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MONUMENTS ANTIQUES (DESTRUCTION DES)

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parmi une foule d’autres : i) Sur l'école sociologique de Durkheiiu, Simon Deploifïe, Le Conflit de la Murale et de la Sociologie, Bruxelles, Uewit, ou Paris, Alcan, 1911 ; — 2) sur la Mélaj/h)sique et la Science de Vacherot, le P. V. iMaumus, Les Philosophes conlcmporains, Lecoftre, 1891, première élude ; — 3) sur le monisme matérialiste du siècle dernier, Caro, Le Matérialisme et la Science, 1868, Hachette, 5= éd., 1890 ; —.', ) sur les théories de Hæckel, a) Vigouroux, Les Livres saints et la Critique rationaliste, 3= édit., Paris, Roger, 18go, t. iii, p. 363-436 ; — li)¥v. Dierckx, S. J., Origine de l’homme d’après Ernest /læckel, Hevæ des questions scientifiques, avril 1900 ; — 5) sur le système de F. Le Dantec, a) Chollet, Quelques considérations sur une conception moniste de l’univers, Hevuedes Sciences ecclésiastiques, t. LXXX, p. 28 ; — b) Docteur Grasset, Les limites de la biologie, Paris, Alcan, 2" édit., 1903 ; — c) Joseph Ferchat, les articles déjà signalés sur Conscience et Monisme, Etudes, t. GXVIll, p. 305 et 535 ; — 6) sur dilTérentes formes du monisme biologique, a) Revue de philosophie, 1904 et 1900, les articles de M, P. Vignon sur le Matérialisme scientifique et sur la Philosophie biologique : — / ;) J.-B. Saulze, Le Monisme matérialiste en France, Paris, Beauchesne, 1912 ; — c) Nolen, Le Monisme en Allemagne, lievue philosophique, janv. et févr. 1882 ; — d) Grégoire, Le mouvement antimécaniste en biologie, Hev. des quest. scientif., octobre, 1900 ; — 7) pour la réfutation générale, a) Mgr d’Hulst, Conférences de 18gi, notes 23 et 24 ; Conf. de 1892, note5 ; — //)Guil)erl, Les Origines, Faris, Letouzey, 3' édit., 1902 ; — c) Ilalleux, Discussion du monisme, Lievue néoscolastique, i^o'^, p. 'ioti-'i^S ; — <f)Duilhé de Saint-Projet, Apologie scientifique de la foi chrétienne, édition Senderens, Paris, Poussielgue, 1908.

Paul Mallebrancq.


MONUMENTS ANTIQUES (Destruction des). — On a longtemps voulu rendre l’Eglise responsable de la destruction des monuments antiques. Le reproche lui en est fait dès le xv » siècle par Ghîberti, au siècle suivant par Vasari, au xviu' par Gibbon ; il passe de là dans la langue courante, et nous l’entendons répéter au xix" par les orateurs et les historiens. Cependant l'étude des faits a montré sa fausseté. Dès le siècle dernier, Carlo Fea, dans les notes jointes à sa traduction de l’Histoire de l’Art de Winckelmann, revendiquait pour les chrétiens de Rome l’honneur d’avoir conservé intactes, pendant plusieurs siècles, les œuvres d’art qui décoraient leur ville. De nos jours, de Rossi a donné à cette assertion le poids de son expérience et de son autorité en de nombreuses pages de son lUilletin d’archéologie chrétienne ou de sa Lioma sotterranea. En 1887, dans le Journal des Savants, M. Eugène MÛNTz rendait sur ce point justice aux chrétiens, en la tempérant à peine de quelques réserves. L’opinion qu’une étude plus approfondie de l’archéologie et de l’histoire démontre aujourd’hui aux esprits non prévenus, a été ainsi résumée, en 187g, par le directeur de l’Ecole française de Rome, Gf.ffroy :

« Les empereurs, après avoir abjuré le paganisme, 

se sont abstenus, surtout dans Rome, de mesures violentes contre les monuments et les statues de l’antiquité. Le christianisme comprit très vite que les monuments de Rome païenne faisaient partie d’une gloire qu’il ne lui convenait pas de renier, puisqu’elle avait servi, selon les secrets desseins de la Providence, à grouper les nations et les préparer à recevoir l'Évangile. »

Tome III.

