ^3-46), soutient que ces divers sens du terme cts^^c- se retrouvent dans saint Paul, lequel n’a pas une psychologie particulière et ne s’est pas fait une langue secrète qui l’exprime. Chez lui, 7 : » c0f/K désigne tantôt Dieu d’une manière générale, tantôt ce qui est intime dans la divinité, tantôt un don presque substantiel, un lluide que Dieu met dans notre cœur, une puissance, et à côté il est la partie spirituelle de l’homme, sans aucune sigiiitication surnaturelle ou extra-humaine, laquelle s’oppose à » û, " « et à ^z^^ijiS'égalant pleinement ou s'échangeant avec le terme 'i-jy.'i. Reitzenstein se demande comment Paul a pu désigner ce qui est sensible et matériel par 'iu ;  ; izo », si 'luyy, est conversif de TTïsûvc ; , qui désigne ce qui est suprasensible et spirituel. Il croit que l’explication se trouve dans la langue des mystères. Ainsi, dans la liturgie de Milhra, le Saint-Esprit respire et vit dans le myste, non plus sa I^jx^, , puisqu’il a laissé sa personne sur la terre (Hbitzenstein, Ibid., p. 45). Dans cette manière de voir, hellénistique et antérieure à Paul, -vijyx et tiu-x-f, sont en opposition directe ; où est la liu^, ne peut être le tivîù.uk ; où est le Tfjtûy.a, ne peut être la l'^'yj,. C’est de cette vue qu’antérieurement à Pciul sont nées ces idées de - » £v// « 71zo' ; et de 'J.uyjxii {Ibid., p. 45, 46)- Les preuves qu’en donne Reitzenstein nous paraissent faibles, car il ne trouve ces termes cités qu’une fois dans un papyrus (Wkssely, op. cil., 1, p. 89).

Examinons maintenant ces hypothèses. Nous ne nierons pas qu’il existe une certaine analogie entre le sens qu’a donné Paul au terme rvjû, ua et celui qui lui est donné dans la littérature du temps, mystique ou I^rofane. Il ne pouvait en être autrement, mais nous croyons que les ressemblances sont, à un certain degré, suj)erûcielles. Il y a donc lieu d'étudier les divers sens que Paul a donnés au terme H’i-jp-j., et de voir s’il a emprunté ces différentes signilicatious à la langue des mystères ou à l’Ancien Testament.

Faisons tout d’abord quelques observations. Les diverses signilicatious du terme vvsjijlx, que dégage Reitzenstein des papyrus magiques ou mystiques, nous paraissent un peu forcées ; elles ne ressortent pas aussi clairement qu’il le dit des textes cités. De plus, ces textes ne sont pas datés avec certitude. Sont-ils antérieurs ou postérieurs à l'ère chrétienne ? C’est ce qu’il faudrait établir exactement, et ce qui n’a pas été fait pour la plupart d’entre eux. N’ont-ils pas subi des iniluences étrangères à la mystique l>aïenne ? La plui)art sont d’origine égyptienne. Or, on a relevé dans un certain nombre de ces papyrus l’influence de conceptions juives, et cela s’explique par le rôle qu’ont joué les Juifs dans la littérature alexandrine. De plus, les gnostiques, à moitié chrétiens, ont bien pu exercer une influence sur les idées et la terminologie de la littérature mystique. En résumé, il y eut, au i"' siècle, un tel remuement d’idées qu’il est bien dillicile, sinon même impossible, de déterminer exactement l’origine et la liliation de chacune d’elles.

Nous ne pouvons entreprendre d’examiner dans

le détail les diverses signiûcations données par saint Paul au terme tzjiùu.o'. ; on le trouve 146 fois dans ses épilres. Nous devons nous borner aux sens principaux.

I. Uj-xj/jv. signifie le souflle de la bouche : « Alors se manifestera l’impie que le Seigneur détruira du souflle, -ôj r.jfJiiy.Ti, de sa bouche », Il Tliess., 11, 8.

a. Ujsiyy., employé au sens psychologique, désigne la vie intérieure de l’homme. « Car qui est-ce qui connaît les choses de l’homme, si ce n’est resi>rit de l’homme, qui est en lui », to 71 » êûu.K roù mOp’jnro’j x6 h aùzCi, 1 Cor, , II, II.

