Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 3.djvu/467

Cette page n’a pas encore été corrigée
921
922
MONISME


tombées de la table de la scolastique… en ral>àclianl ranlicjue distinction entre la contrariété pure, la contrariété par négation et la simple corrélalivilé » {Aii< ; iisle Comte et Jleiheit Spencer, Alcan, 18y5, p. uji-iyS) ; — aucune induction n’arrivera jamais à ramener les contraires à de simples contradictoires, aucune raillerie ne décidera la raison Luniaine à avouer que, en concevant Dieu, l’esprit, l’inlini, l’absolu, elle n’a qu’une idée purement négative. L’auteur ajoute bien encore en terminant que la thèse défendue dans Vliiconiiaissolile « n’est pas aussi isolée qu’elle doit nécessairement le paraître dans un ouvrage de ce genre », qu’ « elle a une Uaisoniiitime avec d’aulres théories qui la soutiennent et qui sont, à leur tour, soutenues par elle » (p. 190) ; moins qu’à personne, après sa dédaigneuse fin de non-recevoir à l’adresse des tenants de l’Inconnaissable, il lui est loisible d’ignorer que pareille métUode aboutit à il une de ces fabuleuses pétitions de principe dont la philosophie hypothétique est coutumiére et qui, excusables aux époques de grossière ignorance, ne sauraient plus être tolérées aujourd’hui » (p. 74) Il ne semble pas, en somme que, malgré ses longues années d’un « travail ininterrompu, mais toujours se hâtant vers les théories suprêmes, les quintessences, les abstractions nucléales, comme vers la seule chose pressante » (Le-fiicH elleMal, Préf., p.vi), Eugène de Koberly ait, plus que d’aulres, évité l’erreur qu’il déclare « la manie du siècle et, peut-être, la folie de toutes les époques : se croire inliniment supérieur, par l’horizon élargi de l’intelligence, aux périodes écoulées, s’attribuer le mérite d’une réforme radicale dans la manière de comprendreet d’expliquer le monde. Que d’Amériques n’a t-on pas découvertes de cette façon, coup sur coup, les unes après les autres ! » (ii., p. 40) « 

/() Signalons, pour terminer, une autre tentative plus récente et plus modeste, mais non moins illusoire, d’expliquer, par les seules lois subjectives de la connaissance, au moins le dualisme de la nature humaine. C’est le titre d’un des derniers articles d Em. DcRKHEiM (Scientia, vol. XV, p. 206). Après avoir mis en relief, non sans vigueur, la dualité constitutionnelle de l’homme et montré l’impuissance du monisme tant empirique qu’idéaliste de l’expliquer par une sinqde ai>parence, il apporte sa solution, puisée dans les principes généraux de son système philosophique : « La dualité de la nature humaine, assure-t-il, n’est… qu’un cas particulier de cette division des choses en sacrées et en profanes qu’on trouve à la base de toutes les religions et elle doit s’expliquer d’après les mêmes principes. u(p. 217) Il suffira de noter que, même abstraction faite des autres dilficultés inhérentes à l’interprétation unitaire, le problème, dans le seul cas envisagé par l’auteur, n est que reculé. Quand même on admettrait l’insoutenable prétention d’expliquer par la sociologie l’évolution de l’âme humaine, qu’y aura-ton gagné, dès lors que, pour suffire au rôle qu’on veut lui faire jouer, l’action sociale, destinée à rendre compte de la notion de. sYicrc, doit nécessairement supposer déjà, sous une forme ou sous une autre, la merveilleuse diflférenciation dont on la prétend le principe ? Toujours l’erreur positiviste : prendre pour une explication des faits leur description minutieuse, vraie ou prétendue telle !