A défaut même d’une idée plus haute, l’intérêt aurait sulli à persuader aux empereurs d’agir de la sorle, à une époque où le paganisme comptait encore de nombreux adhérents. Constantin, en donnant au christianisme la prépondérance politique, n’essaya pas d’une réaction violente. Il proclama, au contraire, la liberté de conscience, se bornant à mettre, ofliciellement, la religion chrétienne sur le pied d'égalité avec les autres cultes, et à lui prodiguer, personnellement, les marques de sa faveur. Mais il n’abdiqua pas la dignité de grand pontife, qui mettait dans sa main la police des cultes païens : aussi laissa-t-il leurs temples ouverts. Cela résulte d’une loi de 319 (Code Théodosien, IX, xvi, 2), d’un édit rapporté par EvsKBE(Vita Constantini, l, XLiiLx), d’un discours prononcé par l’empereur dans les dernières années de sa vie (Oratio ad sanctorum coetum, xi). Certaines paroles d’Eusèbe ou d’historiens postérieurs, Tiiéodoret, Socratb, Sozo.mk.ve, Ouosr, d’où l’on a déduit l’opinion contraire, ne peuvent s’entendre que de cas exceptionnels : ainsi, les temples d’E^culapc à Egée, de Vénus à Héliopolis et à Aphaque, furent renversés parce qu’ils abritaient des scènes de débauche ou de malsaines jongleries.

Les fils de Constantin s'éloignèrent à certains égards de sa politique, puisque, par des lois souvent inexécutées, ils prescrivirent la fermeture des temples : mais toujours ils les laissèrent debout. « Quoique toute superstition doive entièrement disparaître, dit un rescrit adressé au préfet de Rome en 346, cependantnous voulonsquelestemplessitués aux environs delà ville soient cou serves intacts et sans souillure. » (Code Théodosien, XVI, x, 3) En 356, CoNstanck visita Rome pour la première fois ; non seulement il ne prit pas de mesures contre les monuments du paganisme, mais il parut sensible à leur beauté. <( Il considéra les sanctuaires d’un œil tranquille, lut les noms des dieux inscrits sur leurs frontons, s’informa de l’origine de ces édifices, et témoigna de son admiration pour ceux qui les avaient construits. » (SYMMA(iUE, lip., X, Lxi) Un écrivain païen ajoute :

« Le temple de Jupiter Tarpéien lui parut l’emporter

sur le reste autant que les choses divines l’emportent sur les choses humaines. » (Ammien Marcellin, XVI, x) Aussi, dans son éphémère tentative de restauration du paganisme, Julien n’eut-il pas à reconstruire les temples : il lui sulBt de les rouvrir. Après la chute de Julien, les monuments continuèrent d'être respectés. Une inscription montre Valentinifn restaurant le Capitole deThamugas, enNumidie(C.I.L., t. VIII, 2388). La liberté du culte païen paraît même avoir été complète sous ce prince (saint Augustin, De Civitate Dei, H, iv, 26). Gratien, le premier empereur qui ait refusé les insignes du souverain pontificat, le fervent chrétien qui fit ôter de la curie la statue de la Victoire, ne toucha pas aux temples ; mais, en 382, il en confisqua les immeubles. Parmi ces biens confisqués, paraît avoir été le domaine de la confrérie des Arvales, près de Rome, qui fut donné à l’Eglise, déjà propriétaire, en ce lieu, d’une catacombe : les édifices qui couvraient le domaine arvalique furent conservés, et des dessins exécutés douze cents ans après Gratien les montrent encore intacts (de Rossi, lioma sotterranea, t. III, p. 689-697 ; C. db LA Beiic.e, art. Arvales, dans le Dictionnaire des Antiquités, l.l, p. 450). En SgS, le païen Symmaque, préfet de Rome, fut chargé par un rescrit impérial de faire le procès des fanatiques ou des malfaiteurs qui dégraderaient les murailles des temples (de Rossi, /. c, p. 694).

Sous Tiiéodose même, qui abolit définitivement le paganisme, les temples restèrent debout. En Egypte

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