3. nv€JiJ.(/. est distinct de <P<jyr ;  ; « Que votre être entier, l’esprit et l'àme et le corps, to Trvsû/tK y.ai ri ^j'/y, y.xi To 7- : iy-a, soit Conservé irrépréhensible », I Thess., v, 23. Le m-i/ay. est ici la partie la plus élevée de l’homme, celle par laquelle il est mis en relation avec Dieu, même naturellement ; la 'i'^yr, est l'élément de la vie que l’homme a en commun avec tous les animaux.

4. Ihijyv. est surtout employé dans les rapports surnaturels de l’homme avec Dieu, dans sa vie religieuse : Dieu, que je sers cv zû n-jîù/uKri fio’j, llom., I, 9. Il est le j)rincipe divin de sa vie : « Mais vous, vous n'êtes point dans la chair, mais dans rEsi)rit, s’il est vrai que l’Esprit de Dieu habite en vous, zir.ip T.'jtiti.y. 0 ;  ; û cha h ùyl-j », Koin., viii, 9. Il est un principe actif dee dans l’homme : « Si nous vivons par l’Esprit », £i' iCiftij T.viùyy.Ti, marchons aussi selon l’Esprit, Gal., v, 20 ; il est le principe divin de vie nouvellement communiqué à l’homme : « Si vous vivez selon la chair, vous mourrez ; mais si par l’Esprit, TTvjuitKTi, vous faites mourir les actions du corps, vous vivrez », llom., viii, 13. « Car, pour nous, c’est par l’Esprit de la foi, 7T » sii//>.Ti ix -ittôw ; , que nous attendons l’espérance de la justice », Gal., v, 5. Cet esprit reçoit des qualilicatifs divers : m-iiy.y. jt’jOiiiy.i, liom., VIII, l5 ; 7Tï=û//. « 7r(5 » T>)T^ ; , Gal., vi, I ; 7TvcO//. « 6jvà//.£W5 y.yl y.yv.nr, i y.y.t CTWÇ./50vtcr//50, Il Tint., I, '^.

5. L’esprit est en nous puissance et vie, principe de la vie et de la justice : « Car ceux qui vivent selon la chair pensent aux choses de la chair ; mais ceux qui sont selon l’esprit, aux choses de l’esprit. Car la pensée de la chair est mort, mais la pensée de l’esprit est vie et paix… Si le Christ est en vous, le corps est mort par le péché, mais l’esprit est vie par la justice », Rom., viii, 5-io.

G. L’esprit est une lumière et une force : « L’esprit scrute tout, même les profondeurs de Dieu… Nul ne connaît ce qui est de Dieu, sinon l’Esjjrit de Dieu. Mais nous, ce n’est pas l’esprit du monde que nous avons reçu, c’est l’Esprit envoyé de Dieu, afin que nous sachions les dons que Dieu nous a faits »,

I Cor..^ II, lo-ia. u Afin que vous abondiez en espérance par la puissance de l’Esprit », Rom., xv, 13 ; cf. £pl'., III, 16 ; I Tim., 1, 5.

7. L’esprit de l’honnne, uni à l’Esprit de Dieu, reçoit la révélation intime du mystère de la vocation du chrétien, Eph., i, 7. L’esprit est dans le chrétien le principe de la vie future ; c’est lui qui ressuscitera le corps et le viviliera : « Si donc l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité des morts le Christ Jésus vivifiera aussi vos corps mortels par son Esprit qui est en vous », Boni., viii, 11.

8. L’Esprit est un principe divin, personnel, distinct du Père et du Fils. L’Esprit habite en nous, Rom., VIII, 10 ; il produit et distribue les dons dans l’Eglise, I Cor., xii, 11. Saint Paul parle de l’Esprit de Dieu, Rom., viii, 9, 14 ; de l’Esprit du Seigneur,

II Cor., III, 17, 18 ; de l’Esprit du Fils, Gal., iv, 6 ; de l’Esprit de Jésus-Christ, Pliilip., i, 19.

En résumé, l’Esiirit peut être considéré dans les