Conclusion. — De cette première partie de notre discussion, il nous est permis de conclure, croyons-nous, que toute conception monistique du monde, contrairement à ce qu’ont coutume d’alfirmer ses partisans, reste, à tout le moins, essentiellement hypothétique de sa nature. Ceux d’entre eux qui prétendent la tirer de l’expérience n’y parviennent

qu’au moyen d’une pétition de principe, variable dans sa forme et plus ou moins dissinmiée, mais qu’il n’est jamais bien malaisé de mettre en lumière. La [ilupart se contentent, après avoir posé 1 unité ontologique del’èue comme un postulat de la raison, de tenter d’en déduire, en s’appuyanl sur lu conscience ou sur l’expérience externe, l’évolution cosmique tout entière.

B. Le monismk est une hypotuèse fausse et con-TRADiGToiRK. — Faut-il s’en tenir à cette [iremière conclusion et concéder au monisme ce titre d’hypothèse, gratuite, il est vrai, indémontrable peut-être, mais qui, indépendamment de la doctrine révélée et aux yeux de la raison laissée à elle-même, resterait une a interprétation du monde « après tout recevable comme celle du créationisme’.' L’explication évolutionniste, même restreinte à une portion de l’histidre du monde, jiar exemple à la transformation d’une nébuleuse primitive en constellations distinctes, ou à la différenciation progressive des espèces végétales et animales à partir de quelques cellules rudimentaires, demeure en somme, elle aussi, malgré ce qu’elle olfre de séduisant à la pensée, une puie hypothèse encore grevée de bien des difficultés et qui attendra sans doute longtemps une démonstration rigoureuse, mais après tout vraisemblable ou possible. La méuie explication ne ijeut-elle, sans [lerdre complètement ce caractère de vraisemblance, être étendue à l’ensemble de la réalité’.' Les objections bien plus graves et, si l’on veut, proprement insolubles qu’elle soulève, en se généralisant ainsi, contraignent-elles la raison à lui préférer la doctrine dualiste qui admet un Dieu différent du monde ? Certains philosophes, même en dehors des tenants du monisme, ne l’ont pas pensé. Spk.nci.r, par exemple, dont l’agnosticisme déclaré ne permet pas de faire un athée proprement dit (voir Aunosticismk, col. 6 et 22), tient pour également inconcevables les trois seules hypothèses admissibles sur l’origine de l’univers, celle du théisme, du panthéisme et du monisme athée (l’remiers principes, traduction Guymiot, Paris, Schleicher, 1902, p. 23 et s.). De son côté, la Grande encyclopédie, avant d exposer, au mot Création, les différentes solutions métaphysiques du même problème, et après avoir constaté avec raison que « quelque étrange que puisse paraitre. au premier abord, l’idée de création, les philosophes spiritualisles même les plus dégagés de toute attache religieuse l’ont cependant adoptée », se contente d’ajouter :

« Cette hypothèse leur paraît plus iilausible

qu’aucune de celles que l’on peut faire sur l’origine du monde. » Pareille formule, qui nous semble exprimer d’une manière insuffisante les convictions, très arrêtées sur ce point, du spiritualisme classique (voir, dans le Dictionnaire philosophique de Fhanck, aux mots Création, Lieu, l’anihéisme, etc.), nerépond en tout cas nullement à la valeur objective des doctrines ainsi comparées. En réalité, le monisme athée est une hypothèse, non pas sans fondement, non pas moins plausible que celle de la création ex niliilu, mais, aux yeux de la seule raison, nous allons le montrer, évidemment fausse et intrinsèquement contradictoire.

1) Le monisme est une hypothèse fausse. — Pour établir ce point, nous pourrions nous contenter de renvoyer aux pages de ce dictionnaire qui traitent de Dieu et de la création. S’il est prouvé que le monde a été tirédu néant, ou seulemenlqu’il existe un Dieu personnel distinct de lui, aucune théorie strictement moniste ne saurait être vraie ; or la création ex ; i/7u70 et l’existence de Dieu peuvent être rigoureusement démontrées, abstraction faite de